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{{Navigateur|[[Max Stirner:Première partie : l’homme|Première partie : l’homme]]|[[Max Stirner]] — [[Max Stirner:L’Unique et sa propriété|L’Unique et sa propriété]]}} | |||
{{titre|L’Unique et sa propriété|[[Max Stirner]]<br><small>(1845)</small>|I. Une vie d’homme}} | |||
Dès l'instant où il ouvre les yeux à la lumière, l'homme cherche à se dégager et à | Dès l'instant où il ouvre les yeux à la lumière, l'homme cherche à se dégager et à | ||
se conquérir au milieu du chaos où il roule confondu avec le reste du monde. Mais | se conquérir au milieu du chaos où il roule confondu avec le reste du monde. Mais | ||
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Chacun faisant de soi le centre et se heurtant de toutes parts à la même prétention | Chacun faisant de soi le centre et se heurtant de toutes parts à la même prétention | ||
chez tous les autres, le conflit, la lutte pour l'autonomie et la suprématie est inévitable. | chez tous les autres, le conflit, la lutte pour l'autonomie et la suprématie est inévitable. | ||
Vaincre ou être vaincu — pas d'autre alternative. Le vainqueur sera le maître, le | Vaincre ou être vaincu — pas d'autre alternative. Le vainqueur sera le maître, le | ||
vaincu sera l’esclave: l'un jouira de la souveraineté et des « droits du seigneur », | vaincu sera l’esclave: l'un jouira de la souveraineté et des « droits du seigneur », | ||
l'autre remplira, plein de respect et de crainte, ses « devoirs de sujet ». | l'autre remplira, plein de respect et de crainte, ses « devoirs de sujet ». | ||
Mais les adversaires ne désarment pas; chacun d'eux reste aux aguets, épiant les | Mais les adversaires ne désarment pas; chacun d'eux reste aux aguets, épiant les | ||
faiblesses de l'autre, les enfants celles des parents, les parents celles des enfants (la | faiblesses de l'autre, les enfants celles des parents, les parents celles des enfants (la | ||
peur, par exemple); celui qui ne donne pas les coups les reçoit. | peur, par exemple); celui qui ne donne pas les coups les reçoit. | ||
Voici la voie qui, dès l'enfance, nous conduit à l'affranchissement : nous cherchons | Voici la voie qui, dès l'enfance, nous conduit à l'affranchissement : nous cherchons | ||
à pénétrer au fond des choses ou « derrière les choses »; pour cela nous épions | à pénétrer au fond des choses ou « derrière les choses »; pour cela nous épions | ||
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à nos regards: nous essayons sur tout nos forces. Et, le secret enfin découvert, nous | à nos regards: nous essayons sur tout nos forces. Et, le secret enfin découvert, nous | ||
nous sentons sûrs de nous; si, par exemple, nous sommes arrivés à nous convaincre | nous sentons sûrs de nous; si, par exemple, nous sommes arrivés à nous convaincre | ||
que le fouet ne peut rien contre notre obstination, nous ne le craignons plus, « nous | que le fouet ne peut rien contre notre obstination, nous ne le craignons plus, « nous | ||
avons passé l'âge de la férule ». | avons passé l'âge de la férule ». | ||
Derrière les verges se dressent, plus puissantes qu'elles, notre audace, notre | Derrière les verges se dressent, plus puissantes qu'elles, notre audace, notre | ||
obstinée volonté. Nous nous glissons doucement derrière tout ce qui nous semblait | obstinée volonté. Nous nous glissons doucement derrière tout ce qui nous semblait | ||
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trouble, plus rien ne nous effraie nous prenons conscience de notre pouvoir de résister | trouble, plus rien ne nous effraie nous prenons conscience de notre pouvoir de résister | ||
et de vaincre, nous découvrons que rien ne peut nous contraindre. | et de vaincre, nous découvrons que rien ne peut nous contraindre. | ||
Ce qui nous inspirait crainte et respect, loin de nous intimider, nous encourage: | Ce qui nous inspirait crainte et respect, loin de nous intimider, nous encourage: | ||
derrière le rude commandement des supérieurs et des parents, plus obstinée se | derrière le rude commandement des supérieurs et des parents, plus obstinée se | ||
redresse notre volonté, plus artificieuse notre ruse. Plus, nous apprenons à nous connaître, | redresse notre volonté, plus artificieuse notre ruse. Plus, nous apprenons à nous connaître, | ||
plus nous nous rions de ce que nous avions cru insurmontable. | plus nous nous rions de ce que nous avions cru insurmontable. | ||
Mais que sont notre adresse, notre ruse notre courage, notre audace, sinon | Mais que sont notre adresse, notre ruse notre courage, notre audace, sinon | ||
— l’« Esprit ? Pendant longtemps nous échappons à une lutte qui plus tard nous mettra | — l’« Esprit ? Pendant longtemps nous échappons à une lutte qui plus tard nous mettra | ||
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arguments, nous réagissons au contraire vivement sous les caresses, les châtiments et | arguments, nous réagissons au contraire vivement sous les caresses, les châtiments et | ||
tout ce qui y ressemble. | tout ce qui y ressemble. | ||
Ce n'est que plus tard que commence le rude combat contre la raison, et avec lui | Ce n'est que plus tard que commence le rude combat contre la raison, et avec lui | ||
s'ouvre une nouvelle phase de notre vie. Enfants, nous nous étions trémoussés sans | s'ouvre une nouvelle phase de notre vie. Enfants, nous nous étions trémoussés sans | ||
beaucoup rêver. | beaucoup rêver. | ||
L’Esprit est le premier aspect sous lequel se révèle à nous notre être intime, le | L’Esprit est le premier aspect sous lequel se révèle à nous notre être intime, le | ||
premier nom sous lequel nous divinisons le divin, c’est-à-dire l’objet de nos | premier nom sous lequel nous divinisons le divin, c’est-à-dire l’objet de nos | ||
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monde sans le voir, que nous ne l'avions jamais encore contemplé avec les yeux | monde sans le voir, que nous ne l'avions jamais encore contemplé avec les yeux | ||
l’Esprit. | l’Esprit. | ||
C’est sur les puissances de la nature que nous essayons nos premières forces. Nos | C’est sur les puissances de la nature que nous essayons nos premières forces. Nos | ||
parents nous en imposent comme des puissances naturelles; plus tard, on dit : « Il | parents nous en imposent comme des puissances naturelles; plus tard, on dit : « Il | ||
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suite comme puissances spirituelles et rationnelles, ces puissances nouvelles ne sont | suite comme puissances spirituelles et rationnelles, ces puissances nouvelles ne sont | ||
plus du tout ce qu'elles étaient à l'origine. | plus du tout ce qu'elles étaient à l'origine. | ||
Ce n'est pas seulement le joug des parents, c'est toute autorité humaine que le | Ce n'est pas seulement le joug des parents, c'est toute autorité humaine que le | ||
jeune homme secoue : les hommes ne sont plus un obstacle devant lequel il daigne | jeune homme secoue : les hommes ne sont plus un obstacle devant lequel il daigne | ||
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auquel il se place est le — céleste, et, vu de cette hauteur, tout le « terrestre » recule, | auquel il se place est le — céleste, et, vu de cette hauteur, tout le « terrestre » recule, | ||
se rapetisse et s'efface dans une lointaine brume de mépris. | se rapetisse et s'efface dans une lointaine brume de mépris. | ||
De là, changement radical dans l'orientation intellectuelle du jeune homme et | De là, changement radical dans l'orientation intellectuelle du jeune homme et | ||
souci chez lui exclusif du spirituel, tandis que l'enfant, qui ne se sentait pas encore | souci chez lui exclusif du spirituel, tandis que l'enfant, qui ne se sentait pas encore | ||
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les idées, l'esprit; aussi entasse-t-il les connaissances qu'il acquiert sans suivre de plan | les idées, l'esprit; aussi entasse-t-il les connaissances qu'il acquiert sans suivre de plan | ||
a priori, sans s'astreindre à une méthode théorique, bref, sans poursuivre d'Idées. | a priori, sans s'astreindre à une méthode théorique, bref, sans poursuivre d'Idées. | ||
Dans l'enfance, on avait à surmonter la résistance des lois du monde; à présent, | Dans l'enfance, on avait à surmonter la résistance des lois du monde; à présent, | ||
quoi qu'on se propose, on se heurte à une objection de l'esprit, de la raison, de la conscience. | quoi qu'on se propose, on se heurte à une objection de l'esprit, de la raison, de la conscience. | ||
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vengeresse des Euménides, ni la colère de Poséidon, ni le Dieu qui verrait les | vengeresse des Euménides, ni la colère de Poséidon, ni le Dieu qui verrait les | ||
choses cachées, ni la correction paternelle, c'est, — la Conscience. | choses cachées, ni la correction paternelle, c'est, — la Conscience. | ||
Nous sommes désormais « les serviteurs de nos pensées »; nous obéissons à leurs | Nous sommes désormais « les serviteurs de nos pensées »; nous obéissons à leurs | ||
ordres comme naguère à ceux des parents ou des hommes. Ce sont elles (idées, représentations, | ordres comme naguère à ceux des parents ou des hommes. Ce sont elles (idées, représentations, | ||
croyances) qui remplacent les injonctions paternelles et qui gouvernent, | croyances) qui remplacent les injonctions paternelles et qui gouvernent, | ||
notre vie. | notre vie. | ||
Enfants, nous pensions déjà, mais nos pensées alors n'étaient pas incorporelles, | Enfants, nous pensions déjà, mais nos pensées alors n'étaient pas incorporelles, | ||
abstraites, absolues; ce n'étaient point; rien que des pensées, un ciel pour soi, un pur | abstraites, absolues; ce n'étaient point; rien que des pensées, un ciel pour soi, un pur | ||
monde de pensées, ce n'étaient point des pensées logiques. | monde de pensées, ce n'étaient point des pensées logiques. | ||
Nous n'avions au contraire d'autres pensées que celles que nous inspiraient les | Nous n'avions au contraire d'autres pensées que celles que nous inspiraient les | ||
événements ou les choses : nous jugions qu'une chose donnée était de telle ou telle | événements ou les choses : nous jugions qu'une chose donnée était de telle ou telle | ||
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n'hésitera pas à distinguer « ce qu'il y a de vrai et ce qu'il y a de faux dans une affaire | n'hésitera pas à distinguer « ce qu'il y a de vrai et ce qu'il y a de faux dans une affaire | ||
», c'est-à-dire si telle chose déterminée est vraie. | », c'est-à-dire si telle chose déterminée est vraie. | ||
Toute pensée inséparable d'un objet n'est pas encore rien qu'une pensée, une | Toute pensée inséparable d'un objet n'est pas encore rien qu'une pensée, une | ||
pensée absolue. | pensée absolue. | ||
Il n'y a pas pour le jeune homme de plus vif plaisir que de découvrir et de faire | Il n'y a pas pour le jeune homme de plus vif plaisir que de découvrir et de faire | ||
sienne la pensée pure; la Vérité, la Liberté, l'Humanité, l'Homme, etc., ces astres brillants | sienne la pensée pure; la Vérité, la Liberté, l'Humanité, l'Homme, etc., ces astres brillants | ||
qui éclairent le monde des pensées, illuminent et exaltent les âmes juvéniles. | qui éclairent le monde des pensées, illuminent et exaltent les âmes juvéniles. | ||
Mais, l'Esprit une fois reconnu comme l'essentiel, apparaît une différence : l'esprit | Mais, l'Esprit une fois reconnu comme l'essentiel, apparaît une différence : l'esprit | ||
peut être riche ou pauvre, et on s'efforce par conséquent de devenir riche en esprit; | peut être riche ou pauvre, et on s'efforce par conséquent de devenir riche en esprit; | ||
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dépasse; aussi aspire-t-il à résumer en soi toute spiritualité. Tout esprit que je suis, je | dépasse; aussi aspire-t-il à résumer en soi toute spiritualité. Tout esprit que je suis, je | ||
ne suis pas esprit parfait, et je dois commencer par rechercher cet esprit parfait. | ne suis pas esprit parfait, et je dois commencer par rechercher cet esprit parfait. | ||
Moi qui tout à l'heure m'étais découvert en me reconnaissant esprit, je me perds de | Moi qui tout à l'heure m'étais découvert en me reconnaissant esprit, je me perds de | ||
nouveau, aussitôt que, pénétré de mon inanité, je m'humilie devant l'esprit parfait en | nouveau, aussitôt que, pénétré de mon inanité, je m'humilie devant l'esprit parfait en | ||
reconnaissant qu'il n'est pas à moi et en moi, mais au-delà de moi. | reconnaissant qu'il n'est pas à moi et en moi, mais au-delà de moi. | ||
Tout dépend de l'Esprit; mais tout esprit est-il «bon»? L'esprit bon et vrai est | Tout dépend de l'Esprit; mais tout esprit est-il «bon»? L'esprit bon et vrai est | ||
l'idéal de l’esprit, le « Saint-Esprit ». Ce n'est ni le mien, ni le tien, c'est un esprit | l'idéal de l’esprit, le « Saint-Esprit ». Ce n'est ni le mien, ni le tien, c'est un esprit | ||
idéal, supérieur : c'est « Dieu ». « Dieu est l'Esprit. » Et « Dieu qui est dans le ciel | idéal, supérieur : c'est « Dieu ». « Dieu est l'Esprit. » Et « Dieu qui est dans le ciel | ||
donnera le bon esprit à ceux qui le demandent 1. | donnera le bon esprit à ceux qui le demandent 1. | ||
L’homme fait diffère du jeune homme en ce qu'il prend le monde comme il est, | L’homme fait diffère du jeune homme en ce qu'il prend le monde comme il est, | ||
sans y voir partout du mal à corriger, des torts à redresser, et sans prétendre le | sans y voir partout du mal à corriger, des torts à redresser, et sans prétendre le | ||
modeler sur son idéal. En lui se fortifie l'opinion qu'on doit agir envers le monde | modeler sur son idéal. En lui se fortifie l'opinion qu'on doit agir envers le monde | ||
suivant son intérêt, et non suivant un idéal. | suivant son intérêt, et non suivant un idéal. | ||
Tant qu'on ne voit en soi que l'Esprit, et qu'on met tout son mérite à être esprit (il | Tant qu'on ne voit en soi que l'Esprit, et qu'on met tout son mérite à être esprit (il | ||
ne coûte guère au jeune homme de risquer sa vie, le « corporel », pour un rien pour la | ne coûte guère au jeune homme de risquer sa vie, le « corporel », pour un rien pour la | ||
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débouché à son activité, ces pensées, ces idées que l’on possède restent provisoirement | débouché à son activité, ces pensées, ces idées que l’on possède restent provisoirement | ||
inaccomplies, irréalisées : on n’a qu’un Idéal. | inaccomplies, irréalisées : on n’a qu’un Idéal. | ||
Mais dès qu’on se met (ce qui arrive ordinairement dans l'âge mûr) à prendre en | Mais dès qu’on se met (ce qui arrive ordinairement dans l'âge mûr) à prendre en | ||
affection « sa guenille » et à éprouver un plaisir à être tel qu’on est, à vivre sa vie, on | affection « sa guenille » et à éprouver un plaisir à être tel qu’on est, à vivre sa vie, on | ||
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à un intérêt qui ne vise plus la satisfaction du seul esprit, mais le contentement de tout | à un intérêt qui ne vise plus la satisfaction du seul esprit, mais le contentement de tout | ||
l'individu; l'intérêt devient dès lors vraiment intéressé. | l'individu; l'intérêt devient dès lors vraiment intéressé. | ||
Comparez donc l'homme fait au jeune homme. Ne vous paraît-il pas plus âpre, | Comparez donc l'homme fait au jeune homme. Ne vous paraît-il pas plus âpre, | ||
plus égoïste, moins généreux? Sans doute! Est-il pour cela plus mauvais? Non, n'estce | plus égoïste, moins généreux? Sans doute! Est-il pour cela plus mauvais? Non, n'estce | ||
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le fait le jeune homme, distrait par un tas de choses qui ne sont pas lui : Dieu, la | le fait le jeune homme, distrait par un tas de choses qui ne sont pas lui : Dieu, la | ||
Patrie, et autres prétextes à « enthousiasme ». | Patrie, et autres prétextes à « enthousiasme ». | ||
L'homme ainsi se découvre lui-même une seconde fois. Le jeune homme avait | L'homme ainsi se découvre lui-même une seconde fois. Le jeune homme avait | ||
aperçu sa spiritualité, et s'était ensuite égaré à la poursuite de l'Esprit universel et parfait, | aperçu sa spiritualité, et s'était ensuite égaré à la poursuite de l'Esprit universel et parfait, | ||
du Saint-Esprit, de l'Homme, de l'Humanité, bref de tous les Idéaux. L'homme se | du Saint-Esprit, de l'Homme, de l'Humanité, bref de tous les Idéaux. L'homme se | ||
ressaisit et retrouve son esprit incarné en lui, fait chair et devenu quelqu'un. | ressaisit et retrouve son esprit incarné en lui, fait chair et devenu quelqu'un. | ||
Un enfant ne met dans ses désirs ni idée ni pensée, un jeune homme ne poursuit | Un enfant ne met dans ses désirs ni idée ni pensée, un jeune homme ne poursuit | ||
que des intérêts spirituels, mais les intérêts de l'homme sont matériels, personnels et | que des intérêts spirituels, mais les intérêts de l'homme sont matériels, personnels et | ||
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tout à ses pensées, à ses rêves, qui l'occupent spirituellement : « son esprit est | tout à ses pensées, à ses rêves, qui l'occupent spirituellement : « son esprit est | ||
occupé ». | occupé ». | ||
En tout ce qui n'est pas spirituel, le jeune homme ne voit avec mépris que des « | En tout ce qui n'est pas spirituel, le jeune homme ne voit avec mépris que des « | ||
futilités ». S'il lui arrive de prendre au sérieux les plus minces enfantillages (par | futilités ». S'il lui arrive de prendre au sérieux les plus minces enfantillages (par | ||
1 Luc, XI, I3. | <ref>1 Luc, XI, I3.</ref>exemple les cérémonies de la vie universitaire et autres formalités), c'est qu'il en saisit | ||
exemple les cérémonies de la vie universitaire et autres formalités), c'est qu'il en saisit | |||
l'esprit, c'est-à-dire qu'il y voit des symboles. | l'esprit, c'est-à-dire qu'il y voit des symboles. | ||
Je me suis retrouvé derrière les choses et m'y suis découvert Esprit; de même plus | Je me suis retrouvé derrière les choses et m'y suis découvert Esprit; de même plus | ||
tard je me retrouve derrière les pensées, et me découvre leur créateur et leur possesseur. | tard je me retrouve derrière les pensées, et me découvre leur créateur et leur possesseur. | ||
À l'âge des visions, mes pensées faisaient de l'ombre sur mon cerveau, comme | À l'âge des visions, mes pensées faisaient de l'ombre sur mon cerveau, comme | ||
l'arbre sur le sol qui le nourrit; elles planaient autour de moi comme des rêves de | l'arbre sur le sol qui le nourrit; elles planaient autour de moi comme des rêves de | ||
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revêtu une forme corporelle, et ces fantômes je les voyais : ils s'appelaient | revêtu une forme corporelle, et ces fantômes je les voyais : ils s'appelaient | ||
Dieu, l'Empereur, le Pape, la Patrie, etc. | Dieu, l'Empereur, le Pape, la Patrie, etc. | ||
Aujourd'hui, je détruis ces incarnations mensongères, je rentre en possession de | Aujourd'hui, je détruis ces incarnations mensongères, je rentre en possession de | ||
mes pensées, et je dis : Moi seul ai un corps et suis quelqu'un. Je ne vois plus dans le | mes pensées, et je dis : Moi seul ai un corps et suis quelqu'un. Je ne vois plus dans le | ||
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idées dont j'ai mesuré la vanité. Tout cela n'a pas plus de pouvoir sur Moi qu'aucune | idées dont j'ai mesuré la vanité. Tout cela n'a pas plus de pouvoir sur Moi qu'aucune | ||
« puissance de la terre » n'en a sur l'Esprit. | « puissance de la terre » n'en a sur l'Esprit. | ||
L'enfant était réaliste, embarrassé par les choses de ce monde jusqu'à ce qu'il | L'enfant était réaliste, embarrassé par les choses de ce monde jusqu'à ce qu'il | ||
parvînt peu à peu à pénétrer derrière elles. Le jeune homme est idéaliste tout occupé | parvînt peu à peu à pénétrer derrière elles. Le jeune homme est idéaliste tout occupé | ||
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son intérêt personnel. Quant au vieillard..., lorsque j'en serai un, il sera encore temps | son intérêt personnel. Quant au vieillard..., lorsque j'en serai un, il sera encore temps | ||
d'en parler. | d'en parler. | ||
== Notes et références == | |||
<references /> <!-- aide : http://fr.wikipedia.org/wiki/Aide:Notes et références --> | |||
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