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A son début, le laissez faire a donc été une idée politique révolutionnaire. Cette idée a été mise en avant au moment où les hommes ont eu besoin de détruire les retranchements à l'abri desquels les intérêts établis s'opposaient à la révolution industrielle. La théorie était formulée pour détruire les lois, les institutions et les coutumes dont la destruction était nécessaire pour permettre au nouveau mode de production de triompher. Le laissez faire était donc la doctrine destructive indispensable à tout mouvement révolutionnaire, et rien de plus. Il ne pouvait donc guider la politique des Etats après le renversement de l'ordre établi. | A son début, le laissez faire a donc été une idée politique révolutionnaire. Cette idée a été mise en avant au moment où les hommes ont eu besoin de détruire les retranchements à l'abri desquels les intérêts établis s'opposaient à la révolution industrielle. La théorie était formulée pour détruire les lois, les institutions et les coutumes dont la destruction était nécessaire pour permettre au nouveau mode de production de triompher. Le laissez faire était donc la doctrine destructive indispensable à tout mouvement révolutionnaire, et rien de plus. Il ne pouvait donc guider la politique des Etats après le renversement de l'ordre établi. | ||
L'abolition des restrictions imposées par les lois et les coutumes anciennes s'accomplit, en Europe occidentale et en Amérique, entre 1776 et 1832 : cela fait, de quoi s'agissait-il ? De savoir quelles lois gouverneraient l'économie nouvelle. Et il arriva alors ce qui arrive si souvent chez les vieux révolutionnaires triomphants : les idées dynamiques qui avaient porté le libéralisme au pouvoir se transformèrent en un dogme obscurantiste et pédantesque. | |||
Les libéraux se mirent à écrire des traités de métaphysique dans lesquels la doctrine du laissez faire était érigée en principe de la politique. Ils s'efforcèrent de déterminer par des raisonnements abstraits et aprioriques les domaines de l'activité humaine qui devaient ou non être réglementés par la loi<ref>Voir par exemple John Stuart Mill, ''Principles of Political Economy'', vol. II, livre V, ch. XI, « Causes et limites du principe du laisser faire ou de non-interférence », p. 560. Mill écrit « laisser faire » et non laissez faire.</ref>. John Stuart Mill, par exemple, après avoir pesé le pour et le contre, arrive à la conclusion que le « laissez faire, en somme, devrait être la pratique générale ; toute dérogation à ce principe, si elle n'est rendue nécessaire en vue d'un très grand avantage est un mal certain ». Mais comme il ne disposait d'aucun criterium pour mesurer la grandeur d'un grand avantage, force lui était de donner son opinion personnelle sur les exceptions au laissez faire qu'il trouvait justifiées. Il en trouva beaucoup plus que Herbert Spencer. Mais cela ne signifie nullement que Spencer ou Mill avaient des idées claires : c'était simplement parce que Mill était un homme sensible et au courant des affaires, alors que Spencer était un doctrinaire et un isolé. | |||
== Notes et références == | == Notes et références == |