Différences entre les versions de « Charles Gave:Une idée à mettre en œuvre toutes affaires cessantes : la séparation de l’Eglise et de l’Etat »

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{{infobox Un libéral nommé Jésus}}
{{infobox Un libéral nommé Jésus}}
<div class="text">
<div class="text">
::"Gouverner un royaume, c’est s’assurer que l’on sera damné".
::Cardinal de Richelieu


Le Diable ayant emmené Jésus lui fit voir en un instant tous les
royaumes de la terre, et lui dit :
::"Je te donnerai toute cette puissance et la gloire de ces
royaumes, car elles m’ont été données,
::Et je les donne à qui je veux.
::Si donc tu te prosternes devant moi, elles t’appartiendront toutes
entières. »
::Jésus lui répondit :
::"Il est écrit : tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et le serviras lui
seul. "
Il faut admirer, ici, l’altruisme de ceux qui nous gouvernent, ou aspirent à nous gouverner.
Alors que les Evangiles avertissent, sans la moindre nuance, que le Malin distribue les postes, les ministères et les décorations, ils se sacrifient et mettent en question leur salut éternel pour nous servir.
On est confondu d’admiration.
Soyons sérieux.
Il y a quelques solides condamnations dans les Evangiles.
Très curieusement, l’une de celles dont on parle le moins<ref>En France. Quiconque vit en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis est surpris par la virulence des condamnations morales portant sur l’essence du pouvoir politique et sur le côté facilement démoniaque de ce dernier. D’où la nécessite de le limiter au maximum. Les pays anglo-saxons pensent que l’Etat est l’ennemi naturel du citoyen, et est mauvais dans son essence, parce qu’ils ont lu les Evangiles. En France, nous pensons que l’Etat est bon…parce que nous avons lu Rousseau, Marx et Lénine, (cf. à ce sujet le ''Livre Noir du Communisme'')</ref> , touche au pouvoir politique.
Dès le début de son Evangile, Saint Luc nous dit deux choses :
• que les royaumes du monde ont été donnés à Lucifer                          Et par qui ? Voilà qui n’est pas précisé dans le texte, mais l’auteur soupçonne Dieu, ce qui montre le manque d’intérêt de ce Dernier pour le sujet.
• que Lucifer les donne ensuite à qui il veut.                                       
Si on raisonne a contrario, est-on autorisé à dire que tout pouvoir politique a été dévolu par Belzébuth ?                         
Et donc que quiconque obtient le pouvoir s’est prosterné devant Satan ?                                                                                            Intéressante idée et qui expliquerait bien des choses…
Allons plus loin.
Tout le monde, en cette période où, en France, on célèbre et réaffirme le principe de laïcité, a dû se remémorer l’histoire du denier de César.
Des personnes mal intentionnées veulent tendre un piège au Christ, et voici la suite.
::Maître, nous savons que tu parles et enseignes comme il faut et
que tu enseignes en toute vérité la voie de Dieu.
::Nous est-il permis ou non de payer l’impôt à  César ?
::Mais Jésus ayant démêlé leur fourberie leur dit :
::"Montrez-moi un denier ?
::De qui porte-t-il l’effigie et la légende ? "
::Ils  répondirent :
::" De César "
::"Eh bien!
leur dit-il , rendez à César ce qui est à César et  à Dieu ce qui est
à Dieu "
Score Final : Jésus UN.
Personnes mal intentionnées ZERO.
Ce texte est admirable de concision et de profondeur.
Sans y  toucher, presque en passant, Jésus commence par définir la notion de monnaie.
Comme le savent tous les économistes, la monnaie a trois fonctions :
1. instrument d’échange pour éviter le troc ;
2. étalon de valeur pour permettre de comparer la valeur des pommes et des poires ;
3. réserve de valeur pour faire entrer la notion du temps dans le calcul économique.
ref>Le meilleur exemple de monnaie privée, c’est aujourd'hui les "Air Miles", qui présentent bien les caractéristiques de monnaie.</ref>
Il existe des monnaies privées<, mais historiquement, la monnaie a presque toujours été associée à l’Etat, d'où le sévère traitement infligé aux faux-monnayeurs un peu partout.
Le Christ reconnaît le coté étatique de la monnaie en demandant tranquillement : qui apparaît en effigie sur le denier. Réponse : César !
La monnaie fait donc partie de l’appareil étatique.
Cette pièce de monnaie, à l’évidence et dans ce cas précis, va servir à payer le coût de cet Etat, c'est-à-dire à payer les impôts.
Cette dette  du "contribuable" sera soldée dans le temps en utilisant cette monnaie qui servira de support à la transaction.
Les trois fonctions de la monnaie sont traitées en quelques mots…
Brillant !
Mais le Christ nous dit bien plus : il nous annonce, sans ambiguïté aucune que les impôts, ce n’est pas du tout son problème, à lui,  mais que c’est de la responsabilité et du domaine de César.
Quand le cardinal catholique, Primat d’Angleterre, déclare  qu’accepter de payer plus d’impôts si l’Etat le demande est un devoir de solidarité  pour chaque fidèle, il dit en une phrase trois grosses bêtises. Ce qui est assez fréquent chez un cardinal qui sort du domaine religieux...
• En tant que disciple du Christ, il n’a rien à dire sur les impôts que prélève César.
• En tant que successeur des Apôtres, il n’a pas à utiliser l’argument d’autorité que lui confère sa position pour justifier une décision d’augmentation d’impôts,  laquelle ne relève que de la logique économique.
• En tant que catholique, il n’a pas le droit théologique d'en appeler à une morale collective.                                                               
Mieux que quiconque il doit savoir que la morale chrétienne ne peut être qu’individuelle.
Certes, chaque chrétien doit respecter la loi de son pays, mais ni plus ni moins que n’importe quel autre citoyen, et à condition bien entendu que cette loi ne soit pas opposée à l’enseignement du Christ ou à la Loi mosaïque.
Quiconque nous dit que des impôts élevés, ou qu’un système d’impôts progressifs est, par nature, chrétien, avance une contre vérité.
Jésus n’a rien à dire sur les impôts.
Si le Christ avait eu quelque chose à dire sur les impôts, ou sur la monnaie, cela signifierait que son royaume est de ce monde. Et toute la théorie de la séparation de l’Eglise et de l’Etat s’effondrerait. Ne doit-on pas à ces lignes, la justification morale de la laïcité et l’interdiction de toute théocratie<ref>Il y a une distinction essentielle entre la séparation de l'église et de l'Etat et le concept de laïcité : la laïcité se définit contre l'église en particulier l'église catholique pour la France. La séparation de l'église et de l'état implique l'indifférence de l'Etat à l'égard de toutes les églises, et l'interdiction faite à celui-ci d'en favoriser une, ce qui est la situation des Etats-Unis.</ref>  ?
Mais il faut être conséquent avec soi-même et se rendre à cette évidence : aujourd'hui la laïcité à la française est la doctrine d'une "église". Si au nom de cette "église", on  a colonisé l'Etat, poussé des cris d'orfraie pour empêcher d'autres  – les musulmans, par exemple – de prendre le contrôle de ce même Etat au nom de la laïcité, est pour le moins paradoxal.
La laïcité est donc aujourd'hui la doctrine d'une "église" – soutenue principalement par les sociaux démocrates, les socialistes et les communistes – qui idolâtre l'Etat et l'intervention étatique. Cette"église" a totalement noyauté l'Etat français, et elle se sert du pouvoir de l’Etat pour promouvoir les clercs qui la servent.
Or un Etat qui n’est pas tenu par la loi est naturellement prédateur, a dit Montesquieu.  Si cet Etat est sous la coupe d'une 'église', automatiquement, il s’appuiera sur la morale de cette "église" pour refuser la loi. "La force injuste de la loi", disait François Mitterrand, un homme d'une parfaite intégrité morale, comme chacun sait.
Dans un état démocratique, les autorités ne peuvent pas accepter de distinction entre la morale et la loi. Leur rôle est de faire respecter la loi, et ils n’ont pas à interpréter les fondements de la morale. Ceux-ci sont inhérents à la civilisation judéo-chrétienne qui est la nôtre, aux Evangiles précisément.
Il ne peut donc pas y avoir de discussions au sein de l’Etat sur la divergence entre la morale et la loi. Si la loi ne se conforme plus à la morale, alors il faut changer la loi, mais par des procédures démocratiques.
Si l’"église" laïque confortablement installée comme un Bernard l’Hermite dans la coquille de l’Etat se sert de sa position pour changer les lois contre la volonté de l’ensemble de la population, le résultat est automatiquement l’anomie…
Un Etat gangrené par une "église", ne peut pas ne pas être prédateur et illégal –  tout en se prétendant moral, ce qui relève à la fois du paradoxe et de l'insolence. 
D’où la condamnation sans appel du Christ<ref>Le personnel de cet état peut être chrétien et socialiste dans ses convictions, ce qui ne regarde personne. Robert Schuman, qui va sans doute être béatifié par le Pape était profondément chrétien. Il n’en a pas fait pour autant entrer les structures de pouvoir de  l’église catholique à l’intérieur de l’Etat français. Les socialistes ont fait entrer les structures de pouvoir de leur église dans l’Etat, ce qui est impardonnable.</ref>.
Le fait qu’une religion se prétende laïque ne veut pas dire qu’elle n’est pas une religion et qu’elle ait le droit de coloniser l’Etat à son profit. Plutôt moins qu’une autre, a-t-on envie de dire. La séparation de l’Eglise et de l’Etat doit être la règle, même et surtout si la religion dominante est séculière.
Laisser la religion en dehors du politique, telle est la leçon que l’histoire a retenu du denier de César. Une leçon simple et forte qu'il serait urgent de remettre à l'ordre du jour dans notre pays.
Pour dire les choses brutalement : Il faut sortir l’"église" et les prêtres laïcs de l’Etat. Comme toute "église" digne de ce nom, ses prêtres nous abreuvent de leur désir de se mettre à notre service. Le Christ les a vus venir, et de loin…
::Malheur à vous, Pharisiens, parce que vous aimez la première place dans les synagogues et les salutations dans les places publiques…
::Malheur à vous aussi, docteurs de la Loi parce que vous chargez les hommes de fardeaux  insupportables, et vous-mêmes, vous n’y touchez pas du bout du doigt…
::Malheur à vous, docteurs de la Loi parce que vous avez enlevé la clef de la science : vous n’êtes pas entrés et vous avez arrêté ceux qui entraient…
Remplaçons "la première place dans les synagogues"  par une place dans la tribune présidentielle du 14 Juillet par exemple, "les salutations dans les places publiques" par une voiture avec gyrophare, roulant derrière des motards toute sirène hurlante.
Continuons de nous faire plaisir. Remplaçons "Pharisiens " par syndicaliste en charge de prélever les impôts, "docteurs de la Loi"  par énarque… Continuons en rappelant que ceux qui sont en charge de la "clef  de la science" dans notre société ont détruit en quelques décennies l’Education Nationale, … Et presto, presto, nous avons remis au goût du jour un texte qui n’en avait pas vraiment besoin…
Ce que disent les Evangiles, encore et encore, c’est :
   
   
• Qu'il ne faut jamais juger les gens en fonction de leurs intentions. "L’Enfer est pavé de bonnes intentions", un vieux proverbe français qu'on devrait avoir toujours en mémoire.
• Qu'il faut toujours juger les gens en fonction des résultats qu’ils obtiennent. 
:
::Car il n’y a pas de bon arbre qui produise de mauvais fruits,
::Chaque arbre se reconnaît à son fruit.
Or, quels fruits les clercs de notre "église" laïque ont-ils exactement produit ?
De quelles grandes réussites peuvent-ils se prévaloir ?
Leur réussite dans le domaine de la morale est à peu près aussi éclatante que dans le domaine de la science.
Après des décennies de corruption, de massacres et de crimes contre l’humanité et l’environnement – dans la version communiste –, de scandales politiques et financiers, de gabegies, de programmes économiques et sociaux inadaptés, de hausses perpétuelles du chômage, – dans la version française ou allemande –, peut-être est-il temps de reconnaître que l’arbre n’a porté que des fruits vérolés ?
Faudra-t-il attendre à nouveau deux cents ans pour que l’équivalent de la chute du mur de Berlin brise enfin leurs prétentions à représenter la morale ?
Au vrai, le but de tout citoyen devrait être de militer pour libérer les états de l’emprise des "églises".
Il est de bon ton aujourd’hui de prendre un air cafard pour déclarer : ce dont les pays musulmans ont besoin, c’est de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
Ce qui est vrai.
Mais avant de balayer devant la porte des autres, occupons-nous d'abord de balayer devant la nôtre. Et revenons une fois de plus au Christ :
::Hypocrite, occupe-toi d’abord de la poutre que tu as dans ton œil avant de t’occuper de la paille dans l’œil de ton voisin.
Une "église" laïque et une cléricature avide d’honneurs ont colonisé l’Etat à leur profit exclusif, et on s'inquiète des Musulmans ? Décidemment ne nous prend-on pas pour des imbéciles ?


== Notes et références ==  
== Notes et références ==  

Version actuelle datée du 7 mai 2008 à 03:31

CHAPITRE II - Le patient socialiste est mort, l’électro-encéphalogramme est plat, mais qui va lui dire ? << Charles Gave  —  Un libéral nommé Jésus >> CHAPITRE IV - Les Evangiles et la prise de risque


Charles Gave:Une idée à mettre en œuvre toutes affaires cessantes : la séparation de l’Eglise et de l’Etat


Anonyme


CHAPITRE III
Une idée à mettre en œuvre toutes affaires cessantes : la séparation de l’Eglise et de l’Etat
Un libéral nommé Jésus
2849410209.01.LZZZZZZZ.jpg
Auteur : Charles Gave
Genre
essai, actualité
Année de parution
2005
Interwiki
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Index des livres
A • B • C • D • E • F • G • H • I • 

J • K • L • M • N • O • P •  Q • R • S • T • U • V • W • X • Y • Z

"Gouverner un royaume, c’est s’assurer que l’on sera damné".
Cardinal de Richelieu

Le Diable ayant emmené Jésus lui fit voir en un instant tous les royaumes de la terre, et lui dit :

"Je te donnerai toute cette puissance et la gloire de ces

royaumes, car elles m’ont été données,

Et je les donne à qui je veux.
Si donc tu te prosternes devant moi, elles t’appartiendront toutes

entières. »

Jésus lui répondit :
"Il est écrit : tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et le serviras lui

seul. "

Il faut admirer, ici, l’altruisme de ceux qui nous gouvernent, ou aspirent à nous gouverner. Alors que les Evangiles avertissent, sans la moindre nuance, que le Malin distribue les postes, les ministères et les décorations, ils se sacrifient et mettent en question leur salut éternel pour nous servir. On est confondu d’admiration. Soyons sérieux.

Il y a quelques solides condamnations dans les Evangiles.

Très curieusement, l’une de celles dont on parle le moins[1] , touche au pouvoir politique.

Dès le début de son Evangile, Saint Luc nous dit deux choses : • que les royaumes du monde ont été donnés à Lucifer Et par qui ? Voilà qui n’est pas précisé dans le texte, mais l’auteur soupçonne Dieu, ce qui montre le manque d’intérêt de ce Dernier pour le sujet. • que Lucifer les donne ensuite à qui il veut.

Si on raisonne a contrario, est-on autorisé à dire que tout pouvoir politique a été dévolu par Belzébuth ? Et donc que quiconque obtient le pouvoir s’est prosterné devant Satan ? Intéressante idée et qui expliquerait bien des choses…

Allons plus loin.

Tout le monde, en cette période où, en France, on célèbre et réaffirme le principe de laïcité, a dû se remémorer l’histoire du denier de César.

Des personnes mal intentionnées veulent tendre un piège au Christ, et voici la suite.

Maître, nous savons que tu parles et enseignes comme il faut et

que tu enseignes en toute vérité la voie de Dieu.

Nous est-il permis ou non de payer l’impôt à César ?
Mais Jésus ayant démêlé leur fourberie leur dit :
"Montrez-moi un denier ?
De qui porte-t-il l’effigie et la légende ? "
Ils répondirent :
" De César "
"Eh bien!

leur dit-il , rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu "

Score Final : Jésus UN.

Personnes mal intentionnées ZERO.

Ce texte est admirable de concision et de profondeur. Sans y toucher, presque en passant, Jésus commence par définir la notion de monnaie.

Comme le savent tous les économistes, la monnaie a trois fonctions :

1. instrument d’échange pour éviter le troc ;

2. étalon de valeur pour permettre de comparer la valeur des pommes et des poires ;

3. réserve de valeur pour faire entrer la notion du temps dans le calcul économique.

ref>Le meilleur exemple de monnaie privée, c’est aujourd'hui les "Air Miles", qui présentent bien les caractéristiques de monnaie.</ref> Il existe des monnaies privées<, mais historiquement, la monnaie a presque toujours été associée à l’Etat, d'où le sévère traitement infligé aux faux-monnayeurs un peu partout.

Le Christ reconnaît le coté étatique de la monnaie en demandant tranquillement : qui apparaît en effigie sur le denier. Réponse : César ! La monnaie fait donc partie de l’appareil étatique.

Cette pièce de monnaie, à l’évidence et dans ce cas précis, va servir à payer le coût de cet Etat, c'est-à-dire à payer les impôts. Cette dette du "contribuable" sera soldée dans le temps en utilisant cette monnaie qui servira de support à la transaction. Les trois fonctions de la monnaie sont traitées en quelques mots… Brillant !

Mais le Christ nous dit bien plus : il nous annonce, sans ambiguïté aucune que les impôts, ce n’est pas du tout son problème, à lui, mais que c’est de la responsabilité et du domaine de César.

Quand le cardinal catholique, Primat d’Angleterre, déclare qu’accepter de payer plus d’impôts si l’Etat le demande est un devoir de solidarité pour chaque fidèle, il dit en une phrase trois grosses bêtises. Ce qui est assez fréquent chez un cardinal qui sort du domaine religieux...

• En tant que disciple du Christ, il n’a rien à dire sur les impôts que prélève César.

• En tant que successeur des Apôtres, il n’a pas à utiliser l’argument d’autorité que lui confère sa position pour justifier une décision d’augmentation d’impôts, laquelle ne relève que de la logique économique.

• En tant que catholique, il n’a pas le droit théologique d'en appeler à une morale collective.

Mieux que quiconque il doit savoir que la morale chrétienne ne peut être qu’individuelle. Certes, chaque chrétien doit respecter la loi de son pays, mais ni plus ni moins que n’importe quel autre citoyen, et à condition bien entendu que cette loi ne soit pas opposée à l’enseignement du Christ ou à la Loi mosaïque. Quiconque nous dit que des impôts élevés, ou qu’un système d’impôts progressifs est, par nature, chrétien, avance une contre vérité. Jésus n’a rien à dire sur les impôts.

Si le Christ avait eu quelque chose à dire sur les impôts, ou sur la monnaie, cela signifierait que son royaume est de ce monde. Et toute la théorie de la séparation de l’Eglise et de l’Etat s’effondrerait. Ne doit-on pas à ces lignes, la justification morale de la laïcité et l’interdiction de toute théocratie[2]  ?

Mais il faut être conséquent avec soi-même et se rendre à cette évidence : aujourd'hui la laïcité à la française est la doctrine d'une "église". Si au nom de cette "église", on a colonisé l'Etat, poussé des cris d'orfraie pour empêcher d'autres – les musulmans, par exemple – de prendre le contrôle de ce même Etat au nom de la laïcité, est pour le moins paradoxal.

La laïcité est donc aujourd'hui la doctrine d'une "église" – soutenue principalement par les sociaux démocrates, les socialistes et les communistes – qui idolâtre l'Etat et l'intervention étatique. Cette"église" a totalement noyauté l'Etat français, et elle se sert du pouvoir de l’Etat pour promouvoir les clercs qui la servent.

Or un Etat qui n’est pas tenu par la loi est naturellement prédateur, a dit Montesquieu. Si cet Etat est sous la coupe d'une 'église', automatiquement, il s’appuiera sur la morale de cette "église" pour refuser la loi. "La force injuste de la loi", disait François Mitterrand, un homme d'une parfaite intégrité morale, comme chacun sait. Dans un état démocratique, les autorités ne peuvent pas accepter de distinction entre la morale et la loi. Leur rôle est de faire respecter la loi, et ils n’ont pas à interpréter les fondements de la morale. Ceux-ci sont inhérents à la civilisation judéo-chrétienne qui est la nôtre, aux Evangiles précisément.

Il ne peut donc pas y avoir de discussions au sein de l’Etat sur la divergence entre la morale et la loi. Si la loi ne se conforme plus à la morale, alors il faut changer la loi, mais par des procédures démocratiques. Si l’"église" laïque confortablement installée comme un Bernard l’Hermite dans la coquille de l’Etat se sert de sa position pour changer les lois contre la volonté de l’ensemble de la population, le résultat est automatiquement l’anomie… Un Etat gangrené par une "église", ne peut pas ne pas être prédateur et illégal – tout en se prétendant moral, ce qui relève à la fois du paradoxe et de l'insolence.

D’où la condamnation sans appel du Christ[3].

Le fait qu’une religion se prétende laïque ne veut pas dire qu’elle n’est pas une religion et qu’elle ait le droit de coloniser l’Etat à son profit. Plutôt moins qu’une autre, a-t-on envie de dire. La séparation de l’Eglise et de l’Etat doit être la règle, même et surtout si la religion dominante est séculière.

Laisser la religion en dehors du politique, telle est la leçon que l’histoire a retenu du denier de César. Une leçon simple et forte qu'il serait urgent de remettre à l'ordre du jour dans notre pays.

Pour dire les choses brutalement : Il faut sortir l’"église" et les prêtres laïcs de l’Etat. Comme toute "église" digne de ce nom, ses prêtres nous abreuvent de leur désir de se mettre à notre service. Le Christ les a vus venir, et de loin…

Malheur à vous, Pharisiens, parce que vous aimez la première place dans les synagogues et les salutations dans les places publiques…
Malheur à vous aussi, docteurs de la Loi parce que vous chargez les hommes de fardeaux insupportables, et vous-mêmes, vous n’y touchez pas du bout du doigt…
Malheur à vous, docteurs de la Loi parce que vous avez enlevé la clef de la science : vous n’êtes pas entrés et vous avez arrêté ceux qui entraient…

Remplaçons "la première place dans les synagogues" par une place dans la tribune présidentielle du 14 Juillet par exemple, "les salutations dans les places publiques" par une voiture avec gyrophare, roulant derrière des motards toute sirène hurlante. Continuons de nous faire plaisir. Remplaçons "Pharisiens " par syndicaliste en charge de prélever les impôts, "docteurs de la Loi" par énarque… Continuons en rappelant que ceux qui sont en charge de la "clef de la science" dans notre société ont détruit en quelques décennies l’Education Nationale, … Et presto, presto, nous avons remis au goût du jour un texte qui n’en avait pas vraiment besoin…

Ce que disent les Evangiles, encore et encore, c’est :

• Qu'il ne faut jamais juger les gens en fonction de leurs intentions. "L’Enfer est pavé de bonnes intentions", un vieux proverbe français qu'on devrait avoir toujours en mémoire.

• Qu'il faut toujours juger les gens en fonction des résultats qu’ils obtiennent.

Car il n’y a pas de bon arbre qui produise de mauvais fruits,
Chaque arbre se reconnaît à son fruit.

Or, quels fruits les clercs de notre "église" laïque ont-ils exactement produit ? De quelles grandes réussites peuvent-ils se prévaloir ?

Leur réussite dans le domaine de la morale est à peu près aussi éclatante que dans le domaine de la science. Après des décennies de corruption, de massacres et de crimes contre l’humanité et l’environnement – dans la version communiste –, de scandales politiques et financiers, de gabegies, de programmes économiques et sociaux inadaptés, de hausses perpétuelles du chômage, – dans la version française ou allemande –, peut-être est-il temps de reconnaître que l’arbre n’a porté que des fruits vérolés ?

Faudra-t-il attendre à nouveau deux cents ans pour que l’équivalent de la chute du mur de Berlin brise enfin leurs prétentions à représenter la morale ?

Au vrai, le but de tout citoyen devrait être de militer pour libérer les états de l’emprise des "églises". Il est de bon ton aujourd’hui de prendre un air cafard pour déclarer : ce dont les pays musulmans ont besoin, c’est de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

Ce qui est vrai. Mais avant de balayer devant la porte des autres, occupons-nous d'abord de balayer devant la nôtre. Et revenons une fois de plus au Christ :

Hypocrite, occupe-toi d’abord de la poutre que tu as dans ton œil avant de t’occuper de la paille dans l’œil de ton voisin.

Une "église" laïque et une cléricature avide d’honneurs ont colonisé l’Etat à leur profit exclusif, et on s'inquiète des Musulmans ? Décidemment ne nous prend-on pas pour des imbéciles ?

Notes et références

  1. En France. Quiconque vit en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis est surpris par la virulence des condamnations morales portant sur l’essence du pouvoir politique et sur le côté facilement démoniaque de ce dernier. D’où la nécessite de le limiter au maximum. Les pays anglo-saxons pensent que l’Etat est l’ennemi naturel du citoyen, et est mauvais dans son essence, parce qu’ils ont lu les Evangiles. En France, nous pensons que l’Etat est bon…parce que nous avons lu Rousseau, Marx et Lénine, (cf. à ce sujet le Livre Noir du Communisme)
  2. Il y a une distinction essentielle entre la séparation de l'église et de l'Etat et le concept de laïcité : la laïcité se définit contre l'église en particulier l'église catholique pour la France. La séparation de l'église et de l'état implique l'indifférence de l'Etat à l'égard de toutes les églises, et l'interdiction faite à celui-ci d'en favoriser une, ce qui est la situation des Etats-Unis.
  3. Le personnel de cet état peut être chrétien et socialiste dans ses convictions, ce qui ne regarde personne. Robert Schuman, qui va sans doute être béatifié par le Pape était profondément chrétien. Il n’en a pas fait pour autant entrer les structures de pouvoir de l’église catholique à l’intérieur de l’Etat français. Les socialistes ont fait entrer les structures de pouvoir de leur église dans l’Etat, ce qui est impardonnable.
CHAPITRE II - Le patient socialiste est mort, l’électro-encéphalogramme est plat, mais qui va lui dire ? << Charles Gave  —  Un libéral nommé Jésus >> CHAPITRE IV - Les Evangiles et la prise de risque