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C'est ainsi qu'il est incontestable que les révolutions fascistes ont été précédées par une grave lutte de classes au cours de laquelle les ouvriers et paysans ont peu à peu menacé d'exproprier les capitalistes de l'industrie et les propriétaires fonciers. Il est également certain que les ravages de la guerre et l'échec des efforts entrepris pour restaurer l'économie mondiale ont aggravé cette lutte jusqu'à lui ôter presque toute perspective d'issue. L'Italie et l'Allemagne dépendent toutes deux dans une très grande mesure de l'étranger pour leurs matières premières. Leurs exportations ne leur permettaient plus d'acheter ce dont elles avaient besoin en quantité suffisante. Dans les deux pays, le revenu national diminuait, et la lutte des classes pour le partage de ce revenu décroissant s'intensifiait. Le contraste entre leur situation et celles des pays créanciers jouissant de vastes ressources à l'intérieur ou dans les empires d'outre-mer sautait aux yeux. Les deux peuples se pénétrèrent de l'idée que s'ils ne parvenaient pas à accroître leurs ressources, ils seraient détruits par la guerre civile. Partout, les barrières douanières s'élevaient pour gêner leurs exportations. Ils dépendaient de crédits étrangers fort précaires, et, comme on l'a constaté, fort capricieux. Ils se sentaient dans une insécurité complète. Déchirés par les luttes intérieures, voyant leur niveau de vie s'abaisser sans cesse, incapables d'obtenir de l'étranger des concessions suffisantes, ils se persuadèrent qu'ils devraient, comme l'a dit Hitler « livrer des combats formidables pour l'existence de l'humanité », et « qu'à la longue, seul un instinct passionné de conservation peut remporter une victoire durable »<ref>''Mein Kampf'', pp. 148-49 (Munich, 1933). Cité par Florinsky, op. cit., p. 73.</ref>. | C'est ainsi qu'il est incontestable que les révolutions fascistes ont été précédées par une grave lutte de classes au cours de laquelle les ouvriers et paysans ont peu à peu menacé d'exproprier les capitalistes de l'industrie et les propriétaires fonciers. Il est également certain que les ravages de la guerre et l'échec des efforts entrepris pour restaurer l'économie mondiale ont aggravé cette lutte jusqu'à lui ôter presque toute perspective d'issue. L'Italie et l'Allemagne dépendent toutes deux dans une très grande mesure de l'étranger pour leurs matières premières. Leurs exportations ne leur permettaient plus d'acheter ce dont elles avaient besoin en quantité suffisante. Dans les deux pays, le revenu national diminuait, et la lutte des classes pour le partage de ce revenu décroissant s'intensifiait. Le contraste entre leur situation et celles des pays créanciers jouissant de vastes ressources à l'intérieur ou dans les empires d'outre-mer sautait aux yeux. Les deux peuples se pénétrèrent de l'idée que s'ils ne parvenaient pas à accroître leurs ressources, ils seraient détruits par la guerre civile. Partout, les barrières douanières s'élevaient pour gêner leurs exportations. Ils dépendaient de crédits étrangers fort précaires, et, comme on l'a constaté, fort capricieux. Ils se sentaient dans une insécurité complète. Déchirés par les luttes intérieures, voyant leur niveau de vie s'abaisser sans cesse, incapables d'obtenir de l'étranger des concessions suffisantes, ils se persuadèrent qu'ils devraient, comme l'a dit Hitler « livrer des combats formidables pour l'existence de l'humanité », et « qu'à la longue, seul un instinct passionné de conservation peut remporter une victoire durable »<ref>''Mein Kampf'', pp. 148-49 (Munich, 1933). Cité par Florinsky, op. cit., p. 73.</ref>. | ||
Le mystère du fascisme disparaît une fois qu'on met de côté ses prétentions à être une formule universelle de reconstruction sociale, et qu'on se rend compte qu'il n'est que la militarisation complète et intense d'un peuple en vue d'une guerre de conquête. Le fascisme, c'est la loi martiale, et il n'est pas un trait essentiel du fascisme qui ne constitue un phénomène bien connu de toute nation organisée lorsqu'elle se trouve en état de guerre. Les régimes fascistes paraissent originaux ou incompréhensibles tant qu'on ne voit pas que le fascisme n'est qu'une mobilisation. Il a fallu un certain temps pour qu'on reconnaisse la véritable nature du fascisme. On n'avait jamais vu une mobilisation durer des années, avant toute déclaration de guerre, avant même que la décision de déclarer la guerre fût nettement prise, avant même qu'on sût contre qui elle serait déclarée. Les observateurs étrangers ont été profondément surpris de voir apparaître une mentalité de guerre, adopter des mesures de guerre, sans que des batailles soient livrées. Mais une fois que l'on a compris que le fascisme, c'est la préparation de la guerre, la nouveauté surprenante de ce phénomène disparaît. | |||
On reconnaît dans les régimes fascistes tout ce qui caractérise un pays en guerre. Grèves et lock-outs sont sévèrement réprimés comme des actes de trahison contre la sûreté de la patrie. La haine est chauffée à blanc. La brutalité est exaltée. Le pacifisme et l'humanitarisme sont traités, comme dit Hitler, de « mélange de stupidité, de lâcheté et d'outrecuidance ». Seules les vertus martiales reçoivent l'approbation officielle, et l'on enseigne au peuple que, comme l'a dit Mussolini, « seule la guerre porte toutes les énergies humaines à la plus haute tension, et imprime un cachet de noblesse sur le peuple qui a le courage de s'y engager ». Une certaine dose de persécution est nécessaire en temps de guerre ; ekle donne aux non-combattants l'impression de participer à la lutte ; elle endurcit le coeur du peuple, comme l'escrime à la baïonette, jusqu'au moment où il se sent le droit de plonger son fer dans les entrailles de l'ennemi. En temps de guerre, tout le savoir est utilisé à la propagande, toute la science sert à combattre. Et l'on exploite ausi l'idéalisme qui fait entrevoir aux hommes, par-delà les tranchées et les tombeaux, la Terre Promise. | |||
L'économie dirigée qu'adoptent les Etats fascistes est destinée à permettre à l'industrie de suffire sans apports extérieurs aux besoins de l'armée et de la population. C'est une économie planifiée. C'est en fonction des besoins de l'état-major général que l'on détermine les objectifs et la marche du plan, d'après lesquels sont fixés les exportations, les importations, les investissements, les prix et les salaires. On a la loi martiale, l'état de siège, la conscription des capitaux et du travail. Il est par conséquent parfaitement vain de demander si Mussolini ou Hitler veulent la guerre, et si leurs protestations de paix sont autre chose que des ruses de guerre. Le fascisme n'est rien de moins, et probablement rien de plus, que la forme la plus récente et la plus développée de la nation armée. C'est, sous un autre nom, un militarisme qui prépare la guerre totale. | |||
==Principes théoriques du communisme== | |||
Les communistes prétendent également qu'ils sont en train de créer une civilisation nouvelle dans laquelle la diversité des intérêts humains disparaîtra. C'est là l'hypothèse fondamentale de la philosophie collectiviste. Nous avons vu d'autre part que dans la version fasciste du collectivisme l'objectif réel en vue duquel on organise l'uniformité en partant de la diversité est la mobilisation totale d'un peuple pour la guerre. C'est l'état-major général qui répartit les tâches à accomplir par l'économie dirigée, et c'est en vue de la formation d'un « moral » guerrier que sont orientées les activités culturelles. Examinons maintenant la version communiste, afin de déterminer s'il est possible d'organiser une société collectiviste à des fins « civiles », si l'on peut planifier une économie pour réaliser ce que Marx et Engels appelaient « une libre association d'individus », et si, en dernière analyse, le collectivisme peut être autre chose que la mobilisation d'un peuple pour la conquête ou la défense. | |||
== Notes et références == | == Notes et références == |