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| ==Chapitre 15. Les unions professionnelles de patrons | | == Chapitre 15. Les unions professionnelles de patrons |
| et de salariés; le contrat collectif de travail.== | | et de salariés; le contrat collectif de travail. == |
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| instituer un bureau international, un secrétariat permanent qui sert | | instituer un bureau international, un secrétariat permanent qui sert |
| de lien entre les organisations nationales, au moins pour la correspondance, | | de lien entre les organisations nationales, au moins pour la correspondance, |
| les informations et la préparation des congrès. C'est ainsi | | les informations et la préparation des congrès. |
| | |
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| | |
| fortes pour exercer une influence générale sur la production et les
| |
| salaires; elles n'ont jamais pu recueillir des ressources sufSsantes
| |
| pour soutenir des grèves, ni même pour distribuer régulièrement des
| |
| secours de route. Faute de subventions importantes à fournir, les
| |
| comités permanents n'ont jamais exercé un contrôle efficace sur les
| |
| déclarations de grève, et les congrès eux-mêmes ne sont pas parvenus
| |
| à s'entendre pour les réglementer. Bref, dans aucune fédération
| |
| itsineotsenrndanétcaiitosinoioannlaesl,e, clol'a'oocrrcgdoaomnnenpelirsesxemélecesuntitefffonrdt'ase eseuetsaososbbetezlingiadrt'iaoudnteosrictéhfaéqdupéeoraulreosrigmaepnsoissseaen-rtielles,
| |
| comme l'acquittement de la cotisation proportionnelle. Tout
| |
| éatuabplilusà pBeeurnt-eondecpiuteirs l1e89S3e,crqéutairidaitstriibnuteernadtieosnaslecoudrse dlaérotyupteogrcaopnhfieo,rmément
| |
| à un règlement international et soutient certaines grèves
| |
| par des levées extraordinaires; encore s'en faut-il que le service fonctionne
| |
| avec la régularité désirable
| |
| Plus difficile encore parait être la fédération internationale de
| |
| toutes les forces ouvrières. Sans doute, depuis la dissolution de
| |
| l'Association internationale des travailleurs, de nombreux congrès
| |
| lcdmMIDeomesoiursiepd.uso.oléfCuOeeénvueNdfnsrruUéiiaos.eert'ccearr.eei,ssrttaid~,oldu,cmc1neh/8MsMétarl9tpa'aiéi9/vnne&lm-llatd1uieeioue9rlrtirg,snC0rstiae4Lr,estsi.t~cieeeoeosMstntu,<eanpdVxlMl~eeeotpaius,scM.lrreui4set,ccm-r1zi&tal4t.aeevéi:nseeal<QlttsioesolMsl,uuMp,e.a,rvuerumsorl~r,éisafpeMnetroresasdstMxs,ietied1speoFru9,asnci0,gsnhtica2edleehbs,ilmaleaepemrcni.~s,n,'aOsA11lneeM89x&tdsa08ieris<v0erttee,foeetiernrs!r~r~,-csi,,eh.ss8recyc4s"zuen,.ulvdpllxoieetcKtessEa.du,ulgnereolpsaseud,nambpvsetbireosahreilirnaoergmtssarrses-,s,,,,
| |
| seurs, carrossiers, travailleurs des transports, employés, etc.
| |
| SS8 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE
| |
| internationaux ouvriers et socialistes se sont réunis dans différentes
| |
| capitales; mais ces assemblées passionnées et souvent tumultueuses,
| |
| dans lesquelles l'élément politique s'est toujours trouvé mêlé à l'élément
| |
| professionnel, paraissent peu propres à créer une organisation
| |
| internationale permanente d'un caractère vraiment syndical. Des
| |
| efforts faits depuis 1901 pour réunir des délégués nationaux en conférences
| |
| internationales périodiques ne semblent pas avoir donné de
| |
| résultats.
| |
| Si les efforts de la classe ouvrière pour former des fédérations
| |
| internationales n'ont pas mieux réussi jusqu'à présent, il ne faut pas
| |
| attribuer cet insuccès aux rivalités nationales, ni aux lois restrictives
| |
| de diSérents États européens. La véritable cause est interne; elle
| |
| réside dans la faiblesse actuelle de la plupart des organisations nationales.
| |
| Il en est des syndicats ouvriers comme des sociétés coopératives
| |
| le mouvement, pour être fort, doit partir d'en bas, et l'édifice
| |
| ne peut se couronner par de vastes fédérations que s'il s'appuie sur
| |
| des groupes locaux solidement constitués. Les fédérations internationales
| |
| restent en l'air, tant qu'elles ne se relient pas à des fédérations
| |
| nationales puissantes, pourvues des organes permanents indispensables,
| |
| disposant de ressources abondantes, capables de faire
| |
| elles-mêmes les principaux sacrifices et d'imposer le respect de leurs
| |
| règlements dans les grèves de leurs propres membres.
| |
| Tandis que les salariés s'organisaient pour obtenir des salaires plus
| |
| élevés et des journées plus courtes, les patrons recouraient eux-mêmes
| |
| à l'association pour la défense de leurs intérêts comme employeurs.
| |
| Toutefois, le mouvement a été moins rapide et moins net de leur
| |
| côté. Il a toujours été plus facile aux entrepreneurs, qui sont en
| |
| petit nombre, de former entre eux des coalitions tacites contre les
| |
| prétentions de leurs ouvriers, sans instituer à cet effet des associations
| |
| permanentes et publiques. En outre, il a toujours existé de
| |
| nombreuses associations patronales d'un caractère plus général; à
| |
| toute époque, les entrepreneurs d'une même profession industrielle
| |
| ou commerciale, ou de professions diverses, se sont groupés pour
| |
| exercer une influence sur la législation, obtenir certains tarifs de
| |
| douane ou de transport, provoquer la création de voies de communication,
| |
| organiser l'exportation, protéger la propriété industrielle,
| |
| pratiquer l'assurance et prévenir les accidents, etc. Ces sociétés
| |
| devaient naturellement, à l'occasion, se transformer en groupes de
| |
| résistance. Des patrons habitués à se rencontrer dans une association
| |
| déjà existante, fût-ce pour un autre objet, arrivent facilement à
| |
| LES UNIONS PROFESSIONNELLES SS9
| |
| csDr''neee,Fnnswt.ei~»ln.idstrees ceinrcuclaesntdc,e ceotnfdlni'ut nmecnoamçamnutn ouacdcéocrld-a1 réonaveecxclleuut rsdeesmpaltoelyiéesrs.
| |
| les promoteurs des coalitions ouvrières. Une maison est-elle mise
| |
| à l'index? Les autres lui prêtent leur concours pour l'aider à exécuter
| |
| ses contrats de livraison; bien plus, elles épousent sa cause, et
| |
| ferment leurs portes toutes ensemble pour déjouer la manoeuvre de
| |
| la grève par échelons.
| |
| Mais à côté de ces associations industrielles et commerciales d'un
| |
| caractère général, les patrons ont fondé aussi des ligues et syndicats
| |
| plus spécialement adaptés à la lutte ou à l'entretien de rapports
| |
| réguliers avec leurs ouvriers. L'organisation patronale est la contrepartie
| |
| nécessaire de l'organisation ouvrière; c'est donc dans les pays
| |
| où les unions ouvrières sont les plus fortes, comme l'Angleterre,
| |
| que se rencontrent aussi les ligues patronales les mieux constituées.
| |
| Aux États-Unis, certaines associations patronales dictent leurs conditions
| |
| aux ouvriers et détiennent le service du placement*. En
| |
| Allemagne, les 6~?'K<'Am(M~er6c!H< allouent des indemnités aux
| |
| maisons atteintes par une grève, et décrètent au besoin le lock-out.
| |
| En France, des syndicats mixtes, comprenant à la fois des patrons
| |
| et ouvriers d'une industrie régionale, ont été créés, sous l'influence
| |
| des idées religieuses, dans le but de prévenir les antagonismes
| |
| et de réaliser l'union des classes par une association commune
| |
| Mais ces syndicats semblent être plutôt des oeuvres de patronage
| |
| et d'assistance mutuelle que des cadres professionnels permettant
| |
| aux ouvriers de débattre leurs intérêts avec les patrons sur un pied
| |
| d'équilibre, et de conclure des accords collectifs sur les questions de
| |
| salaires et de travail. Le mouvement est d'ailleurs limité et en décroissance.
| |
| Quant aux syndicats ouvriers dits indépendants, ou syndicats
| |
| jaunes, qui s'élèvent dans certaines régions industrielles contre les
| |
| unions ouvrières combatives, il est parfois difficile d'en apprécier
| |
| exactement le caractère. Certains d'entre eux paraissent n'être que
| |
| des créations artificielles, des contre-syndicats suscités et subventionnés
| |
| par les patrons pour faire échec aux véritables syndicats
| |
| ouvriers telle est, dit-on, en Angleterre, la 7~-ee /,a6oM)~~Mocts~oM,
| |
| dont la véritable fonction consisterait à rassembler des éléments
| |
| flottants sur le marché du travail pour les diriger vers les maisons
| |
| auxt. NWfiaU~-oUag~hMby,M, Luesséeasssoocciaial,tiMonésmpoaitrreosn, aselepst. pi9o0uSr .les relations avec le travail
| |
| 2. Boissard, L<-syndicat mixte, Rousseau, 1897,in-S°.
| |
| 360 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'EVOLUTION ECONOMIQUE
| |
| victimes d'une grève'. Si l'organisation est factice et sans racines
| |
| dans la classe ouvrière, elle ne peut être de longue durée. Sans doute,
| |
| des associations indépendantes qui se forment en dehors de la fédération
| |
| ouvrière la plus militante et ne veulent pas s'y inféoder
| |
| peuvent avoir néanmoins un caractère réellement ouvrier; en Allemagne,
| |
| en Belgique et ailleurs, les syndicats ouvriers se divisent en
| |
| plusieurs courants et n'obéissent pas tous à un même mot d'ordre.
| |
| Ils représentent tous cependant les vrais intérêts ouvriers, et savent,
| |
| dans les circonstances graves où ces intérêts sont engagés, marcher
| |
| à l'unisson; ils suivent une marche parallèle sur les questions professionnelles
| |
| aucun d'eux ne consentirait à fournir des remplaçants
| |
| pour faire échouer une grève entreprise par une organisation rivale.
| |
| Ainsi, dans la grande grève des mineurs de Westphalie en 190S,
| |
| tous les syndicats ouvriers, aussi bien chrétiens et libéraux que
| |
| socialistes, ont marché d'accord. L'épreuve est décisive, et permet de
| |
| distinguer les véritables syndicats ouvriers indépendants des organes
| |
| qui sont alimentés pour trahir la cause ouvrière.
| |
| Bien que l'appareil des unions et fédérations ouvrières se présente
| |
| sous un aspect déjà imposant, il est encore de création trop récente
| |
| dans la plupart des pays pour ne pas avoir ses faiblesses.
| |
| Certaines catégories importantes de salariés échappent à peu près
| |
| complètement à l'action syndicale. Les simples manoeuvres, les
| |
| déchargeurs et les matelots, malgré la modicité de leurs ressources,
| |
| commencent à entrer dans le mouvement; mais les femmes, les
| |
| ouvriers à domicile et les ouvriers agricoles y sont restés généralement
| |
| étrangers.
| |
| Pour les femmes, il est rare qu'elles forment des syndicats distincts,
| |
| ou même qu'elles entrent dans les syndicats ouvriers; en
| |
| dehors des syndicats de l'industrie textile, où elles figurent d'ailleurs
| |
| en nombre relativement restreint, même en Angleterre, leur participation
| |
| est assez faible.
| |
| Chez les travailleurs à domicile, les unions sont également difficiles
| |
| à constituer, à cause de leur faiblesse et de leur dispersion. On
| |
| cite bien quelques grèves parmi les tailleurs des grandes villes, et
| |
| même chez certains ouvriers disséminés à la campagne tels que les
| |
| rubaniers de la région de Saint-Étienne mais les associations
| |
| fortes et durables, comme celle des ouvriers gantiers de Bruxelles,
| |
| sont infiniment rares dans l'industrie à domicile.
| |
| Pour des raisons analogues, les ouvriers agricoles sont encore
| |
| 1. P. Mantoux et M. Alfassa, La crise du trade-unionisme, p. i94 et s.,
| |
| Rousseau, 1903,m-8".
| |
| LES UNIONS PROFESSIONNELLES 36!
| |
| inorganisés. Les domestiques il L'année, logés et nourris à la ferme,
| |
| vivant rapproches de leur employeur, dans une situation à la fois
| |
| stable et dépendante, n'ont ni le moyen, ni généralement la pensée
| |
| de s'associer pour défendre leurs intérêts collectifs; et les journaliers
| |
| eux-mêmes n'ont guère l'occasion de se réunir par grandes masses
| |
| et de se concerter. En France, les jardiniers, les bûcherons et les
| |
| ouvriers de la viticulture sont les seuls qui aient tenté de se grouper
| |
| encore l'initiative est-elle partie des Bourses du travail urbaines,
| |
| tant pour l'organisation des ouvriers vignerons du Languedoc que
| |
| pour celle des bûcherons du Cher depuis 1899. Des grèves morcelées,
| |
| dues à l'insuffisance des salaires, ont éclaté chez les bûcherons en 1891,
| |
| chez les vignerons en 1903-1904; dans les deux cas, grèves et syndicats
| |
| n'ont été possibles qu'à cause de l'existence indépendante de
| |
| ces ouvriers et de la nature particulière de leur travail, qui les
| |
| réunit par groupes sur les lieux d'opération et d'embauchage'. En
| |
| Angleterre, où la grande culture capitaliste semble offrir des conditions
| |
| favorables à l'association des salariés, les unions d'ouvriers
| |
| agricoles, après un développement éphémère provoqué par l'ardente
| |
| propagande de Joseph Arch, sont tombées dans le néant (1 800 membres
| |
| en 1900). Il faut un régime de la propriété foncière bien oppressif,
| |
| et des souffrances bien vives chez les travailleurs de la terre pour
| |
| qu'une grève éclate parmi eux. Encore la grève ne suppose-t-elle pas
| |
| nécessairement l'existence du syndicat. Des deux grandes agitations
| |
| agraires qui ont soulevé les journaliers agricoles dans ces dernières
| |
| années, celle d'Italie en 1901-1902 et celle de la Galicie orientale
| |
| en 1902, la première seule s'appuyait sur une organisation syndicale
| |
| permanente~.
| |
| Dans la grande industrie elle-même, les ouvriers syndiqués ne
| |
| sont encore qu'une minorité. Cette minorité, il est vrai, peut avoir
| |
| une importance prépondérante si elle forme un groupe cohérent,
| |
| riche et discipliné. Mais, sur le continent, beaucoup de syndicats ne
| |
| sont guère qu'un assemblage d'éléments instables autour d'un noyau
| |
| 1. Ro.Nin, Les bitcherons du C/ e~ de la A'Mt~'e,leurs M/~tM~s, [mp. du
| |
| Mouvement socialiste, 1903,in-S". Augé-Laribé, Les OMMr!e)'e la c:<cMMM'e
| |
| ~a~K~octMne e<leurs syndicale, Muséesocial, Mémoires,nov. 1903et déc. 1904,
| |
| et Annales, fév. 1904,p. 39 et s.
| |
| 2. H-Bcker,Les grèves des OMM':eta'~gricoles en Galicie, Mouvementsocialiste,
| |
| 1M5usseépetS. o1c9ia0l2,.MémGohiiroe,s,Lfeésvd. et9rn0i3è.re–s <Dae~H'<oMcqMu!gangyr,a'Mire~sMdeaesn<s pl'rlelaMlisededupayNsnarnds,,
| |
| p. 5Get ch. vt, Rousseau, 1904,in-12. –Au Congrèsde Bologneen i90t se trouvaient
| |
| représentées 704 ligues comprenant iMOM membres; en I90t, ces ligues
| |
| paraissaient sommeiller, sauf dans quelques provinces. Il s'est formé aussi des
| |
| ligues catholiques de paysans.
| |
| 262 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE
| |
| d'hommes fidèles et dévoués, une union précaire et dénuée de ressources
| |
| plutôt qu'une corporation solidement assise; il y manque
| |
| l'esprit de discipline et de solidarité, la pratique des hautes cotisations
| |
| régulièrement acquittées, les méthodes d'administration qui
| |
| ont porté si haut la puissance des unions anglaises.
| |
| Ces lacunes et ces faiblesses ne peuvent être contestées; mais elles
| |
| sont inévitables dans un mouvement qui est encore à ses débuts
| |
| partout ailleurs qu'en Angleterre; et s'il y a lieu de s'étonner, c'est
| |
| plutôt de la force qu'il a prise si rapidement que des infirmités
| |
| qui l'accompagnent. Au point de vue du nombre, la croissance des
| |
| syndicats ouvriers a pris une allure accélérée depuis une vingtaine
| |
| d'années. Entre 1890 et 1904, le nombre des ouvriers syndiqués a
| |
| passé, en chiffres ronds, de 1 million et demi à 2 millions en Angleterre,
| |
| de 140000 à 800000 en France, de 350 000 à 1SOOOOOen
| |
| Allemagne, de 800000 à 2000 000 aux États-Unis; et si nous possédions
| |
| des chiffres pour l'Australasie et le Danemark, la progression
| |
| nous y apparaîtrait sans doute aussi forte. Dans certaines professions,
| |
| industrie houillère, typographie et quelques autres, les associations
| |
| ouvrières s'étendent à la majorité, ou même, en Angleterre
| |
| et aux États-Unis, à l'ensemble des ouvriers de la profession.
| |
| Au point de vue des méthodes administratives et financières, il
| |
| semble aussi que l'exemple des unions anglaises commence à porter
| |
| ses fruits. Certains syndicats, en Allemagne, en Belgique et en
| |
| France, ont senti la nécessité de fortifier l'autorité du comité central,
| |
| et d'assurer la continuité de la direction en rétribuant convenablement
| |
| leurs agents et en prolongeant leurs pouvoirs. Ils se rendent
| |
| compte, en même temps, que c'est par des cotisations élevées, donnant
| |
| droit à des allocations de chômage et de maladie, qu'un syndicat
| |
| parvient le mieux à retenir ses membres et à grossir leur nombre.
| |
| Les unions américaines sont largement entrées dans cette voie
| |
| depuis 1880; ainsi les unions des typographes, des cigariers, des
| |
| machinistes et chauffeurs, dépensent ensemble 5 millions de francs
| |
| par an pour les secours. Les syndicats socialistes allemands ont
| |
| presque tous haussé leur cotisation depuis une dizaine d'années, et
| |
| ils affectent aujourd'hui plus du tiers de leurs ressources a l'assistance
| |
| mutuelle. Les syndicats autrichiens distribuent, de leur côté,
| |
| des secours de chômage importants. En France, les caisses de
| |
| secours syndicales, encore médiocrement alimentées, il est vrai, sontt
| |
| assez nombreuses dans certaines professions telles que la typographie,
| |
| l'industrie des métaux et celle du vêtement. Les mineurs
| |
| belges n'ont pu reconstituer leurs syndicats en décadence qu'en
| |
| LES UNIONSPROFESSIONNELLES M3
| |
| majorant la cotisation; la tendance en Belgique est de donner aux
| |
| unions ouvrières, comme en Angleterre, la double fonction de résistance
| |
| et de mutualité; là où jadis on ne parvenait plus même à
| |
| recouvrer des cotisations de cinq ou dix centimes par mois, on
| |
| perçoit aujourd'hui sans difficulté des contributions mensuelles de
| |
| 1 franc, 2 francs et même plus. La hausse des salaires, qui parait
| |
| être la conséquence naturelle des progrès de la production dans la
| |
| grande industrie mécanique, permet aux associations ouvrières
| |
| d'exiger de leurs membres des impositions d'une importance croissante
| |
| et par un effet en retour, l'accroissement de leurs ressources
| |
| permet aux syndicats d'accélérer le mouvement de hausse des
| |
| salaires.
| |
| Ainsi donc, dans tous les pays industriels, les syndicats ouvriers
| |
| parcourent les mêmes étapes que l'unionisme anglais. Le monde du
| |
| travail tend partout à s'organiser et à prendre une conscience collective
| |
| le courant est universel, irrésistible, il surmonte tous les obstacles,
| |
| non seulement la faible digue des restrictions légales ou des
| |
| tracasseries judiciaires, mais même l'entrave autrement sérieuse des
| |
| antagonismes politiques, religieux et nationaux. A un phénomène
| |
| aussi général doit correspondre une cause également générale
| |
| d'ordre économique; cette cause ne peut être que la transformation
| |
| industrielle subie par les pays civilisés dans le cours du xix" siècle.
| |
| Serait-ce donc, comme on l'a maintes fois répété, la machine qui
| |
| aurait créé cet état de choses? Il est incontestable que la machine y
| |
| a beaucoup contribué, en précipitant la concentration des masses
| |
| ouvrières autour des moteurs mécaniques. Par ailleurs, le machinisme
| |
| a exercé une influence profonde sur l'esprit des associations
| |
| ouvrières. En révolutionnant les anciennes formes de la production,
| |
| et en ouvrant l'accès des métiers aux faibles et aux ouvriers non
| |
| exercés, le machinisme, partout où il a dominé le travail, a ruiné
| |
| les antiques prétentions des corporations ouvrières au monopole de
| |
| leur métier. Les traces de l'ancien esprit particulariste, les exigences
| |
| relatives à la limitation des apprentis, l'hostilité contre les machines,
| |
| les conflits avec d'autres associations ouvrières au sujet du droit au
| |
| métier, n'apparaissent plus que dans les professions où la machine
| |
| n'a pas encore accompli son oeuvre révolutionnaire.
| |
| Mais, en y regardant de plus près, les meilleurs observateurs ont
| |
| reconnu que la concentration des forces ouvrières était moins une
| |
| conséquence du machinisme en particulier que du régime capitaliste
| |
| dans son ensemble.
| |
| Le capitalisme, en détruisant le régime du petit atelier et en
| |
| 264 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE
| |
| agglomérant les travailleurs dans les manufactures dès avant l'introduction
| |
| du machinisme, a disjoint les éléments réunis dans la
| |
| corporation d'autrefois, et opposé aux chefs d'industrie une armée
| |
| sans cesse grossissante de travailleurs salariés, destinés à rester
| |
| tels, et conscients de leurs intérêts de classe. Est-ce nécessairement
| |
| la guerre de classes qui doit sortir de cette division? C'est une question
| |
| à réserver; mais il résulte au moins de cet état de fait une oppo
| |
| sition d'intérêts qui détermine des groupements séparés.
| |
| En même temps que les entreprises se concentraient, les obstacles à
| |
| la concurrence intérieure et extérieure disparaissaient ou s'abaissaient
| |
| par l'abolition des règles restrictives du système corporatif, par la
| |
| suppression des douanes intérieures et- la réduction des droits prohibitifs,
| |
| et surtout par le progrès des transports. Sous la pression d'une
| |
| concurrence sans frein, et vis-à-vis d'une clientèle toujours en quête
| |
| des prix les plus bas, les chefs d'industrie ont dû peser sur les
| |
| salaires, dans des conditions d'autant plus fâcheuses pour les travailleurs
| |
| que des perfectionnements mécaniques incessants soumettaient
| |
| les ouvriers de métier à la concurrence des travailleurs faibles et sans
| |
| apprentissage.
| |
| Ainsi les deux facteurs nouveaux de la société économique, concentration
| |
| et concurrence, agissaient dans le même sens pour provoquer
| |
| la formation des associations ouvrières, puisqu'ils avaient ce
| |
| double effet de faciliter l'entente des salariés en les réunissant par
| |
| masses, et de rendre cette entente plus nécessaire que jamais pour la
| |
| défense de leur étalon de vie menacé par la concurrence.
| |
| Par le fait de cette évolution économique, l'individualisme atomique
| |
| a fait son temps; l'isolement individuel a dû cesser en même
| |
| temps que la pulvérisation des entreprises; la centralisation industrielle
| |
| appelait nécessairement la coalition ouvrière. Dans un état
| |
| développé de la grande industrie, la position est trop inégale pour
| |
| l'ouvrier isolé vis-à-vis du patron; les parties en présence, dans la
| |
| discussion du salaire et des autres clauses du contrat, sont en réalité
| |
| le capital et le travail non pas le patron et son ouvrier, non pas
| |
| même un patron et l'ensemble de ses ouvriers, mais plutôt l'ensemble
| |
| des patrons d'une même industrie régionale ou nationale et l'ensemble
| |
| des ouvriers de la profession.
| |
| Plus les marchés s'élargissent par le progrès des communications,
| |
| plus s'étendent les rapports de concurrence et les connexités industrielles,
| |
| et plus s'impose aux salariés la nécessité d'agrandir la sphère
| |
| de leurs unions pour suivre le mouvement d'extension des solidarités
| |
| économiques. Aussi voit-on les syndicats locaux s'amalgamer, se
| |
| LES UNIONS PROFESSIONNELLES 2&S
| |
| -r-eT!lier aux s~y1.tn. dicats d_1e- _m_t.éa~tiers connexes ou d.3':i7n.s.dustries dtailCfdf.éx.rentes,
| |
| se former en fédérations régionales et nationales, et même ébaucher
| |
| aujourd'hui des fédérations internationales.
| |
| C'est au prix de luttes douloureuses et d'efforts incessants que la
| |
| classe ouvrière parvient à réaliser les formes de concentration qui
| |
| sont en harmonie avec le développement industriel. Le malaise dont
| |
| souffrent les États modernes tient en grande partie à la survivance
| |
| des rapports individuels de l'ancien régime économique, qui sont
| |
| incompatibles avec l'état nouveau de la grande industrie moderne.
| |
| Car l'évolution capitaliste des entreprises précède toujours celle des
| |
| unions professionnelles; l'adaptation ne se fait qu'à la longue, et les
| |
| métamorphoses se suivent à distance dans les deux séries.
| |
| Lorsque la production capitaliste s'établit dans un pays, elle
| |
| trouve en face d'elle une population ouvrière généralement. ignorante
| |
| et complètement inorganisée. Le travail subit alors toutes
| |
| les capitulations que le capital lui impose, jusqu'à l'extrême limite
| |
| d'un minimum nécessaire à l'entretien de la vie physiologique. De
| |
| loin en loin, dans ces milieux de prolétaires misérables agglomérés sur
| |
| un même point par les nouvelles formes de la production, des grèves
| |
| éclatent, soulèvements spasmodiques, révoltes de la faim marquées
| |
| par des attentats sanglants, réprimées par la violence et suivies d'affaissements
| |
| plus profonds.
| |
| Tel, en Angleterre, avant l'abrogation des lois contre les coalitions
| |
| en 1824-182S, et même jusqu'en 1842, l'état insurrectionnel de la
| |
| classe ouvrière réduite à la misère par un capitalisme sans contrepoids.
| |
| Conspirations, meurtres, bris de machines, terrorisme des
| |
| sociétés secrètes, répression aussi impuissante qu'impitoyable, ce fut
| |
| vraiment pour l'Angleterre une période d'anarchie sociale, résultant
| |
| d'un désaccord prolongé entre l'état centralisé de l'industrie et
| |
| l'état inorganique des classes ouvrières abandonnées par la législation
| |
| les ouvriers étaient restés, suivant les expressions de M. et
| |
| M" Webb, « les serfs batailleurs à demi émancipés de 1823 ))~.
| |
| De cette décomposition primitive devait sortir, en Angleterre, l'ordre
| |
| unioniste contemporain; mais, aujourd'hui encore, nous retrouvons
| |
| les mêmes traits dans les insurrections anarchistes delà Catalogne,
| |
| et, à certains égards, dans les séditions agraires de l'Ukraine et de
| |
| la Sicile.
| |
| Lorsque les associations ouvrières commencent à se former, elles
| |
| i. Sidneyet Beatrice Webb, Histoire du trade-unionisme, trad. Metm, p. t57,
| |
| Giard, )897, in-8".
| |
| 266 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE
| |
| ont une tendance, dans beaucoup de pays, à comprendre tous les
| |
| salariés sans distinction de métier, et à poursuivre des fins idéalistes
| |
| de transformation sociale. Il en fut ainsi, en Angleterre, de l'Association
| |
| nationale de '1830 et de la <??'aK<i! ~Vct~MMs~Tt'ad'M-~MMM,
| |
| fondée en 1834 sous l'influence de Robert Owen; ainsi encore du
| |
| CeM~AM/M/~s&MH~crée à Berlin en 1868 par Schweitzer, et même,
| |
| à une époque plus récente, de l'Ordre des Chevaliers du travail
| |
| aux États-Unis. Les associations ouvrières ne tardent pas d'ailleurs
| |
| à s'établir sur la base plus solide du métier, dans le but de défendre
| |
| leurs intérêts professionnels; mais longtemps encore le mouvement
| |
| syndical reste lié au mouvement politique, sans être considéré comme
| |
| ayant sa fin propre et indépendante.
| |
| Longues et difficiles sont ensuite les étapes à parcourir avant d'arriver
| |
| ii une coordination durable des forces individuelles. A ses
| |
| débuts, dans une population ouvrière amorphe et dénuée de l'esprit
| |
| .de solidarité, le syndicat se confond presque avec la coalition éphémère
| |
| de la grève; c'est une ébauche d'association, groupe instable
| |
| qui se gonne au moment de la lutte pour se réduire aussitôt après à
| |
| un mince noyau d'adhérents fidèles, sans fonds de caisse alimenté
| |
| par des cotisations sufnsantes et régulières. II est toujours possible
| |
| de provoquer, par des paroles ardentes, un mouvement convulsif
| |
| chez des hommes qui souffrent; un concert permanent, impliquant
| |
| des sacrifices à longue portée, ne peut être que le fruit d'une éducation
| |
| prolongée.
| |
| Tant que les associations ouvrières sont aussi faibles, les relations
| |
| entre employeurs et salariés restent nécessairement individuelles.
| |
| Les patrons, dont l'éducation économique est aussi incomplète que
| |
| celle de leurs ouvriers, sont imbus de l'idée que toute intervention
| |
| du syndicat dans la discussion des salaires serait une usurpation sur
| |
| leurs pouvoirs de direction et une atteinte intolérable à leur autorité.
| |
| D'ailleurs, le syndicat n'est encore qu'une minorité de militants ou
| |
| une agglomération passagère, menée par des hommes remuants et
| |
| énergiques, mais souvent exaltés par les souffrances et les rancunes,
| |
| ignorants des conditions industrielles, parfois même étrangers à la
| |
| profession, à cause de l'ostracisme dont les chefs d'établissement
| |
| frappent les ouvriers coupables d'une initiative syndicale. Les
| |
| patrons refusent donc de reconnaître le syndicat et d'entrer en pourparlers
| |
| avec ses délégués ils s'obstinent dans leur prétention de ne
| |
| discuter qu'avec leurs ouvriers pris individuellement; ils luttent
| |
| pour briser le syndicat, excluant les chefs de leurs ateliers, organisant
| |
| contre eux le boycottage des listes noires, obligeant même
| |
| LES UNIONSPROFESSIONNELLES 267
| |
| parfois leurs ouvriers à se démettre de l'association. Comme ils ne
| |
| rencontrent pas de résistance sérieuse dans leur personnel, ils ne
| |
| savent réduire les frais qu'aux dépens de la main-d'oeuvre. Nuleffort
| |
| pour sortir de la routine et renouveler l'outillage; l'exploitation des
| |
| forces de travail à bon marche permet de soutenir la concurrence
| |
| sans s'imposer les frais d'un matériel perfectionné.
| |
| A cette phase du mouvement ouvrier, la résistance à la pression
| |
| patronale affecte volontiers la forme sournoise du «bousillâmes ou
| |
| «sabotage » individuel; et lorsqu'elle se traduit par un soulèvement
| |
| collectif, la grève, sans être nécessairement violente et insurrectionnelle,
| |
| reste encore tumultueuse et chaotique. Au lieu d'être décidée
| |
| après mûre réflexion par les syndicats, elle éclate d'une façon impulsive,
| |
| et se propage par entraînement ou par crainte devant les
| |
| injonctions de bandes anonymes. Les grévistes ne savent ni choisir
| |
| le moment où les circonstances économiques sont favorables, ni présenter
| |
| un programme de revendications précises. De leur côté, les
| |
| patrons luttent isolément, et tentent d'obtenir la reprise du travail
| |
| par des concessions individuelles. Satisfait d'un avantage souvent
| |
| apparent, le personnel d'un établissement cesse la grève, sans songer
| |
| à stipuler des garanties pour l'observation des conditions mal définies
| |
| qui lui sont faites verbalement, tandis que les autres ouvriers de la
| |
| même industrie, affaiblis par cette défection ou entrés plus tard dans
| |
| la lutte, sont obligés de se soumettre sans conditions. Dans ces mouvements
| |
| spontanés, nulle pensée directrice et nul plan d'ensemble
| |
| des chefs improvisés, incapables d'imposer une ligne uniforme, un
| |
| plan raisonné d'attaque et de défense, doivent céder aux mouvements
| |
| irréfléchis de la foule. Aussi les quelques avantages qui ont pu être
| |
| obtenus par surprise s'émiettent-ils au jour le jour sous l'action de
| |
| la concurrence que les travailleurs se font a eux-mêmes, lorsque la
| |
| période de fièvre est passée les grèves partielles se multiplient et se
| |
| renouvellent à bref délai, perpétuant l'état d'instabilité dans lequel
| |
| se débat l'industrie à cette phase d'associations rudimentaires.
| |
| C'est l'histoire des rapports du capital et du travail dans la plupart
| |
| des métiers de l'Europe continentale. Cette période chaotique a
| |
| pu prendre fin dans les pays dont l'évolution industrielle est la plus
| |
| avancée; elle est moins prolongée chez certains peuples que chez.
| |
| d'autres, grâce à des qualités de race particulières et à diverses circonstances;
| |
| mais aucun peuple ne peut la franchir sans s'y arrêter, parce
| |
| que nulle population ouvrière ne peut passer brusquement de la
| |
| misère et de l'abaissement a la maturité. Il faut que le syndicat sorte
| |
| de la grève et se fortifie par de longues épreuves, avant de devenir
| |
| 368 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE
| |
| l'union résistante qui représente réellement le travail vis-à-vis du
| |
| capital.
| |
| Lorsque les associations ouvrières sont puissantes par le nombre
| |
| de leurs adhérents, la permanence de leur personnel et l'ampleur de
| |
| leurs ressources, elles n'ont plus besoin de lutter pour l'existence,
| |
| et savent se faire reconnaître comme une représentation sérieuse
| |
| et durable des travailleurs. Sous la direction de chefs expérimentés,
| |
| exactement renseignés sur l'état du marché et soucieux de leur responsabilité,
| |
| hostiles à toute aventure dans laquelle les fonds sociaux
| |
| seraient inutilement compromis, les associations n'engagent la lutte
| |
| qu'à bon escient. Les statuts d'un syndicat national centralisé ne
| |
| permettent une grève locale que si elle a été autorisée par le comité
| |
| central, après épuisement des moyens ordinaires de conciliation. Les
| |
| grèves sont donc plus rares et plus pacifiques; mais elles sont aussi
| |
| plus étendues et plus prolongées, se propageant chez tous les ouvriers
| |
| d'une môme industrie et des industries connexes, et se poursuivant
| |
| pendant de longues périodes grâce aux ressources considérables des
| |
| deux parties 1.
| |
| Vis-à-vis des unions ouvrières, les patrons doivent à leur tour
| |
| constituer des associations de même nature. Entre les deux groupes
| |
| peuvent alors intervenir des accords, de véritables traités réglant
| |
| pour l'avenir les conditions du travail. D'abord conclues par des
| |
| négociateurs improvisés ou des arbitres de circonstance pour prévenir
| |
| un conflit menaçant ou terminer une grève, ces conventions
| |
| finissent par entrer dans la pratique courante de l'industrie. Des
| |
| organes permanents, des comités mixtes ou séparés, composés de
| |
| délégués des deux parties, sont établis pour débattre et arrêter,
| |
| avant toute cessation de travail, les clauses du contrat; parfois même,
| |
| un arbitre est désigné li l'avance pour le cas où les plénipotentiaires
| |
| siégeant dans le comité ne parviendraient pas à s'entendre. Le contrat,
| |
| valable pour tous les établissements d'une même industrie
| |
| dans une région déterminée, porte non seulement sur les salaires,
| |
| mais sur la durée du travail et les conditions accessoires de sa prestation.
| |
| Il établit des tarifs minima de salaires au temps et aux pièces
| |
| I. La grève des mécaniciens anglais en tS97-98a dure 7 mois; elle a fait chômer
| |
| plus de )00000 ouvriers, et coûté II millions de francs aux caisses des unions. La
| |
| ~smMPr'eeliausnvttseesis-meUduêednrmss'iasdegn,oértcohètekvnrnaeetcdrsasiuttdeedteee&ianLmt4ofi2annd2iedte0urs0ercss0phoreôaounmnpvgoe)rtSirraet8iirHso8sn.ae7ostv0nasa0tiet0émdtcmuéborilnénaacebu4eulsrersmnssié;oceeiltosannvias/gi2irrddo.èéunvCrreaeé1br8dlt50eaesi0nm;0iec90ose0tigrls2la.revèdCvadaieelneslllse,eiu8alrdu9esesx3.
| |
| WestphaUeen t903 a fait chômerpendant Ssemaines19a000mineurs sur2C8000
| |
| LES UNIONS PROFESSIONNELLES 269
| |
| communs à toute L'industrie, ou des tarifs types destinés à servir
| |
| de base aux conventions particulières des groupes locaux. 11fixe la
| |
| période de validité, prévoit les délais de dénonciation, et remet à des
| |
| experts-arbitres le soin de trancher les difficultés d'application et
| |
| d'interprétation qui pourraient provoquer des contestations individuelles
| |
| ou collectives pendant la période d'exécution. Enfin il interdit,
| |
| bien entendu, l'emploi de travailleurs quelconques, même non
| |
| syndiqués, dans des conditions inférieures à celles de la convention,
| |
| et il établit des garanties d'exécution particulières, telles que
| |
| ledépôt d'une somme d'argent qui répond de l'observation des engagements
| |
| réciproques.
| |
| Tel est le contrat de travail collectif, par opposition au contrat
| |
| individuel. C'est le seul mode de relations entre employeurs et salariés
| |
| qui soit en harmonie avec les nouvelles formes de la production
| |
| capitaliste, et qui résolve les contradictions inhérentes au contrat
| |
| individuel dans un régime de grande production. Aux salariés, il
| |
| permet de traiter sur le pied d'égalité avec les acheteurs de leur forc&
| |
| de travail, comme pourraient le faire des vendeurs de matières premières.
| |
| Au lieu que leur faculté intégrale de travail et leur personnalité
| |
| tout entière soient livrées à la discrétion de l'employeur par
| |
| l'imprécision d'un accord verbal et individuel, les prestations de
| |
| services qu'ils s'engagent à fournir en échange d'un salaire déterminé
| |
| sont limitées par les clauses précises du contrat collectif.
| |
| Aux chefs d'entreprise, ce régime assure des conditions stables pendant
| |
| la durée d'application du contrat, et confère les plus solides
| |
| garanties contre les malfaçons volontaires et les grèves inopinées.
| |
| Aux uns et aux autres, il fixe une règle commune qui s'applique à
| |
| toute l'industrie, et donne un moyen de défense contre les rabais de
| |
| la concurrence.
| |
| Un régime contractuel aussi régulier suppose nécessairement une
| |
| organisation corporative très forte, aussi bien du côté des patrons
| |
| que des ouvriers. Car il faut que les unions soient assez riches pour
| |
| répondre sur leur caisse de l'exécution du contrat; il faut surtout
| |
| que les représentants des parties aient assez d'autorité, chacun dans
| |
| leur groupe, pour imposer à tous les membres de la profession,
| |
| syndiqués et même non syndiqués, l'observation des décisions prises
| |
| et le respect des conventions arrêtées.
| |
| A cet égard, l'arrangement direct entre les parties est bien supérieur
| |
| à l'arbitrage. Les décisions d'un arbitre de circonstance ou
| |
| d'une cour d'arbitrage officielle ne sauraient avoir qu'une autorité
| |
| purement morale, à la merci du caprice des intéressés, sous la seule270
| |
| LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE
| |
| .saarn_ction de l'opinion publique. La conciliation elle-même n'est réellement
| |
| efficace que dans certaines conditions. Des comités officiels
| |
| de conciliation qui se bornent à rapprocher les parties, et même des
| |
| comités mixtes qui émanent d'elles, mais sont élus au cours d'un
| |
| conflit par la foule inorganisée, ne sauraient jouer le même rôle ni
| |
| edxesercaesrsoclaiatmioênms e apuattororintéalesqueetdeosuvcroimèrietsés ppueirsmsaamnemnetsn,t dcéolnégstuitéuséesp.ar
| |
| Il faut que le syndicat patronal représente la majorité des intérêts
| |
| dpaetsronoauuvxri.ers Il dfaeutla aupsrosifesqsuioen,l'unieotn quo'eulvlerièraeit caosmsepzrendneeforlcae,mpaajorristées
| |
| lopefosfuicrpeastcroodnnetsrpôllaeectreomueevfnrftii,ecrascesme«secnsôtetcooylueersusrsemdeb»arorueucshtteeangteest csaepsinadbcilaveissidseudseelsd.perocpThoaôsnmetragqeou,ue
| |
| .ttpdrièoosuAnarcuvcssuaesyevpinatdennirdcc''éeaadeslneetsc-s,eielclnlaeoanpnepdpaeirrtanittoetdirnnqaéasuteenet dddaeednutscàraecvsolalneairstloraugmtainrgoeafenécusrdorielselueccroeqtriispufnoedrueaàssctttihrcfeiseiezml.lepdsqoeussdLsi ie'bpAfloolneapn'g.utlcleaotdteniérovrsneeosn,r--
| |
| -cMmc'eoa.sEmitMsnituécsnhpAdeanzreptgieilelareemltleearednrneeeq,nu1stes8a6d3lca'o,idnnnesdsstatciintotulusnettisciooilnlanimabtiéootninaensroesptceeriraitsileoedù,unadceilesesosstnaNtnrolucaetetntiinopgcnaophyslaaslrmec.ptdlia'f'iétnrloiedtncieataitlotiervnsaevaidldeeets
| |
| ouvrières sont fortes, nul ne peut exercer une profession s'il ne se
| |
| soumet à la règle commune établie par contrat; il y a même des
| |
| idnedsusoturiversiers,oùonlets aussneioznsd'emoupvirreièrepso,ur coexmcplurerenandtu ml'éimtiemrentoseut minadjiovriidtéu
| |
| qui n'adhère pas à l'union ou n'acquitte pas régulièrement ses coti.
| |
| ddscouatentiunocrensorsit.eodneCcmhehteéazculaednlsieèisqrteuusoellu,isvteretisela,drsepdnoaadtnveurisireef,eslr'ineledantufdsbeterrrai,els'scaehcriediezeur,lebsemâtmtéimcidna'eanenuuicttr,risee,snsd,laenisnsdcoouulnsvatsrrtiirceeuors-srencore,
| |
| c'est le système du contrat collectif qui domine et régit les
| |
| rapports du capital et du travail. Dans quelques-unes de ces professssoiaoinensnst,
| |
| qiuvleeneuxlisesstel'cehneattrnagfvoeenmrcetinootnsunel'ailntrécéregesrusaalinètrsemenotpérésdepduainss vliengtm-caicnhqinismanes,
| |
| ~D21g..,SAuLr'trIoh~lnue.dr rcFeoson,ntLrtaaotiDnnceg~o,m~ILclaeyencssti,.f~e1Mn8!9PA7,pn2agrlvteliaoteel,ucrcromehn,eacvspioml.iianr-t8,ipTo'.rhnine,cCiDMpoaleielnetRh,moo1ued8ns9oit7efSr,cbsio,drolnLlceeehcyuteirvtee.BBeaatrrgiacieLES
| |
| UNIONS PROFESSIONNELLES 371 i
| |
| TL..ens ncll.na,sses -oluvrières so1-nt donc "p,na'nr-vWe'rnt.ues en AA ngle-t7e-rre, dans les
| |
| métiers organisés, à conquérir leur indépendance et à faire reconnaitre
| |
| leurs droits comme collectivités. Et loin que cette politique ait avivé
| |
| la guerre du capital et du travail, elle a contribué au contraire à
| |
| écarter bien des causes de conflit. La pratique habituelle du contrat
| |
| collectif dans la grande industrie a fait pénétrer la conciliation dans
| |
| les moeurs elle a fait naitre des organes qui, s'ils ne peuvent pas
| |
| toujours prévenir les conflits, sont du moins à la disposition des
| |
| parties pour les résoudre quand ils ont éclaté. Aussi les grèves
| |
| décroissent-elles en nombre et en importance globale. Si l'on compare
| |
| les moyennes annuelles des périodes 1891-9S et 1901-1904, on
| |
| voit le nombre des conflits descendre de 813 à 417, celui des travailleurs
| |
| atteints par la grève de 370 000 à 138 000, et celui des journées
| |
| de chômage de 14 millions à 3 millions; à la fin de la seconde
| |
| période, la dégression est encore plus sensible. Tout au contraire, en
| |
| France, les grèves s'accroissent en nombre et en importance totale,
| |
| suivant une progression particulièrement rapide dans ces dernières
| |
| années. Il n'est pas déraisonnable d'attribuer en grande partie cette
| |
| différence à celle des organisations professionnelles
| |
| Ce n'est pas à dire qu'en Angleterre même, tout soit parfait dans
| |
| les relations entre employeurs et salariés, ni que les unions ouvrières
| |
| échappent aux accusations d'adversaires passionnés; il est inévitable
| |
| qu'il se produise, a certaines époques de crise ou simplement de
| |
| stagnation économique, des retours offensifs de l'ancien esprit
| |
| patronal. Mais il faut rendre cette justice à l'unionisme anglais
| |
| qu'il remplit virilement sa tâche, avec fermeté et modération, et qu'il
| |
| a la gloire de montrer à tous les peuples la voie par laquelle des
| |
| classes ouvrières parvenues à un niveau élevé de caractère et de
| |
| moralité peuvent réaliser pacifiquement la démocratie industrielle2.
| |
| nisme en Angleterre, ch. i et passim, Colin, 1S97,in-M. J. Bruce M"Pherson,
| |
| ~'o~M~n'yconciliation and a)-&<r<!<tOH:'nGnBMri~tain, Bull. of the Dep. of Lab.,
| |
| Washington, mai 1900.
| |
| 1. Voir AnnexeVU, 2°.
| |
| 2. Il parait difficilede considérer les ouvriers anglais comme des facteurs politiques
| |
| sans importance, venant à cet égard bien après les ouvriers de Russie. Tel
| |
| cesotmcmepeednedapnettiltes bpoouinrgtedoeisvsuaensdeidMéa.lK, faruatpspitéys,qdueidséecraedpernécseenmteorlaelse oeut vinriteerllseacntugelallies,
| |
| employant sottement leurs heures de loisir au football et aux courses, et n'ayant
| |
| d'autre objectif que les livres sterling (Kautsky, Be/'o;-me~sociales et révolution
| |
| sociale,Mouvementsocialiste, iS octobre j902,p. 1890).Ondevine le motifde cette
| |
| antipathie; les ouvriers anglais n'ont pas la consciencerévolutionnaire. La classe
| |
| eotuvproièrtreerelna lAunttgelemteêrmreessauitr ploeutretrarnatindépfoelnitdiqreues;esodnroleitsvoqiutabniednialsujsoounrtdm'huéci;onmnauiss,
| |
| elle le fait sans se convertir au socialisme révolutionnaire.
| |
| 873 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ECONOMIQUE
| |
| La méthode du contrat collectif, si largement pratiquée dans la
| |
| grande industrie anglaise, reçoit également des applications fréquentes
| |
| aux États-Unis depuis quelques années. On la signale notamment
| |
| dans la construction des machines et la métallurgie, où le
| |
| système d'une échelle mobile des salaires a été essayé dès 1865 dans
| |
| les mines, dans l'industrie du b&timent depuis la grève de Chicago
| |
| en 1900; dans l'industrie du coton, la verrerie, la cordonnerie mécanique,
| |
| etc. En Australie et en Nouvelle Zélande, le régime du
| |
| contrat collectif s'est généralisé, sous l'influence des grandes unions
| |
| ouvrières et de la législation sur l'arbitrage obligatoire
| |
| Mais, dans la plupart des autres pays, le contrat collectif n'a été
| |
| pratiqué que d'une façon tout à fait exceptionnelle et incomplète. En
| |
| France, on a quelques exemples de conventions établies par l'arbitrage
| |
| d'un tiers à l'occasion d'un conflit. Les tullistes de Calais et
| |
| les mineurs du Pas-de-Calais ont même, à diverses reprises, conclu
| |
| directement des accords avec les représentants des patrons; mais il
| |
| n'est pas sorti de ces accords l'institution de comités permanents de
| |
| conciliation 3. A l'inverse, les conseils d'usine, que l'on rencontre
| |
| dans certains établissements de France, de Belgique, d'Allemagne et
| |
| d'Autriche, sont bien des organes fixes de conciliation, des « chambres
| |
| d'explication Hcomposées de délégués du patron et des ouvriers
| |
| ils ont bien pour fonction d'aplanir les différends individuels, et
| |
| même de conclure des accords collectifs pour l'avenir; mais ils sont
| |
| particuliers à un établissement, et ne peuvent que difficilement
| |
| régler les questions de salaires, parce que les salaires sont liés aux
| |
| conditions générales de la concurrence. Quant aux conseils syndicaux
| |
| institués dans les syndicats mixtes du Nord et du Pas-de-Calais, ils
| |
| ne semblent pas faits pour discuter et conclure des conventions collectives.
| |
| En Allemagne, la méthode du contrat collectif s'est introduite
| |
| dans quelques industries locales'. Il est môme remarquable que le
| |
| 1p. 1V0ig12o, 6u5reetusx.., IL.<a:ceoonncceen?t:r<aati<o:nonfd~eMs /Wb)t'Hceo~uogMhbLy'r,t~e'ya'rde&~oHMNf2a~'lMe e?<'t~Mc<e<~MAC'o:&)'<'a<:OK
| |
| p. .Ë~cb-tfnM, Colin, 1899,septembreWilloughby,L'arbitrage et la conciliation
| |
| aur Ztafs-Unis, Muséesocial, septembre 1!JOj;Lesassociationspatronales pour les
| |
| relations avec le <)'aM: aux JE~a~-b'nMM, émoires,sept. 1905. Deux importantes
| |
| conventions, conclues en 1S!)9et 1900dans l'industrie sidérurgique et la
| |
| constructionmécanique, ont été dénoncéesdepuis lors par les syndicatspatronaux.
| |
| 2. Office du travail, Métin, Législation OMO)'!efeet sociale en ~[Msh'aKeet
| |
| A'OMt'eHf-Ze~n~1f9, 0t, in-S".
| |
| 3. Officedu travail, Les associations professionnellesOMM':et'et~. ,I, p. 388, et
| |
| t. 11,p. 43f et 445. Raynaud, Le contrat collectif de travail, p. 80, Rousseau,
| |
| 1901,iti-S°.
| |
| 4. Kulemann, Die Get<jer~cAa/'<x6e!ce~upn.y6,24et s. – Dupin, Du mouvement
| |
| LES UNIONS PROFESSIONNELLES 373
| |
| LKSSYSTÈMESSOCïAUSTËS. 18.
| |
| Congrès général des CeMe~c&a/'<eH socialistes réuni à Francfort en
| |
| 1899 a voté une résolution favorable aux conventions établissant des
| |
| tarifs communs.
| |
| En comparant ces résultats, on est tenté de croire que l'état
| |
| d'équilibre et de paix industrielle réalisé par le contrat collectif est
| |
| un régime propre aux pays anglo-saxons, et qu'il a peu de chances
| |
| de s'acclimater ailleurs. Il est possible, en effet, que le succès des
| |
| unions anglaises, américaines et australiennes s'explique en grande
| |
| partie par le caractère particulier des ouvriers anglo-saxons. Toutefois,
| |
| il faut noter que le pays du continent européen où les associations
| |
| ouvrières sont les plus fortes, le Danemark, est celui, dit-on, où
| |
| le contrat collectif s'est le mieux établi. Il est également remarquable
| |
| que les typographes, dans tous les pays avancés, pratiquent le
| |
| système des ententes; ils concluent avec les patrons des accords sur
| |
| les tarifs de salaires et les délais de dénonciation, et établissent des
| |
| organes permanents de conciliation. Ce n'est pas seulement en
| |
| Angleterre et aux États-Unis que les imprimeurs recourent à ces
| |
| procédés; c'est aussi en Allemagne, où le tarif commun s'appliquait,
| |
| en 1901, dans 3372 maisons employant 34000 ouvriers; c'est encore
| |
| en Autriche, en Belgique, et dans une certaine mesure en France'.
| |
| Or, les typographes comptent certainement parmi les ouvriers les
| |
| plus intelligents, les plus instruits et les mieux payés; presque partout,
| |
| leur profession est celle où l'on relève la plus forte proportion
| |
| de syndiqués, et leurs corporations sont les plus riches et les mieux
| |
| organisées. Ils sont donc, en tout pays, les pionniers de l'idée nouvelle,
| |
| et tout porte à croire que le régime qu'ils ont su établir dans
| |
| leurs rapports avec le patronat s'étendra, sans distinction de race,
| |
| aux diverses couches de la classe ouvrière à mesure qu'elles atteindront
| |
| le même niveau de culture.
| |