Savoir quelles actions sont vertueuses et lesquelles sont vicieuses - en d'autres mots, savoir quelles actions tendent vers le bonheur, et lesquelles tendent vers le malheur - dans le cas de chacun comme de tous, dans chacune comme dans toutes les circonstances auxquelles on peut se trouver confronté individuellement, constitue la réflexion la plus profonde et la plus complexe que le plus formidable cerveau humain ait jamais entreprise ou ne pourra jamais entreprendre. Elle est cependant la réflexion vers laquelle chaque homme - qu'il ait l'intellect le plus humble ou le plus développé - est obligatoirement poussé du fait des désirs et des nécessités de sa propre existence. C'est aussi la réflexion par laquelle tout individu, depuis le berceau jusqu'à la tombe, doit aboutir à ses propres conclusions ; parce que personne d'autre que lui ne sait ou ressent, ou peut savoir ou ressentir, ce qu'il sait ou ressent, ses désirs et ses nécessités, ses espoirs et ses craintes et les impulsions propres à son caractère ou à la pression des circonstances.
Lysander Spooner:Les Vices ne sont pas des crimes - III
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