Différences entre les versions de « Charles Gave:Les évangiles, le travail et la propriété »

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"Supposons que la France perde subitement ses cinquante premiers physiciens, ses cinquante premiers chimistes, ses cinquante premiers physiologistes, ses cinquante premiers banquiers, ses deux cents premiers négociants, ses six cents premiers agriculteurs, ses cinquante premiers maîtres de forges.…"


Saint-Simon<ref>Economiste français ayant vécu au début du XIXème siècle </ref> continue en énumérant les principales professions industrielles avant de conclure : "comme ces hommes sont les Français les plus essentiellement producteurs, la Nation deviendrait sans âme à l'instant où elle les perdrait. Elle tomberait immédiatement dans un état d'infériorité vis-à-vis des Nations dont elle est aujourd'hui la rivale et elle continuerait à rester subalterne à leur égard, tant qu'elle n'aurait pas réparé cette perte, tant qu'il ne lui aurait pas repoussé une tête".
Ailleurs Saint-Simon reprend la même idée, mais en énumérant cette fois tous les membres de l'appareil d'Etat de la famille royale : "Admettons que la France conserve tous les hommes de génie qu'elle possède dans les sciences, dans les Beaux Arts, dans les Arts et Métiers, mais qu'elle ait le malheur de perdre le même jour Monsieur, frère du Roi, Monseigneur le duc d'Angoulême… et qu'Elle perde en même temps tous les grands officiers de la Couronne, tous les ministres d'Etat avec ou sans départements, tous les conseillers d'Etat, tous les maîtres des requêtes, tous les maréchaux, tous les cardinaux, archevêques, évêques, grands vicaires et chanoines, tous les juges,… cet accident affligerait certainement les Français parce qu'ils sont bons, mais cette perte des trente mille individus réputés les plus importants de l'Etat ne causerait de chagrin que sous le rapport sentimental, car il n'en résulterait aucun mal politique pour l'Etat". Nous sommes en 1828.
En 2004, ce qui était une crainte en 1828 est en train de devenir une réalité. La France perd toutes ses forces actives… par l’émigration, résultat direct de lois iniques passées par nos élites administratives.
Grâce au ciel cependant, nous conservons tous les maîtres de requête, tous les conseillers d’Etat, tous les inspecteurs des Finances…, qui eux sont parfaitement inemployables à l’étranger car personne n’en voudrait et qui donc continuent à saigner notre pays a blanc.
Mais revenons à notre sujet.
J'ai eu beaucoup de chance dans ma vie.  Dans mon enfance et ma jeunesse, j'ai été entouré de quelques personnes remarquables. L’une d’entre elles,  une grand-tante alsacienne, était la personne la plus droite, la plus juste et la meilleure qui se puisse imaginer. Elle était néanmoins fort souvent exaspérée par ce que disait le Christ dans les Evangiles. Ce qui l'énervait beaucoup et me mettait en joie.
Il y avait en particulier une parabole qui heurtait profondément  son sens inné de la justice : celle où le maître envoie des ouvriers travailler à sa vigne.
::Un chef de famille sortit dès le matin afin de louer des ouvriers pour sa vigne.
::Il fit accord avec eux à raison d’un denier par jour et les envoya à sa vigne.
::Il sortit vers la troisième heure, et ayant vu d’autres ouvriers qui étaient sur place, sans rien faire, il leur dit
::"Allez, vous aussi, à ma vigne et je vous donnerai ce qui sera raisonnable. "
::Et ils y allèrent.
::Il sortit encore vers la sixième et la neuvième heure, et fit de même.
::Etant sorti vers la onzième heure, il en trouva d’autres qui se tenaient sur place et leur dit
::« Pourquoi vous tenez vous ici toute la journée sans rien faire ?
::"C’est que personne, lui dirent-ils, ne nous a loués !"
::Et il leur dit
::« Allez, vous aussi,  à ma vigne »
::Quand le soir fut venu, le maître de la vigne dit à son intendant
::« Appelle les ouvriers, et donne leur leur salaire, en allant des derniers aux premiers »
::Les ouvriers loués à la onzième heure vinrent et reçurent chacun un denier.
::Puis vinrent les premiers, qui croyaient recevoir davantage, et ils reçurent, eux aussi, un denier chacun.
::En le touchant, ils murmuraient contre le maître, et disaient
::"Ces derniers n’ont fait qu’une heure, et tu les mets sur le même pied que nous qui avons supporté la fatigue et l’ardeur brûlante ::du jour "
::Mais le maître prenant la parole dit
::"Mon ami, je ne te fais point de tort :
::N’es-tu pas convenu d’un denier avec moi ?
::Prends ce qui te revient et va-t-en.
::Pour moi, je veux donner à ce dernier autant qu’à toi.
::Ne suis-je pas libre de faire ce que je veux de mon bien ?
::Où vois-tu d’un mauvais œil que je sois bon ?"
A l’évidence, le maître était un économiste de l’école marginaliste autrichienne.
Ce que fait le maître semble parfaitement injuste, mais est profondément rationnel du point de vue économique.
Ce qui compte pour le maître, ce n’est pas combien il paye ses ouvriers, mais combien ses ouvriers lui rapportent. Les premiers ouvriers couvrent leurs coûts, au moment où le contrat est passé. Mais rien ne nous dit que le prix du raisin n’est pas monté de la première à la troisième heure.
Si tel est le cas, le maître doit aussitôt s'organiser pour que l'on cueille plus de raisins. Et il doit sortir à nouveau pour embaucher d'autres ouvriers. Si le prix est encore monté entre la troisième et la sixième heure, il devra recommencer l'opération et ainsi de suite. Ceux que cette parabole agace ont ancré dans la tête, qu’ils le veuillent ou non, l’idée profondément marxiste et socialisante de la "valeur travail"<ref>Pauvre chère vieille tante: si elle avait su que dans le fond, elle était marxiste, elle aurait été extrêmement surprise. Mais il est vrai que le marxisme a largement puisé dans le vieux fonds idéologique de l’église Catholique. Karl Marx, petit fils de Rabin !, était d’ailleurs violemment antisémite, comme la plupart des catholiques de son époque. L’église catholique s’est affranchie non sans mal de son antisémitisme, pas encore de son anticapitalisme, qui  a pourtant exactement les mêmes racines intellectuelles.</ref>.
Ce qui donne de la valeur au travail des ouvriers, c’est la vente du raisin, et non pas le fait que les pauvres ouvriers de la première heure aient eu plus chaud en plein soleil –ce qu :ils croient dans leur naïveté.
Si les ouvriers de la onzième heure ramassent à ce moment-là, parce que les prix ont changé, pour plus d'un denier de raisin, tant mieux pour eux et tant mieux pour le maître.
Décidemment dans les Evangiles la "valeur travail" est victime d'une condamnation irrévocable. 
Il nous faut par conséquent expliquer en quoi la «valeur travail» est non seulement stupide – cf. chapitre V – mais dégradante et déshumanisante.
Il convient d'abord de résumer ce qu'est le travail et de définir  l’essence philosophique du travail dans le système de la pensée dominante.
• Le travail est exploitation et doit être minimisé.                                   
Ne pas trop travailler, voilà le but implicite de tout travailleur socialement responsable.
Travailler, trop c'est-à-dire faire son travail convenablement, revient à  "prendre le travail de quelqu’un d’autre, et donc à manquer de sens social".
• A tout moment, il y a une quantité de travail fixe, qui doit donc être partagé.
• Le travail est fongible : tous les travailleurs sont égaux, et immédiatement remplaçables.
• L’emploi à vie est la règle ; ainsi que l’avancement à l’ancienneté.
• Les syndicats sont étroitement liés à l’appareil politique et sont largement subventionnés par le gouvernement.                                              Leur principal rôle est d’essayer d’empêcher tout investissement qui pourrait amener à une réduction des travailleurs qu'ils contrôlent. Ils freinent de facto tout progrès technique.
• Si l'appartenance à un syndicat n'est pas obligatoire, seuls néanmoins les syndicats sont représentatifs dans les négociations.
• La notion de productivité est implicitement dévaluée.
C'est une conception on ne peut plus dégradante du travail. Au travailleur on demande d'exécuter son travail en traînant les pieds. Puis on lui explique qu’il n’a aucune valeur spécifique, et qu’il est remplaçable à tout moment par n’importe qui d’autre. Il découvre tous les jours que ceux qui n'en font pas une rame, sont promus au même titre que lui –  ou plus rapidement ! – et il faut  cirer les pompes du permanent syndical qu’au fond de lui-même, il ne peut pas ne pas mépriser. Enfin on ne le pousse ni à progresser dans la connaissance de son métier ni à utiliser les nouvelles ressources de productivité.
Voilà qui est motivant et aide à se lever tous les matins.
Au vrai l’absentéisme est considérable dans toutes les structures organisées sur le mode de la "valeur travail". Des méchantes langues affirment  que, dans plusieurs administrations, il faut poser ses congés maladies six mois à l’avance…
Si votre relation avec votre travail est désagréable, que dire de votre relation avec ceux qui sont censés utiliser le produit de vos efforts ?
• Les prix  des "produits" générés par l'Etat –  en particulier le prix du travail –  n'ont pas pour fonction d'équilibrer l’offre et la demande : ils sont fixés par le gouvernement, par des décrets administratifs. Le fonctionnaire ne peut pas mesurer sa "valeur ajoutée " pas plus que son rôle exact dans la machinerie administrative. Il n'y a pas le moindre rapport entre son salaire et ses efforts.
• En théorie, l’administration est supposée capable d'opérer les arbitrages entre offre et demande au mieux de l’intérêt général. Dans la pratique, une demande excessive conduit à des listes d’attente, et donc des passe-droits pour les copains. A l'inverse, une demande insuffisante va engendrer des gaspillages, des gabegies : le ministère des Anciens combattants existe toujours et il compte davantage de ronds de cuir qu'à l'époque où il fut crée, au lendemain de la  Première Guerre mondiale. Le commissariat au Plan (!) existe encore, bien qu’il ait disparu depuis longtemps dans tous les pays de l’Est. Mais que font toute la journée les fonctionnaires du Plan ?
• La concurrence n’est pas acceptée : une économie étatisée ne peut exister que dans le cadre d’un monopole.
L’instituteur malheureux qui voudrait simplement enseigner aux enfants à lire et à écrire avec des méthodes qui lui sont propres, ne peut pas fonder une école, sauf à se conformer aux programmes scolaires imposés par le ministère de l'Education nationale. 
• La notion de "client " n’existe pas, elle est remplacée par celle d’usager. On perçoit aisément la différence : l’expérience de tout un chacun prouve abondamment qu’un client a toujours raison, qu’un usager a toujours tort. Un client a le choix, l’usager n’en a aucun.
Si nous passons au crible de ces critères l’économie française, nous découvrons rapidement qu’un certain nombre de secteurs déjà mentionnés par ailleurs, opère aujourd’hui selon les principes d’une économie étatisée.
Ces secteurs, sont, à tout le moins, au nombre de six :
La santé
L’éducation nationale
Les administrations centrales, régionales et communales
L’énergie
La Poste
Une bonne partie des Télécommunications
……………..
Chacun pourra ajouter sur les pointillés ci-dessus d’autres secteurs que j'aurais oubliés.
Essayons maintenant d’évaluer le poids et l’évolution historique de ces secteurs dans l’économie française.
L’INSEE publie des statistiques de la comptabilité nationale dans laquelle est calculée la "valeur ajoutée" des différentes parties de      l'économie française. La somme de ces valeurs ajoutées constitue le PNB.
Si nous additionnons la "valeur ajoutée" de chacun des secteurs mentionnés plus haut, nous aurons une idée de la taille de l’économie étatique en France. En somme, le PNB étatisé.
Si ensuite nous soustrayons du PNB national le montant que représente le PNB étatisé, nous saurons ce que représente le PNB capitaliste.
Les résultats sont instructifs.
Depuis 1978 :
• Notre "économie étatisée" a cru de 2,8 % par an, en volume.
• Notre "économie capitaliste" a eu un taux de croissance de 0,8 % par an.
• Dans le même temps, notre "’économie  étatisée" est passée de 18 % du PNB à près de 33 %.
• Le système étatisé n’a connu aucune phase de récession, c'est-à-dire une baisse en volume d’une année sur l’autre.
• Le système capitaliste en a traversé cinq.
Et l’on s’étonne que tout le monde veuille être fonctionnaire : la croissance y est supérieure, l’emploi garanti, les retraites plus précoces, le prestige social infiniment supérieur… Mais l’on y est malheureux comme un caillou si on aime son métier.
Où est alors le problème, va s'exclamer le lecteur.  Cela ne prouve-t-il pas simplement que l'économie étatisée fonctionne beaucoup mieux que le capitalisme ? Moins de récessions, plus de croissance, tout va donc très bien dans le meilleur des mondes possibles…
La réponse à cette objection est aveuglante : tous ces secteurs sont en fait en déficit perpétuels et ne peuvent subsister qu’en empruntant chaque année l’équivalent de leur trou de trésorerie ou en prenant de l’argent à ceux qui en ont en excèdent, c'est-à-dire au secteur privé.
Ce n’est pas leur efficacité économique qui est à la base de leur succès, c’est leur poids politique.
Cette croissance remarquable de l'économie étatisée s’opère en prélevant sans arrêt des richesses non gagnées sur l’économie concurrentielle, qui elle les a gagnées, et qui a de plus en plus de mal à supporter ce poids qui ne cesse de s’alourdir.
Quand le secteur concurrentiel ne pourra plus payer ces danseuses<ref>Au moins les danseuses rendaient des services, et la concurrence était rude.</ref> , c'est-à-dire bientôt, la France entrera dans un scénario argentin.
L’Argentine, ne l'oublions pas,  avait, en 1946, le deuxième niveau de vie du monde, juste derrière les Etats-Unis. Il y a dix ans, le niveau de vie y était encore de dix mille dollars par an et par habitant : il est aujourd'hui de cinq cents dollars…
Pour se convaincre du désastre qui nous guette, il suffit de remarquer que, dans tous les pays du monde, le taux de chômage est négativement corrélé au nombre des fonctionnaires: plus il y a de fonctionnaires dans un pays, plus le taux de chômage y est élevé. Si le nombre de fonctionnaires augmente de 10, le chômage augmentera de 20. Les graphiques et preuves statistiques de ce que nous avançons seront fournis à tous les lecteurs qui en feront la demande par écrit, en trois exemplaires, visés par leur mairie, et après présentation d’une pièce d’identité valable au siège social de l’éditeur, entre 10h.30 et 10h.45 les cinquième vendredi du mois…
L’Union Soviétique a crevé il y a peu sous l’effet du cancer communiste qui la rongeait. Quand il lui est devenu impossible de s'endetter avec des  taux d'intérêts réels négatifs, elle a sauté.
Les Français ne doivent pas se faire la moindre illusion : leur système économique est en passe de mourir lentement mais sûrement, parce que, en son sein, le cancer étatique est en train de croître.
La cause de ce cancer ne se  trouve nulle part ailleurs que dans le concept même de la "valeur travail".
Résumons-nous : la morale actuelle est fondée
• sur la dégradation des rapports de confiance dans le travail, c'est-à-dire sur la trop fameuse lutte des classes.
• sur l'envie comme principe organisateur de la société. Haine de celui qui a réussi.
• Enfin, sur les transferts perpétuels de capital entre les secteurs qui réussissent et ceux qui échouent.                                 
Que celui qui a un portefeuille boursier s’imagine ce qu'il adviendrait  s’il passait son temps à vendre les actions des sociétés qui tournent bien pour acheter celles des canards boiteux !                                                                                                       
C'est exactement la politique suivie au nom de la "morale sociale". Remarquons que toutes ces manœuvres sont expressément interdites par les Evangiles.
Et nous voudrions que les Français soient heureux ?
La France n’a pas besoin de reforme, elle a besoin d’une révolution culturelle.
Il nous faut retourner sagement à notre parabole, après cette nécessaire digression.
On trouve dans cette petite historiette beaucoup plus qu'une critique de la "valeur travail".
Elle illustre d'abord la nécessité de respecter un contrat.
Je dirais qu'elle illustre le caractère sacré du contrat.
On se souvient de la formule juridique : "Le contrat fait loi entre les parties". Une fois qu'il a été conclu entre les parties, –  dans la parabole,  il s’agit d’un contrat de travail –, le contrat est intangible
Le  maître le dit sans aucune ambiguïté au chef syndicaliste qui grogne.
Il dit bien plus. Ceux qui ont négocié leur contrat avant le début des opérations, les ouvriers de la première heure, d’une certaine façon ne prennent aucun risque. Ils travaillent une journée, ils touchent un denier.
Les autres, en revanche,  vont travailler sans savoir combien ils vont toucher. Ils  y vont quand même. Ils prennent donc un risque. Une fois de plus ceux qui, dans les Evangiles, prennent des risques sont toujours ceux qui gagnent.
Le Christ aime les entreprenants, oserait-on dire les entrepreneurs ?
Enfin le propriétaire de la vigne exprime une revendication qu'on peut qualifier d'inouïe : il est, et entend rester maître de sa propriété. Il revendique ses droits de propriétaire.
Les Evangiles ont en effet beaucoup à nous apprendre sur le droit de propriété.
Cette parabole contient, certes, de précieux enseignements sur le travail, mais elle en contient au moins autant sur la notion du droit de propriété.
Les trois dernières phrases sont impressionnantes de concision et de brutalité.
::« Pour moi je veux donner à ce dernier autant qu’à toi.
::Ne suis-je pas libre de faire ce que je veux de mon bien ?
::Où vois-tu d’un mauvais œil que je sois bon ? »
La première phrase tue la notion, oh combien chère à tous qu’à "travail égal, salaire égal". Elle rompt le lien sans valeur économique entre le temps que l’on a passé au travail et la rémunération que l’on en tire. Bref, une nouvelle condamnation implacable de la "valeur travail".
La deuxième affirme la liberté du propriétaire de faire ce qu’il veut de son bien, et donc condamne toute notion d’intervention extérieure dans la libre disposition de son propre patrimoine. Il n’existe pas de liberté sans la possibilité de faire ce que l’on veut de son bien.
Quant à la troisième, elle proclame avec force que la seule chose que doit prendre en compte le maître quand il décide d'une action économique, c'est son échelle de valeur. L’action  – ici de charité –  est individuelle et volontaire et ne peut s’accommoder d’aucune intervention extérieure.
La charité collective et forcée n’est pas la charité, mais une application au domaine social de l'envie.
Difficile d’être plus clair.
Le maître est libre de faire ce qu’il veut avec son argent, et il entend le rester. Sa liberté individuelle passe par son droit de propriété.
On croirait lire les Pères fondateurs de la république américaine.
La propriété n’est pas le vol comme le pensaient Rousseau, Marx ou  Proudhon.
''La propriété est la condition essentielle pour qu'existent et la  liberté et la possibilité d’exercer des choix moraux.''
Il est de surcroît très important que la notion de propriété ait été agrégée à une parabole qui concerne le travail.
Cette relation entre la propriété, le travail et la nécessité de respecter les termes de tout contrat, on la retrouve sans cesse dans les Evangiles.
Mais cette notion de propriété est beaucoup, beaucoup plus subtile qu’il n’y parait au premier abord, et nous conduit tout droit au cœur même du système capitaliste, c'est-à-dire à la notion de capital, qu'il nous faut maintenant traiter.


== Notes et références ==  
== Notes et références ==  

Version actuelle datée du 7 mai 2008 à 21:21

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Charles Gave:Les évangiles, le travail et la propriété


Anonyme


CHAPITRE VIII
Les évangiles, le travail et la propriété
Un libéral nommé Jésus
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Auteur : Charles Gave
Genre
essai, actualité
Année de parution
2005
Interwiki
Medium Amazon New Logo.jpg [1]
Index des livres
A • B • C • D • E • F • G • H • I • 

J • K • L • M • N • O • P •  Q • R • S • T • U • V • W • X • Y • Z

"Supposons que la France perde subitement ses cinquante premiers physiciens, ses cinquante premiers chimistes, ses cinquante premiers physiologistes, ses cinquante premiers banquiers, ses deux cents premiers négociants, ses six cents premiers agriculteurs, ses cinquante premiers maîtres de forges.…"

Saint-Simon[1] continue en énumérant les principales professions industrielles avant de conclure : "comme ces hommes sont les Français les plus essentiellement producteurs, la Nation deviendrait sans âme à l'instant où elle les perdrait. Elle tomberait immédiatement dans un état d'infériorité vis-à-vis des Nations dont elle est aujourd'hui la rivale et elle continuerait à rester subalterne à leur égard, tant qu'elle n'aurait pas réparé cette perte, tant qu'il ne lui aurait pas repoussé une tête".

Ailleurs Saint-Simon reprend la même idée, mais en énumérant cette fois tous les membres de l'appareil d'Etat de la famille royale : "Admettons que la France conserve tous les hommes de génie qu'elle possède dans les sciences, dans les Beaux Arts, dans les Arts et Métiers, mais qu'elle ait le malheur de perdre le même jour Monsieur, frère du Roi, Monseigneur le duc d'Angoulême… et qu'Elle perde en même temps tous les grands officiers de la Couronne, tous les ministres d'Etat avec ou sans départements, tous les conseillers d'Etat, tous les maîtres des requêtes, tous les maréchaux, tous les cardinaux, archevêques, évêques, grands vicaires et chanoines, tous les juges,… cet accident affligerait certainement les Français parce qu'ils sont bons, mais cette perte des trente mille individus réputés les plus importants de l'Etat ne causerait de chagrin que sous le rapport sentimental, car il n'en résulterait aucun mal politique pour l'Etat". Nous sommes en 1828.

En 2004, ce qui était une crainte en 1828 est en train de devenir une réalité. La France perd toutes ses forces actives… par l’émigration, résultat direct de lois iniques passées par nos élites administratives.

Grâce au ciel cependant, nous conservons tous les maîtres de requête, tous les conseillers d’Etat, tous les inspecteurs des Finances…, qui eux sont parfaitement inemployables à l’étranger car personne n’en voudrait et qui donc continuent à saigner notre pays a blanc. Mais revenons à notre sujet.

J'ai eu beaucoup de chance dans ma vie. Dans mon enfance et ma jeunesse, j'ai été entouré de quelques personnes remarquables. L’une d’entre elles, une grand-tante alsacienne, était la personne la plus droite, la plus juste et la meilleure qui se puisse imaginer. Elle était néanmoins fort souvent exaspérée par ce que disait le Christ dans les Evangiles. Ce qui l'énervait beaucoup et me mettait en joie.

Il y avait en particulier une parabole qui heurtait profondément son sens inné de la justice : celle où le maître envoie des ouvriers travailler à sa vigne.

Un chef de famille sortit dès le matin afin de louer des ouvriers pour sa vigne.
Il fit accord avec eux à raison d’un denier par jour et les envoya à sa vigne.
Il sortit vers la troisième heure, et ayant vu d’autres ouvriers qui étaient sur place, sans rien faire, il leur dit
"Allez, vous aussi, à ma vigne et je vous donnerai ce qui sera raisonnable. "
Et ils y allèrent.
Il sortit encore vers la sixième et la neuvième heure, et fit de même.
Etant sorti vers la onzième heure, il en trouva d’autres qui se tenaient sur place et leur dit
« Pourquoi vous tenez vous ici toute la journée sans rien faire ?
"C’est que personne, lui dirent-ils, ne nous a loués !"
Et il leur dit
« Allez, vous aussi, à ma vigne »
Quand le soir fut venu, le maître de la vigne dit à son intendant
« Appelle les ouvriers, et donne leur leur salaire, en allant des derniers aux premiers »
Les ouvriers loués à la onzième heure vinrent et reçurent chacun un denier.
Puis vinrent les premiers, qui croyaient recevoir davantage, et ils reçurent, eux aussi, un denier chacun.
En le touchant, ils murmuraient contre le maître, et disaient
"Ces derniers n’ont fait qu’une heure, et tu les mets sur le même pied que nous qui avons supporté la fatigue et l’ardeur brûlante ::du jour "
Mais le maître prenant la parole dit
"Mon ami, je ne te fais point de tort :
N’es-tu pas convenu d’un denier avec moi ?
Prends ce qui te revient et va-t-en.
Pour moi, je veux donner à ce dernier autant qu’à toi.
Ne suis-je pas libre de faire ce que je veux de mon bien ?
Où vois-tu d’un mauvais œil que je sois bon ?"

A l’évidence, le maître était un économiste de l’école marginaliste autrichienne. Ce que fait le maître semble parfaitement injuste, mais est profondément rationnel du point de vue économique. Ce qui compte pour le maître, ce n’est pas combien il paye ses ouvriers, mais combien ses ouvriers lui rapportent. Les premiers ouvriers couvrent leurs coûts, au moment où le contrat est passé. Mais rien ne nous dit que le prix du raisin n’est pas monté de la première à la troisième heure.

Si tel est le cas, le maître doit aussitôt s'organiser pour que l'on cueille plus de raisins. Et il doit sortir à nouveau pour embaucher d'autres ouvriers. Si le prix est encore monté entre la troisième et la sixième heure, il devra recommencer l'opération et ainsi de suite. Ceux que cette parabole agace ont ancré dans la tête, qu’ils le veuillent ou non, l’idée profondément marxiste et socialisante de la "valeur travail"[2].

Ce qui donne de la valeur au travail des ouvriers, c’est la vente du raisin, et non pas le fait que les pauvres ouvriers de la première heure aient eu plus chaud en plein soleil –ce qu :ils croient dans leur naïveté. Si les ouvriers de la onzième heure ramassent à ce moment-là, parce que les prix ont changé, pour plus d'un denier de raisin, tant mieux pour eux et tant mieux pour le maître.

Décidemment dans les Evangiles la "valeur travail" est victime d'une condamnation irrévocable.

Il nous faut par conséquent expliquer en quoi la «valeur travail» est non seulement stupide – cf. chapitre V – mais dégradante et déshumanisante.

Il convient d'abord de résumer ce qu'est le travail et de définir l’essence philosophique du travail dans le système de la pensée dominante. • Le travail est exploitation et doit être minimisé. Ne pas trop travailler, voilà le but implicite de tout travailleur socialement responsable. Travailler, trop c'est-à-dire faire son travail convenablement, revient à "prendre le travail de quelqu’un d’autre, et donc à manquer de sens social".

• A tout moment, il y a une quantité de travail fixe, qui doit donc être partagé.

• Le travail est fongible : tous les travailleurs sont égaux, et immédiatement remplaçables.

• L’emploi à vie est la règle ; ainsi que l’avancement à l’ancienneté.

• Les syndicats sont étroitement liés à l’appareil politique et sont largement subventionnés par le gouvernement. Leur principal rôle est d’essayer d’empêcher tout investissement qui pourrait amener à une réduction des travailleurs qu'ils contrôlent. Ils freinent de facto tout progrès technique.

• Si l'appartenance à un syndicat n'est pas obligatoire, seuls néanmoins les syndicats sont représentatifs dans les négociations.

• La notion de productivité est implicitement dévaluée.

C'est une conception on ne peut plus dégradante du travail. Au travailleur on demande d'exécuter son travail en traînant les pieds. Puis on lui explique qu’il n’a aucune valeur spécifique, et qu’il est remplaçable à tout moment par n’importe qui d’autre. Il découvre tous les jours que ceux qui n'en font pas une rame, sont promus au même titre que lui – ou plus rapidement ! – et il faut cirer les pompes du permanent syndical qu’au fond de lui-même, il ne peut pas ne pas mépriser. Enfin on ne le pousse ni à progresser dans la connaissance de son métier ni à utiliser les nouvelles ressources de productivité.

Voilà qui est motivant et aide à se lever tous les matins. Au vrai l’absentéisme est considérable dans toutes les structures organisées sur le mode de la "valeur travail". Des méchantes langues affirment que, dans plusieurs administrations, il faut poser ses congés maladies six mois à l’avance…

Si votre relation avec votre travail est désagréable, que dire de votre relation avec ceux qui sont censés utiliser le produit de vos efforts ?

• Les prix des "produits" générés par l'Etat – en particulier le prix du travail – n'ont pas pour fonction d'équilibrer l’offre et la demande : ils sont fixés par le gouvernement, par des décrets administratifs. Le fonctionnaire ne peut pas mesurer sa "valeur ajoutée " pas plus que son rôle exact dans la machinerie administrative. Il n'y a pas le moindre rapport entre son salaire et ses efforts.

• En théorie, l’administration est supposée capable d'opérer les arbitrages entre offre et demande au mieux de l’intérêt général. Dans la pratique, une demande excessive conduit à des listes d’attente, et donc des passe-droits pour les copains. A l'inverse, une demande insuffisante va engendrer des gaspillages, des gabegies : le ministère des Anciens combattants existe toujours et il compte davantage de ronds de cuir qu'à l'époque où il fut crée, au lendemain de la Première Guerre mondiale. Le commissariat au Plan (!) existe encore, bien qu’il ait disparu depuis longtemps dans tous les pays de l’Est. Mais que font toute la journée les fonctionnaires du Plan ?

• La concurrence n’est pas acceptée : une économie étatisée ne peut exister que dans le cadre d’un monopole. L’instituteur malheureux qui voudrait simplement enseigner aux enfants à lire et à écrire avec des méthodes qui lui sont propres, ne peut pas fonder une école, sauf à se conformer aux programmes scolaires imposés par le ministère de l'Education nationale.

• La notion de "client " n’existe pas, elle est remplacée par celle d’usager. On perçoit aisément la différence : l’expérience de tout un chacun prouve abondamment qu’un client a toujours raison, qu’un usager a toujours tort. Un client a le choix, l’usager n’en a aucun.

Si nous passons au crible de ces critères l’économie française, nous découvrons rapidement qu’un certain nombre de secteurs déjà mentionnés par ailleurs, opère aujourd’hui selon les principes d’une économie étatisée.

Ces secteurs, sont, à tout le moins, au nombre de six :

La santé L’éducation nationale Les administrations centrales, régionales et communales L’énergie La Poste Une bonne partie des Télécommunications ……………..

Chacun pourra ajouter sur les pointillés ci-dessus d’autres secteurs que j'aurais oubliés.

Essayons maintenant d’évaluer le poids et l’évolution historique de ces secteurs dans l’économie française. L’INSEE publie des statistiques de la comptabilité nationale dans laquelle est calculée la "valeur ajoutée" des différentes parties de l'économie française. La somme de ces valeurs ajoutées constitue le PNB.

Si nous additionnons la "valeur ajoutée" de chacun des secteurs mentionnés plus haut, nous aurons une idée de la taille de l’économie étatique en France. En somme, le PNB étatisé.

Si ensuite nous soustrayons du PNB national le montant que représente le PNB étatisé, nous saurons ce que représente le PNB capitaliste.

Les résultats sont instructifs.

Depuis 1978 :

• Notre "économie étatisée" a cru de 2,8 % par an, en volume.

• Notre "économie capitaliste" a eu un taux de croissance de 0,8 % par an.

• Dans le même temps, notre "’économie étatisée" est passée de 18 % du PNB à près de 33 %.

• Le système étatisé n’a connu aucune phase de récession, c'est-à-dire une baisse en volume d’une année sur l’autre.

• Le système capitaliste en a traversé cinq.

Et l’on s’étonne que tout le monde veuille être fonctionnaire : la croissance y est supérieure, l’emploi garanti, les retraites plus précoces, le prestige social infiniment supérieur… Mais l’on y est malheureux comme un caillou si on aime son métier.

Où est alors le problème, va s'exclamer le lecteur. Cela ne prouve-t-il pas simplement que l'économie étatisée fonctionne beaucoup mieux que le capitalisme ? Moins de récessions, plus de croissance, tout va donc très bien dans le meilleur des mondes possibles…

La réponse à cette objection est aveuglante : tous ces secteurs sont en fait en déficit perpétuels et ne peuvent subsister qu’en empruntant chaque année l’équivalent de leur trou de trésorerie ou en prenant de l’argent à ceux qui en ont en excèdent, c'est-à-dire au secteur privé.

Ce n’est pas leur efficacité économique qui est à la base de leur succès, c’est leur poids politique. Cette croissance remarquable de l'économie étatisée s’opère en prélevant sans arrêt des richesses non gagnées sur l’économie concurrentielle, qui elle les a gagnées, et qui a de plus en plus de mal à supporter ce poids qui ne cesse de s’alourdir.

Quand le secteur concurrentiel ne pourra plus payer ces danseuses[3] , c'est-à-dire bientôt, la France entrera dans un scénario argentin.

L’Argentine, ne l'oublions pas, avait, en 1946, le deuxième niveau de vie du monde, juste derrière les Etats-Unis. Il y a dix ans, le niveau de vie y était encore de dix mille dollars par an et par habitant : il est aujourd'hui de cinq cents dollars…

Pour se convaincre du désastre qui nous guette, il suffit de remarquer que, dans tous les pays du monde, le taux de chômage est négativement corrélé au nombre des fonctionnaires: plus il y a de fonctionnaires dans un pays, plus le taux de chômage y est élevé. Si le nombre de fonctionnaires augmente de 10, le chômage augmentera de 20. Les graphiques et preuves statistiques de ce que nous avançons seront fournis à tous les lecteurs qui en feront la demande par écrit, en trois exemplaires, visés par leur mairie, et après présentation d’une pièce d’identité valable au siège social de l’éditeur, entre 10h.30 et 10h.45 les cinquième vendredi du mois…

L’Union Soviétique a crevé il y a peu sous l’effet du cancer communiste qui la rongeait. Quand il lui est devenu impossible de s'endetter avec des taux d'intérêts réels négatifs, elle a sauté.

Les Français ne doivent pas se faire la moindre illusion : leur système économique est en passe de mourir lentement mais sûrement, parce que, en son sein, le cancer étatique est en train de croître.

La cause de ce cancer ne se trouve nulle part ailleurs que dans le concept même de la "valeur travail". Résumons-nous : la morale actuelle est fondée

• sur la dégradation des rapports de confiance dans le travail, c'est-à-dire sur la trop fameuse lutte des classes.

• sur l'envie comme principe organisateur de la société. Haine de celui qui a réussi.

• Enfin, sur les transferts perpétuels de capital entre les secteurs qui réussissent et ceux qui échouent.

Que celui qui a un portefeuille boursier s’imagine ce qu'il adviendrait s’il passait son temps à vendre les actions des sociétés qui tournent bien pour acheter celles des canards boiteux !

C'est exactement la politique suivie au nom de la "morale sociale". Remarquons que toutes ces manœuvres sont expressément interdites par les Evangiles.

Et nous voudrions que les Français soient heureux ?

La France n’a pas besoin de reforme, elle a besoin d’une révolution culturelle.

Il nous faut retourner sagement à notre parabole, après cette nécessaire digression. On trouve dans cette petite historiette beaucoup plus qu'une critique de la "valeur travail". Elle illustre d'abord la nécessité de respecter un contrat.

Je dirais qu'elle illustre le caractère sacré du contrat. On se souvient de la formule juridique : "Le contrat fait loi entre les parties". Une fois qu'il a été conclu entre les parties, – dans la parabole, il s’agit d’un contrat de travail –, le contrat est intangible

Le maître le dit sans aucune ambiguïté au chef syndicaliste qui grogne.

Il dit bien plus. Ceux qui ont négocié leur contrat avant le début des opérations, les ouvriers de la première heure, d’une certaine façon ne prennent aucun risque. Ils travaillent une journée, ils touchent un denier. Les autres, en revanche, vont travailler sans savoir combien ils vont toucher. Ils y vont quand même. Ils prennent donc un risque. Une fois de plus ceux qui, dans les Evangiles, prennent des risques sont toujours ceux qui gagnent. Le Christ aime les entreprenants, oserait-on dire les entrepreneurs ?

Enfin le propriétaire de la vigne exprime une revendication qu'on peut qualifier d'inouïe : il est, et entend rester maître de sa propriété. Il revendique ses droits de propriétaire.

Les Evangiles ont en effet beaucoup à nous apprendre sur le droit de propriété.

Cette parabole contient, certes, de précieux enseignements sur le travail, mais elle en contient au moins autant sur la notion du droit de propriété.

Les trois dernières phrases sont impressionnantes de concision et de brutalité.

« Pour moi je veux donner à ce dernier autant qu’à toi.
Ne suis-je pas libre de faire ce que je veux de mon bien ?
Où vois-tu d’un mauvais œil que je sois bon ? »

La première phrase tue la notion, oh combien chère à tous qu’à "travail égal, salaire égal". Elle rompt le lien sans valeur économique entre le temps que l’on a passé au travail et la rémunération que l’on en tire. Bref, une nouvelle condamnation implacable de la "valeur travail".

La deuxième affirme la liberté du propriétaire de faire ce qu’il veut de son bien, et donc condamne toute notion d’intervention extérieure dans la libre disposition de son propre patrimoine. Il n’existe pas de liberté sans la possibilité de faire ce que l’on veut de son bien.

Quant à la troisième, elle proclame avec force que la seule chose que doit prendre en compte le maître quand il décide d'une action économique, c'est son échelle de valeur. L’action – ici de charité – est individuelle et volontaire et ne peut s’accommoder d’aucune intervention extérieure.

La charité collective et forcée n’est pas la charité, mais une application au domaine social de l'envie.

Difficile d’être plus clair.

Le maître est libre de faire ce qu’il veut avec son argent, et il entend le rester. Sa liberté individuelle passe par son droit de propriété.

On croirait lire les Pères fondateurs de la république américaine. La propriété n’est pas le vol comme le pensaient Rousseau, Marx ou Proudhon.

La propriété est la condition essentielle pour qu'existent et la liberté et la possibilité d’exercer des choix moraux.

Il est de surcroît très important que la notion de propriété ait été agrégée à une parabole qui concerne le travail. Cette relation entre la propriété, le travail et la nécessité de respecter les termes de tout contrat, on la retrouve sans cesse dans les Evangiles.

Mais cette notion de propriété est beaucoup, beaucoup plus subtile qu’il n’y parait au premier abord, et nous conduit tout droit au cœur même du système capitaliste, c'est-à-dire à la notion de capital, qu'il nous faut maintenant traiter.

Notes et références

  1. Economiste français ayant vécu au début du XIXème siècle
  2. Pauvre chère vieille tante: si elle avait su que dans le fond, elle était marxiste, elle aurait été extrêmement surprise. Mais il est vrai que le marxisme a largement puisé dans le vieux fonds idéologique de l’église Catholique. Karl Marx, petit fils de Rabin !, était d’ailleurs violemment antisémite, comme la plupart des catholiques de son époque. L’église catholique s’est affranchie non sans mal de son antisémitisme, pas encore de son anticapitalisme, qui a pourtant exactement les mêmes racines intellectuelles.
  3. Au moins les danseuses rendaient des services, et la concurrence était rude.
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