Les vices sont les actes par lesquels un homme nuit à sa propre personne ou à ses biens.
Les crimes sont les actes par lesquels un homme nuit à la personne ou aux biens d'autrui.
Les vices sont simplement les erreurs que commet un homme dans la recherche de son bonheur personnel. Contrairement aux crimes, ils n'impliquent aucune intention criminelle envers autrui, ni aucune atteinte à sa personne ou à ses biens.
En matière de vice, ce qui constitue le crime - c'est-à-dire l'intention de nuire à la personne ou aux biens d'autrui - fait défaut.
Selon une maxime du droit, il n'y a pas de crime sans intention criminelle, c'est-à-dire sans intention de porter atteinte à la personne ou aux biens d'autrui. Mais personne ne s'adonne jamais à un vice avec une telle intention criminelle. Un homme s'adonne à son vice uniquement pour son propre bonheur, et sans aucune intention malveillante envers autrui.
Tant qu'une distinction entre les vices et les crimes ne sera pas clairement établie et reconnue par les lois, il ne pourra exister sur terre aucun droit, liberté ou propriété individuels ; rien qui ressemble de près ou de loin au droit d'un homme de contrôler sa propre personne et ses biens, ni aux droits correspondants et équivalents d'un autre à disposer librement de sa personne et de ses biens.
Pour un gouvernement, déclarer qu'un vice est un crime et le punir en tant que tel constitue une tentative de falsifier la nature même des choses. C'est tout aussi absurde que s'il déclarait que la vérité devient mensonge, ou le mensonge vérité.