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point de vue opposé, qu'un non-homme : c'est un homme surhumain, un « Dieu ». | point de vue opposé, qu'un non-homme : c'est un homme surhumain, un « Dieu ». | ||
L'homme réel n'est que le — non-homme. | L'homme réel n'est que le — non-homme. | ||
Ces hommes qui ne sont pas des hommes, que pourraient-ils être d'autre que des | Ces hommes qui ne sont pas des hommes, que pourraient-ils être d'autre que des | ||
fantômes ? Chaque homme réel, ne correspondant pas au concept « Homme » ou | fantômes ? Chaque homme réel, ne correspondant pas au concept « Homme » ou | ||
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je réduis à n'être plus qu'un de mes attributs, une de mes propriétés, cet Homme qui | je réduis à n'être plus qu'un de mes attributs, une de mes propriétés, cet Homme qui | ||
était jusqu'ici exclusivement mon idéal, mon devoir, mon essence ou mon concept et | était jusqu'ici exclusivement mon idéal, mon devoir, mon essence ou mon concept et | ||
qui planait comme tel au-dessus de moi et au-delà de moi, si je fais en sorte que | qui planait comme tel au-dessus de moi et au-delà de moi, si je fais en sorte que | ||
l'Homme ne soit plus que mon humanité, ma manière d'être, et que ce que je fais ne | l'Homme ne soit plus que mon humanité, ma manière d'être, et que ce que je fais ne | ||
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réalité l'Homme et le non-homme tout ensemble, car je suis à la fois homme et plus | réalité l'Homme et le non-homme tout ensemble, car je suis à la fois homme et plus | ||
qu'homme : je suis le Moi de cette individualité qui est ma et rien que ma propriété. | qu'homme : je suis le Moi de cette individualité qui est ma et rien que ma propriété. | ||
On devait finalement en venir à ne plus nous exhorter simplement à être des | On devait finalement en venir à ne plus nous exhorter simplement à être des | ||
Chrétiens, mais à exiger que nous devinssions des Hommes. Nous n'avions en vérité | Chrétiens, mais à exiger que nous devinssions des Hommes. Nous n'avions en vérité | ||
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nous demande, à nous qui sommes hommes, qui agissons en hommes et ne saurions | nous demande, à nous qui sommes hommes, qui agissons en hommes et ne saurions | ||
être autre chose ni agir autrement, d'être Hommes et « réellement Hommes ». | être autre chose ni agir autrement, d'être Hommes et « réellement Hommes ». | ||
Nos États modernes, encore suspendus aux jupes de leur mère l'Église, nous imposent | Nos États modernes, encore suspendus aux jupes de leur mère l'Église, nous imposent | ||
bien encore diverses obligations (celle d'appartenir à une confession religieuse, | bien encore diverses obligations (celle d'appartenir à une confession religieuse, | ||
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Hommes, et quand ils agissent, c'est égoïstement, comme un Moi envers un Toi ou un | Hommes, et quand ils agissent, c'est égoïstement, comme un Moi envers un Toi ou un | ||
Vous radicalement distincts et opposés. | Vous radicalement distincts et opposés. | ||
Dire que l'État doit faire état de notre humanité revient à dire qu'il doit compter | Dire que l'État doit faire état de notre humanité revient à dire qu'il doit compter | ||
sur notre moralité. Voir en autrui un homme et se comporter en homme à son égard, | sur notre moralité. Voir en autrui un homme et se comporter en homme à son égard, | ||
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C, d'où A = B, autrement dit « je = Homme » et « tu = Homme »; d'où « je = tu »; toi | C, d'où A = B, autrement dit « je = Homme » et « tu = Homme »; d'où « je = tu »; toi | ||
et moi sommes la même chose. | et moi sommes la même chose. | ||
La moralité est incompatible avec l'égoïsme, parce que ce n'est pas à Moi mais | La moralité est incompatible avec l'égoïsme, parce que ce n'est pas à Moi mais | ||
seulement à l'Homme que je suis qu'elle accorde une valeur. Si l'État est une société | seulement à l'Homme que je suis qu'elle accorde une valeur. Si l'État est une société | ||
d'hommes, et non une réunion de Moi dont chacun n'a en vue que lui-même, il ne peut | d'hommes, et non une réunion de Moi dont chacun n'a en vue que lui-même, il ne peut | ||
subsister sans la Moralité et doit être fondé sur elle. | subsister sans la Moralité et doit être fondé sur elle. | ||
Aussi l'État et Moi sommes-nous ennemis. Le bien de cette « Société humaine » | Aussi l'État et Moi sommes-nous ennemis. Le bien de cette « Société humaine » | ||
ne me tient pas au coeur, à moi l'égoïste ; je ne me dévoue pas pour elle, je ne fais que | ne me tient pas au coeur, à moi l'égoïste ; je ne me dévoue pas pour elle, je ne fais que | ||
l'employer ; mais afin de pouvoir pleinement en user, je la convertis en ma propriété, | l'employer ; mais afin de pouvoir pleinement en user, je la convertis en ma propriété, | ||
j'en fais ma créature, c'est-à-dire que je l'anéantis et que j'édifie à sa place l'association | j'en fais ma créature, c'est-à-dire que je l'anéantis et que j'édifie à sa place l'association | ||
des Égoïstes. | des Égoïstes. | ||
L'État, de son côté, trahit son hostilité à mon égard en exigeant que je sois un | L'État, de son côté, trahit son hostilité à mon égard en exigeant que je sois un | ||
Homme, ce qui sous-entend que je pourrais n'en pas être un et passer à ses yeux pour | Homme, ce qui sous-entend que je pourrais n'en pas être un et passer à ses yeux pour | ||
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mais un homme « bien pensant » et « bien faisant », autrement dit moral. Devant | mais un homme « bien pensant » et « bien faisant », autrement dit moral. Devant | ||
l'État et son état je dois être impuissant, respectueux, etc. | l'État et son état je dois être impuissant, respectueux, etc. | ||
Cet État, qui n'a d'ailleurs actuellement aucune réalité et doit encore être fondé, | Cet État, qui n'a d'ailleurs actuellement aucune réalité et doit encore être fondé, | ||
est l'idéal du Libéralisme progressiste. Il sera une véritable « société humaine » où | est l'idéal du Libéralisme progressiste. Il sera une véritable « société humaine » où | ||
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réaliser l'« Homme », c'est-à-dire de lui créer un monde, monde qui sera le monde | réaliser l'« Homme », c'est-à-dire de lui créer un monde, monde qui sera le monde | ||
humain ou la société humaine universelle (communiste). « L'Église, disait-on, ne pouvait | humain ou la société humaine universelle (communiste). « L'Église, disait-on, ne pouvait | ||
s'occuper que de l'esprit ; l'État doit se charger de l'homme tout entier | s'occuper que de l'esprit ; l'État doit se charger de l'homme tout entier <ref>HESS : Triarchie, p. 76.</ref> » Mais | ||
l'Homme n'est-il pas Esprit ? Le noyau de l'État est l’ « Homme », cette irréalité, et | l'Homme n'est-il pas Esprit ? Le noyau de l'État est l’ « Homme », cette irréalité, et | ||
l'État lui-même n'est qu'une société d'Hommes. Le monde que crée le croyant (Esprit | l'État lui-même n'est qu'une société d'Hommes. Le monde que crée le croyant (Esprit | ||
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m'appartient. L'humain en soi est une abstraction et, par conséquent, un fantôme, un | m'appartient. L'humain en soi est une abstraction et, par conséquent, un fantôme, un | ||
être imaginaire. | être imaginaire. | ||
Bruno Bauer exprime quelque part (Judenfrage, p. 84), cette opinion que la | Bruno Bauer exprime quelque part (Judenfrage, p. 84), cette opinion que la | ||
dernière vérité à laquelle soit parvenue la Critique, et la vérité que le Christianisme | dernière vérité à laquelle soit parvenue la Critique, et la vérité que le Christianisme | ||
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vérité ; car cette histoire — et elle seule — est l'histoire de la découverte de la première | vérité ; car cette histoire — et elle seule — est l'histoire de la découverte de la première | ||
et de l'ultime vérité— de l'Homme et de la liberté ! » | et de l'ultime vérité— de l'Homme et de la liberté ! » | ||
Soit, acceptons-en le bénéfice, et admettons que l'Homme est le résultat auquel | Soit, acceptons-en le bénéfice, et admettons que l'Homme est le résultat auquel | ||
aboutit l'histoire de la pensée chrétienne et, d'ailleurs, tout l'effort des hommes vers la | aboutit l'histoire de la pensée chrétienne et, d'ailleurs, tout l'effort des hommes vers la | ||
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propriétaire et à moitié un esclave. Aussi, Juif et Chrétien sont-ils toujours partiellement | propriétaire et à moitié un esclave. Aussi, Juif et Chrétien sont-ils toujours partiellement | ||
opposés : la moitié de l'un est la négation d'une moitié de l'autre ; comme hom- | opposés : la moitié de l'un est la négation d'une moitié de l'autre ; comme hom- | ||
mes ils se reconnaissent, comme esclaves ils se repoussent parce qu'ils servent deux | mes ils se reconnaissent, comme esclaves ils se repoussent parce qu'ils servent deux | ||
maîtres différents. S'ils pouvaient être complètement des égoïstes, ils s'excluraient | maîtres différents. S'ils pouvaient être complètement des égoïstes, ils s'excluraient | ||
totalement et n'en tiendraient que plus fermement l'un à l'autre. Ce qui les avilit, ce | totalement et n'en tiendraient que plus fermement l'un à l'autre. Ce qui les avilit, ce | ||
n'est pas de se contredire, c'est de ne le faire qu'à demi. | n'est pas de se contredire, c'est de ne le faire qu'à demi. | ||
Bruno Bauer pense au contraire que Juifs et Chrétiens pourraient se regarder | Bruno Bauer pense au contraire que Juifs et Chrétiens pourraient se regarder | ||
comme des « Hommes » et se traiter mutuellement comme tels, s'ils dépouillaient | comme des « Hommes » et se traiter mutuellement comme tels, s'ils dépouillaient | ||
Ligne 284 : | Ligne 291 : | ||
d'une façon générale, de croire à l'existence du privilège. Il leur répond en leur | d'une façon générale, de croire à l'existence du privilège. Il leur répond en leur | ||
objectant les droits de l'Homme. Les droits de l'homme ! | objectant les droits de l'Homme. Les droits de l'homme ! | ||
L'Homme, c'est l'Homme en général, et chacun est homme. Chacun donc doit | L'Homme, c'est l'Homme en général, et chacun est homme. Chacun donc doit | ||
posséder les droits éternels en question et doit en jouir, de l'avis des Communistes, | posséder les droits éternels en question et doit en jouir, de l'avis des Communistes, | ||
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qu'il porte le titre d'Homme. Mais je mets l'accent sur « Je » et non sur le fait que je | qu'il porte le titre d'Homme. Mais je mets l'accent sur « Je » et non sur le fait que je | ||
« suis homme ». | « suis homme ». | ||
L'Homme n'est quelque chose que pour autant qu'il est mon attribut (ma propriété); | L'Homme n'est quelque chose que pour autant qu'il est mon attribut (ma propriété); | ||
il en est de l'humanité comme de la virilité et de la féminité. L'idéal des Anciens | il en est de l'humanité comme de la virilité et de la féminité. L'idéal des Anciens | ||
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donné à tout le monde, et je sais pas mal de gens qui se proposeraient là un idéal fort | donné à tout le monde, et je sais pas mal de gens qui se proposeraient là un idéal fort | ||
inaccessible. | inaccessible. | ||
Mais la femme, elle, est en tout cas féminine, elle l'est de nature, la « féminité » | Mais la femme, elle, est en tout cas féminine, elle l'est de nature, la « féminité » | ||
est un des éléments de son individualité, et elle n'a que faire du « vrai féminin ». Je | est un des éléments de son individualité, et elle n'a que faire du « vrai féminin ». Je | ||
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comme une mission d'être « véritablement homme » qu'il ne le serait de faire à la | comme une mission d'être « véritablement homme » qu'il ne le serait de faire à la | ||
terre un devoir d'être « vraiment étoile ». | terre un devoir d'être « vraiment étoile ». | ||
Lorsque Fichte dit : « Le Moi est tout », cela semble parfaitement en harmonie | Lorsque Fichte dit : « Le Moi est tout », cela semble parfaitement en harmonie | ||
avec ma théorie. Seulement le Moi n'est pas tout, mais il détruit tout, et seul le Moi | avec ma théorie. Seulement le Moi n'est pas tout, mais il détruit tout, et seul le Moi | ||
qui se décompose lui-même, le Moi qui n'est jamais, le Moi — final est réellement | qui se décompose lui-même, le Moi qui n'est jamais, le Moi — final est réellement | ||
Moi. Fichte parle d'un Moi « absolu », tandis que je parle de Moi, du Je périssable. | Moi. Fichte parle d'un Moi « absolu », tandis que je parle de Moi, du Je périssable. | ||
On est bien près d'admettre que Homme et Moi sont synonymes ! Et nous voyons | On est bien près d'admettre que Homme et Moi sont synonymes ! Et nous voyons | ||
pourtant Feuerbach, par exemple, déclarer que le terme « Homme » ne doit s'appliquer | pourtant Feuerbach, par exemple, déclarer que le terme « Homme » ne doit s'appliquer | ||
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si l'individu « peut franchir les limites de son individualité, il ne peut néanmoins | si l'individu « peut franchir les limites de son individualité, il ne peut néanmoins | ||
s'élever au-dessus des lois et des caractères essentiels de l'espèce à laquelle il | s'élever au-dessus des lois et des caractères essentiels de l'espèce à laquelle il | ||
appartient <ref>Wesen des Christentums, p. 401.</ref>». Seulement l'espèce n'est rien, et l'individu qui franchit les bornes de | |||
son individualité n'en est justement que plus lui-même, plus individuel. Il n'est lui, il | son individualité n'en est justement que plus lui-même, plus individuel. Il n'est lui, il | ||
n'est individu que pour autant qu'il s'élève, qu'il franchisse, qu'il ne reste pas ce qu'il | n'est individu que pour autant qu'il s'élève, qu'il franchisse, qu'il ne reste pas ce qu'il | ||
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; ma vocation est tout au plus, dans le premier cas, plus indéterminée, plus | ; ma vocation est tout au plus, dans le premier cas, plus indéterminée, plus | ||
vague et plus flottante. | vague et plus flottante. | ||
De même que l'individu est toute la nature, il est toute l'espèce. | De même que l'individu est toute la nature, il est toute l'espèce. | ||
Ce que je suis détermine nécessairement tout ce que je fais, pense, etc., bref toutes | Ce que je suis détermine nécessairement tout ce que je fais, pense, etc., bref toutes | ||
mes manifestations. Le Juif, par exemple, ne peut vouloir que telle chose, ne peut « se | mes manifestations. Le Juif, par exemple, ne peut vouloir que telle chose, ne peut « se | ||
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suffit pas. Mais sois un Homme, et tu auras tout ; choisis l'humain comme ta | suffit pas. Mais sois un Homme, et tu auras tout ; choisis l'humain comme ta | ||
vocation. | vocation. | ||
Nous savons désormais où est le devoir et nous pourrions rédiger le nouveau | Nous savons désormais où est le devoir et nous pourrions rédiger le nouveau | ||
catéchisme. De nouveau le sujet est subordonné au prédicat, et le particulier immolé | catéchisme. De nouveau le sujet est subordonné au prédicat, et le particulier immolé | ||
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pour Me dire, et le « verbe », le logos, n'est, lorsqu'il s'applique à Moi, qu'un « vain | pour Me dire, et le « verbe », le logos, n'est, lorsqu'il s'applique à Moi, qu'un « vain | ||
mot ». | mot ». | ||
On cherche mon essence. Ce n'est pas le Juif, l'Allemand, etc., c'est — l'Homme. | On cherche mon essence. Ce n'est pas le Juif, l'Allemand, etc., c'est — l'Homme. | ||
« L'Homme est mon essence. » | « L'Homme est mon essence. » | ||
Je me suis désagréable ou antipathique, je me répugne, je me dégoûte et me fais | Je me suis désagréable ou antipathique, je me répugne, je me dégoûte et me fais | ||
horreur, ou bien ne suis jamais assez et ne fais jamais assez pour moi. De tels sentiments | horreur, ou bien ne suis jamais assez et ne fais jamais assez pour moi. De tels sentiments | ||
naît soit l'autonégation, soit l'autocritique. La religiosité commence avec | naît soit l'autonégation, soit l'autocritique. La religiosité commence avec | ||
l'abnégation et finit par la critique radicale. | l'abnégation et finit par la critique radicale. | ||
Je suis possédé et je veux exorciser l' « Esprit malin ». Que faire ? — Commettre | Je suis possédé et je veux exorciser l' « Esprit malin ». Que faire ? — Commettre | ||
hardiment le péché le plus noir aux yeux des Chrétiens : blasphémer le Saint-Esprit. | hardiment le péché le plus noir aux yeux des Chrétiens : blasphémer le Saint-Esprit. | ||
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restera chargé d'une condamnation éternelle 1. » Je ne veux pas de pardon et ne crains | restera chargé d'une condamnation éternelle 1. » Je ne veux pas de pardon et ne crains | ||
pas le châtiment. | pas le châtiment. | ||
L'Homme est le dernier des mauvais Esprits, le dernier fantôme et le plus fécond | L'Homme est le dernier des mauvais Esprits, le dernier fantôme et le plus fécond | ||
en impostures et en tromperies ; c'est le plus subtil menteur qui se soit jamais caché | en impostures et en tromperies ; c'est le plus subtil menteur qui se soit jamais caché | ||
sous un masque d'honnêteté, c'est le père des mensonges. | sous un masque d'honnêteté, c'est le père des mensonges. | ||
L'Égoïste qui s'insurge contre les devoirs, les aspirations et les idées qui ont cours | L'Égoïste qui s'insurge contre les devoirs, les aspirations et les idées qui ont cours | ||
commet impitoyablement la suprême profanation : rien ne lui est sacré ! | commet impitoyablement la suprême profanation : rien ne lui est sacré ! | ||
Il serait absurde de soutenir qu'il n'est point de puissances supérieures à la | Il serait absurde de soutenir qu'il n'est point de puissances supérieures à la | ||
mienne. Mais la position que je prendrai à leur égard sera toute différente de ce | mienne. Mais la position que je prendrai à leur égard sera toute différente de ce | ||
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tandis que la religion nous enseigne à nous en faire une amie et à être humbles envers | tandis que la religion nous enseigne à nous en faire une amie et à être humbles envers | ||
elle. | elle. | ||
Le sacrilège concentre ses forces contre toute crainte de Dieu, car la crainte de | Le sacrilège concentre ses forces contre toute crainte de Dieu, car la crainte de | ||
Dieu lui enlèverait tout empire sur ce dont il laisserait subsister le caractère sacré. | Dieu lui enlèverait tout empire sur ce dont il laisserait subsister le caractère sacré. | ||
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suprême » sera l'objet de la même vénération que le Dieu, Être suprême de la religion | suprême » sera l'objet de la même vénération que le Dieu, Être suprême de la religion | ||
sensu strictiori ; tous deux exigent de nous crainte et respect. | sensu strictiori ; tous deux exigent de nous crainte et respect. | ||
La crainte de Dieu proprement dite est depuis longtemps ébranlée et la mode est à | La crainte de Dieu proprement dite est depuis longtemps ébranlée et la mode est à | ||
un « athéisme » plus ou moins conscient, reconnaissable extérieurement à un abandon | un « athéisme » plus ou moins conscient, reconnaissable extérieurement à un abandon | ||
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importance : l'Homme est le dieu d'aujourd'hui et la crainte de l'Homme a pris la | importance : l'Homme est le dieu d'aujourd'hui et la crainte de l'Homme a pris la | ||
place de l'ancienne crainte de Dieu. | place de l'ancienne crainte de Dieu. | ||
Mais comme l'Homme ne représente qu'un autre Être suprême, l'Être suprême n'a | Mais comme l'Homme ne représente qu'un autre Être suprême, l'Être suprême n'a | ||
subi en somme qu'une simple métamorphose, et la crainte de l'Homme n'est qu'un | subi en somme qu'une simple métamorphose, et la crainte de l'Homme n'est qu'un | ||
aspect différent de la crainte de Dieu. | aspect différent de la crainte de Dieu. | ||
Nos athées sont de pieuses gens. | Nos athées sont de pieuses gens. | ||
Si durant les temps dit féodaux nous recevions tout en fief de Dieu, la période | Si durant les temps dit féodaux nous recevions tout en fief de Dieu, la période | ||
libérale nous a mis dans le même état de vasselage vis-à-vis de l'Homme. Dieu était le | libérale nous a mis dans le même état de vasselage vis-à-vis de l'Homme. Dieu était le | ||
Maître, à présent l'Homme est le Maître ; Dieu était le Médiateur, à présent, c'est | Maître, à présent l'Homme est le Maître ; Dieu était le Médiateur, à présent, c'est | ||
l'Homme ; Dieu était l'Esprit, et l'Homme aujourd'hui est l'Esprit. Sous ce triple | l'Homme ; Dieu était l'Esprit, et l'Homme aujourd'hui est l'Esprit. Sous ce triple | ||
rapport, la vassalité s'est transformée : en premier lieu, nous tenons de l'Homme toutpuissant | rapport, la vassalité s'est transformée : en premier lieu, nous tenons de l'Homme toutpuissant | ||
notre puissance, et cette puissance, émanant d'une autorité supérieure, ne | notre puissance, et cette puissance, émanant d'une autorité supérieure, ne | ||
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nous ne sommes pas « humains ». — La puissance est à l'Homme, le monde est à | nous ne sommes pas « humains ». — La puissance est à l'Homme, le monde est à | ||
l'Homme et je suis à l'Homme. | l'Homme et je suis à l'Homme. | ||
Mais en quels termes déclarer que Je suis mon Justificateur, mon Médiateur et | Mais en quels termes déclarer que Je suis mon Justificateur, mon Médiateur et | ||
mon Propriétaire ? Je dirai : | mon Propriétaire ? Je dirai : | ||
Ma puissance est ma propriété. | Ma puissance est ma propriété. | ||
Ma puissance me donne la propriété. | Ma puissance me donne la propriété. | ||
Je suis moi-même ma puissance, et je suis par elle ma | Je suis moi-même ma puissance, et je suis par elle ma | ||
propriété. | propriété. |
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