Différences entre les versions de « Walter Lippmann:La Cité libre - Chapitre 11 - l'agenda du libéralisme »

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Les hommes d'aujourd'hui peuvent réformer l'économie sociale en changeant les lois. Mais ils ne peuvent révolutionner le mode de production par des moyens politiques. L'humanité ne pourra pas avoir d'autre économie que celle de la division du travail et des marchés tant qu'on n'aura pas inventé un mode de production radicalement différent, et l'éventualité de cette invention n'est même pas théoriquement à envisager. Le genre de révolution qui rendrait périmée l'économie marchande serait une série d'inventions permettant aux hommes, par leur effort individuel et sans avoir besoin de personne, d'obtenir un niveau de vie meilleur que celui auquel ils aspirent maintenant. Ce résultat pourrait être atteint par une machine qui, au moyen d'une faible dépense d'énergie musculaire, produirait de la nourriture, des vêtements, un abri, du confort et du luxe sur n'importe quel sol et avec un peu de lumière. On bien encore par un médicament dont l'effet serait d'enlever aux hommes leur besoin des produits variés de l'industrie moderne.  
Les hommes d'aujourd'hui peuvent réformer l'économie sociale en changeant les lois. Mais ils ne peuvent révolutionner le mode de production par des moyens politiques. L'humanité ne pourra pas avoir d'autre économie que celle de la division du travail et des marchés tant qu'on n'aura pas inventé un mode de production radicalement différent, et l'éventualité de cette invention n'est même pas théoriquement à envisager. Le genre de révolution qui rendrait périmée l'économie marchande serait une série d'inventions permettant aux hommes, par leur effort individuel et sans avoir besoin de personne, d'obtenir un niveau de vie meilleur que celui auquel ils aspirent maintenant. Ce résultat pourrait être atteint par une machine qui, au moyen d'une faible dépense d'énergie musculaire, produirait de la nourriture, des vêtements, un abri, du confort et du luxe sur n'importe quel sol et avec un peu de lumière. On bien encore par un médicament dont l'effet serait d'enlever aux hommes leur besoin des produits variés de l'industrie moderne.  


Dans le monde réel, et avec les connaissances que nous possédons, il est hors du pouvoir des Lénine, des Staline, des Hitler, des Mussolini de révolutionner le mode de production. Ils ne peuvent que l'attaquer et l'abîmer.
Dans le monde réel, et avec les connaissances que nous possédons, il est hors du pouvoir des Lénine, des Staline, des Hitler, des Mussolini de révolutionner le mode de production. Ils ne peuvent que l'attaquer et l'abîmer. A la fin, leurs peuples doivent revenir à la division du travail dans une économie d'échanges aussi sûrement que le fermier doit revenir à sa terre s'il veut moissonner sa récolte. Ce qu'il faut réformer, c'est l'ordre social. Telle est la vérité que les premiers libéraux avaient saisie, lorsqu'ils critiquaient sans relâche les lois, les institutions et la politique de leur époque. Les derniers libéraux l'ignorèrent et devinrent conformistes et apologistes. Les collectivistes prouvent qu'ils ne l'ont pas discernée lorsque, tout en croyant frapper les injustices sociales, ils frappent le marché libre qui règle la division du travail.
 
Mais la vérité triomphera, et le libéralisme renaîtra. Je ne veux pas dire que sa renaissance viendra de notre temps, ni qu'elle viendra avant que l'humanité ait traversé le désastre préparé par la descente vers le collectivisme. Je ne sais pas si le désastre peut être évité par l'intelligence et l'énergie. Mais je crois qu'il n'y a pas d'autre moyen d'échapper au désastre ni de restaurer la civilisation qu'il détruirait que de se rallier à une philosophie sociale conforme à la loi de la révolution industrielle. Ou bien les hommes découvriront cette philosophie sociale par leur intelligence, ou bien ils l'apprendront par une dure expérience, après avoir passé par l'épreuve du feu, comme en Russie. Mais ils l'apprendront. Il le faut. Car c'est la condition de leur survie en tant qu'hommes civilisés.
 
==Les problèmes sociaux==
J'ai indiqué que les « frictions » et les « perturbations » dont les économistes classiques admettaient l'existence - pour les négliger aussitôt - étaient en fait les problèmes sociaux qui auraient dû, et qui doivent toujours dans une société pratiquant la division du travail, être le souci primordial des hommes éclairés. Car les frictions et les perturbations marquent les points sur lesquels l'ordre social est en conflit avec l'économie. C'est sur ces points que les hommes, pour une raison ou pour une autre, ne peuvent s'adapter à la manière dont l'humanité gagne sa vie. Les causes de ce défaut d'adaptation sont nombreuses et variées ; il est certain qu'on ne peut les attribuer toutes, comme le pensent les socialistes, au simple fait que les titres juridiques de nue-propriété des moyens de production sont entre les mains d'individus privés et non pas de l'Etat<ref>Voir au chap. V.</ref>.


== Notes et références ==  
== Notes et références ==  
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