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{{titre|L’Unique et sa propriété|[[Max Stirner]]<br><small>(1845)</small>|§ 3. La Hiérarchie}} | {{titre|L’Unique et sa propriété|[[Max Stirner]]<br><small>(1845)</small>|§ 3. La Hiérarchie}} | ||
Les réflexions historiques sur notre hérédité mongole que j'intercale ici sous | Les réflexions historiques sur notre hérédité mongole que j'intercale ici sous | ||
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présente au lecteur, c'est simplement parce qu'il me semble qu'elles peuvent contribuer | présente au lecteur, c'est simplement parce qu'il me semble qu'elles peuvent contribuer | ||
à l'éclaircissement du reste. | à l'éclaircissement du reste. | ||
L'histoire de l'humanité, qui tient à proprement parler tout entière dans l'histoire | L'histoire de l'humanité, qui tient à proprement parler tout entière dans l'histoire | ||
de la race caucasique, paraît avoir parcouru jusqu'à présent deux périodes ; à la première, | de la race caucasique, paraît avoir parcouru jusqu'à présent deux périodes ; à la première, | ||
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« Je suis possesseur du monde des objets, et je suis possesseur du monde des | « Je suis possesseur du monde des objets, et je suis possesseur du monde des | ||
pensées. » | pensées. » | ||
Il est impossible de faire grand cas de la valeur du moi tant que le dur diamant du | Il est impossible de faire grand cas de la valeur du moi tant que le dur diamant du | ||
non-moi (que ce non-moi soit le dieu ou soit le monde) reste à un prix aussi exorbitant. | non-moi (que ce non-moi soit le dieu ou soit le monde) reste à un prix aussi exorbitant. | ||
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« substantiel », et ne fait que les rendre plus affairés autour de ce qui reste debout et | « substantiel », et ne fait que les rendre plus affairés autour de ce qui reste debout et | ||
qui porte le nom d' « antiquité », d' « aïeux », etc. | qui porte le nom d' « antiquité », d' « aïeux », etc. | ||
C'est pourquoi, dans la période mongole que nous traversons, tout changement n'a | C'est pourquoi, dans la période mongole que nous traversons, tout changement n'a | ||
jamais été qu'une réforme, une amélioration, et jamais une destruction, un bouleversement, | jamais été qu'une réforme, une amélioration, et jamais une destruction, un bouleversement, | ||
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élevés de la civilisation, cette activité est dite scientifique et se traduit par un travail | élevés de la civilisation, cette activité est dite scientifique et se traduit par un travail | ||
reposant sur une supposition fixe, une hypothèse inébranlable. | reposant sur une supposition fixe, une hypothèse inébranlable. | ||
La Moralité, sous sa première et sa plus inintelligible forme, se présente comme | La Moralité, sous sa première et sa plus inintelligible forme, se présente comme | ||
habitude. Agir conformément aux moeurs et aux coutumes de son pays, c'est être | habitude. Agir conformément aux moeurs et aux coutumes de son pays, c'est être | ||
moral. Aussi est-il plus facile au Chinois qu'à tout autre d'agir moralement et de | moral. Aussi est-il plus facile au Chinois qu'à tout autre d'agir moralement et de | ||
parvenir à une pure et, naturelle moralité : il n'a qu'à s'en tenir aux vieilles coutumes, | parvenir à une pure et, naturelle moralité : il n'a qu'à s'en tenir aux vieilles coutumes, | ||
aux vieilles moeurs, et à haïr toute innovation comme un crime méritant la mort ; | aux vieilles moeurs, et à haïr toute innovation comme un crime méritant la mort; l'innovation est en effet l'ennemie mortelle de l'habitude, de la tradition et de la | ||
l'innovation est en effet l'ennemie mortelle de l'habitude, de la tradition et de la | |||
routine. Il est hors de doute que l'habitude cuirasse l'homme contre l'importunité des | routine. Il est hors de doute que l'habitude cuirasse l'homme contre l'importunité des | ||
choses et lui crée un monde spécial, le seul où il se sente chez lui, c'est-à-dire un ciel. | choses et lui crée un monde spécial, le seul où il se sente chez lui, c'est-à-dire un ciel. | ||
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renoncement, la libre jouissance. L'homme ne s'y interdit plus rien, car rien ne lui est | renoncement, la libre jouissance. L'homme ne s'y interdit plus rien, car rien ne lui est | ||
plus étranger ni hostile. | plus étranger ni hostile. | ||
L'habitude est donc une seconde nature qui délie et délivre l'homme de sa nature | L'habitude est donc une seconde nature qui délie et délivre l'homme de sa nature | ||
primitive et le met à l'abri des hasards de cette nature. | primitive et le met à l'abri des hasards de cette nature. | ||
Les traditions de la civilisation chinoise ont paré à toutes les éventualités; tout est | Les traditions de la civilisation chinoise ont paré à toutes les éventualités; tout est | ||
« prévu »; quoi qu'il arrive, le Chinois sait toujours comment il doit se comporter, il | « prévu »; quoi qu'il arrive, le Chinois sait toujours comment il doit se comporter, il | ||
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même temps le ciel ou royaume de la culture et de la seconde nature, elle gravit en | même temps le ciel ou royaume de la culture et de la seconde nature, elle gravit en | ||
réalité par l'habitude le premier échelon de l'échelle du ciel. | réalité par l'habitude le premier échelon de l'échelle du ciel. | ||
Si les Mongols ont affirmé l'existence d'êtres spirituels et créé un ciel, un monde | Si les Mongols ont affirmé l'existence d'êtres spirituels et créé un ciel, un monde | ||
des Esprits, les Caucasiens d'autre part ont, pendant des milliers d'années, lutté contre | des Esprits, les Caucasiens d'autre part ont, pendant des milliers d'années, lutté contre | ||
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crut s'affirmer encore plus solidement en se présentant comme « immortalité de | crut s'affirmer encore plus solidement en se présentant comme « immortalité de | ||
l'Esprit », se transformera-t-elle enfin en mortalité de l'Esprit ? | l'Esprit », se transformera-t-elle enfin en mortalité de l'Esprit ? | ||
Grâce aux industrieux efforts de la race mongole, les hommes avaient construit un | Grâce aux industrieux efforts de la race mongole, les hommes avaient construit un | ||
ciel, quand ceux de la race Caucasique, pour autant qu'un reste d'hérédité mongole | ciel, quand ceux de la race Caucasique, pour autant qu'un reste d'hérédité mongole | ||
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ancienne puissance que pour en légitimer une nouvelle, elle ne fait en somme qu' — | ancienne puissance que pour en légitimer une nouvelle, elle ne fait en somme qu' — | ||
améliorer. | améliorer. | ||
Et cependant, le but suprême vers lequel on marche et que chaque coude de la | Et cependant, le but suprême vers lequel on marche et que chaque coude de la | ||
route fait perdre de vue n'en demeure pas moins invariable ; c'est la destruction vraie | route fait perdre de vue n'en demeure pas moins invariable ; c'est la destruction vraie | ||
et complète du ciel, de la tradition, etc., c'est, en un mot, la fin de l'homme assuré | et complète du ciel, de la tradition, etc., c'est, en un mot, la fin de l'homme assuré | ||
uniquement contre le monde, la fin de son isolement, de sa solitaire intériorité. | uniquement contre le monde, la fin de son isolement, de sa solitaire intériorité. | ||
L'homme cherche dans le ciel de la civilisation à s'isoler du monde et à en briser la | L'homme cherche dans le ciel de la civilisation à s'isoler du monde et à en briser la | ||
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que les écraser l'un sous l'autre ; le ciel des Juifs détruit celui des Grecs, celui des | que les écraser l'un sous l'autre ; le ciel des Juifs détruit celui des Grecs, celui des | ||
Chrétiens détruit celui des Juifs, celui des Protestants celui des Catholiques, etc. | Chrétiens détruit celui des Juifs, celui des Protestants celui des Catholiques, etc. | ||
Si ces Titans humains parviennent à affranchir leur sang caucasien de son hérédité | Si ces Titans humains parviennent à affranchir leur sang caucasien de son hérédité | ||
mongole, ils enseveliront l'homme spirituel sous les cendres de son prodigieux monde | mongole, ils enseveliront l'homme spirituel sous les cendres de son prodigieux monde | ||
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sous les ruines de ce ciel. Et le ciel, c'est le royaume des Esprits, le domaine de la | sous les ruines de ce ciel. Et le ciel, c'est le royaume des Esprits, le domaine de la | ||
liberté spirituelle. | liberté spirituelle. | ||
Le royaume des cieux, le royaume des Esprits et des fantômes, a trouvé, la place | Le royaume des cieux, le royaume des Esprits et des fantômes, a trouvé, la place | ||
qui lui convenait dans la philosophie spéculative. Il y est devenu royaume des pensées, | qui lui convenait dans la philosophie spéculative. Il y est devenu royaume des pensées, | ||
des concepts et des idées : le ciel est peuplé d'idées et de pensées, et ce « royaume | des concepts et des idées : le ciel est peuplé d'idées et de pensées, et ce « royaume | ||
des Esprits » est la réalité même. | des Esprits » est la réalité même. | ||
Vouloir affranchir l'Esprit est du pur « mongolisme »; libertés de l'esprit, du | Vouloir affranchir l'Esprit est du pur « mongolisme »; libertés de l'esprit, du | ||
sentiment, de la morale sont des libertés mongoles. | sentiment, de la morale sont des libertés mongoles. | ||
On prend le mot « moralité » pour synonyme d'activité spontanée, de libre disposition | On prend le mot « moralité » pour synonyme d'activité spontanée, de libre disposition | ||
de soi-même. Pourtant il n'en est rien ; au contraire, si le Caucasien a fait | de soi-même. Pourtant il n'en est rien ; au contraire, si le Caucasien a fait | ||
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en cette dernière son perpétuel et invincible ennemi, le rapport entre lui et la tradition, | en cette dernière son perpétuel et invincible ennemi, le rapport entre lui et la tradition, | ||
c'est-à-dire sa moralité, aurait disparu. | c'est-à-dire sa moralité, aurait disparu. | ||
Le fait que ses impulsions naturelles sont encore morales est précisément ce qui | Le fait que ses impulsions naturelles sont encore morales est précisément ce qui | ||
lui reste de son hérédité mongole ; c'est un signe qu'il ne s'est pas encore ressaisi. Les | lui reste de son hérédité mongole ; c'est un signe qu'il ne s'est pas encore ressaisi. Les | ||
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orthodoxe », à la monarchie « constitutionnelle », à l'État « chrétien », à la liberté | orthodoxe », à la monarchie « constitutionnelle », à l'État « chrétien », à la liberté | ||
« modérée » ou, pour employer une image, au Héros cloué sur son lit de douleur. | « modérée » ou, pour employer une image, au Héros cloué sur son lit de douleur. | ||
L'homme n'aura réellement vaincu le chamanisme et le cortège de fantômes qu'il | L'homme n'aura réellement vaincu le chamanisme et le cortège de fantômes qu'il | ||
traîne à sa suite que lorsqu'il aura la force de rejeter non seulement la superstition, | traîne à sa suite que lorsqu'il aura la force de rejeter non seulement la superstition, | ||
mais la foi — non seulement la croyance aux esprits, mais la croyance à l'Esprit. | mais la foi — non seulement la croyance aux esprits, mais la croyance à l'Esprit. | ||
Celui qui croit aux revenants ne s'incline pas plus profondément devant « l'intervention | Celui qui croit aux revenants ne s'incline pas plus profondément devant « l'intervention | ||
d'un monde supérieur » que ne le fait celui qui croit à l'Esprit, et tous deux | d'un monde supérieur » que ne le fait celui qui croit à l'Esprit, et tous deux | ||
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l'existence d'êtres spirituels, on n'est pas loin de conclure que l'être réel chez l'homme | l'existence d'êtres spirituels, on n'est pas loin de conclure que l'être réel chez l'homme | ||
est son esprit, et qu'on doit réserver tous ses soins à ce seul esprit, au « salut de | est son esprit, et qu'on doit réserver tous ses soins à ce seul esprit, au « salut de | ||
l'âme ». On affirme ainsi la possibilité d'agir sur l'Esprit, ce qu'on appelle « influence | l'âme ». On affirme ainsi la possibilité d'agir sur l'Esprit, ce qu'on appelle « influence | ||
morale ». | morale ». | ||
Il saute donc aux yeux que le « Mongolisme » représente la négation radicale des | Il saute donc aux yeux que le « Mongolisme » représente la négation radicale des | ||
sens et le règne du non-sens et du contre-nature, et que le péché et le remords du | sens et le règne du non-sens et du contre-nature, et que le péché et le remords du | ||
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vanité de l'Esprit. Je le puis, et ceux d'entre vous le peuvent dont le Moi ordonne et | vanité de l'Esprit. Je le puis, et ceux d'entre vous le peuvent dont le Moi ordonne et | ||
règne souverain ; celui qui le peut, c'est, en un mot, — l'Égoïste. | règne souverain ; celui qui le peut, c'est, en un mot, — l'Égoïste. | ||
Devant ce qui est sacré, on perd tout sentiment de sa puissance et tout courage ; | Devant ce qui est sacré, on perd tout sentiment de sa puissance et tout courage ; | ||
on se sent impuissant et on s'humilie. Rien cependant n'est par soi-même sacré ; moi | on se sent impuissant et on s'humilie. Rien cependant n'est par soi-même sacré ; moi |
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