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Lysander Spooner:Les Vices ne sont pas des crimes - XVI


Anonyme


XVI

Mais, demandera-t-on, "le gouvernement n'a-t-il aucun droit d'empêcher des individus de s'avancer plus loin sur la voie de l'auto-destruction ?"

La réponse est que le gouvernement n'a pas le moindre droit dans ce domaine, tant que ces personnes prétendument vicieuses demeurent saines, compos mentis, capables d'afficher un discernement et une retenue raisonnables ; parce que, tant qu'elles demeurent saines d'esprit, elles doivent être habilitées à juger et à décider pour elles-mêmes si oui ou non leurs prétendus vices en sont réellement ; si oui ou non ils les conduisent vraiment à la destruction ; et si oui ou non, dans l'ensemble, c'est détruites qu'elles finiront. Si ces individus deviennent fous, non compos mentis, incapables de discernement et de retenue raisonnables, leurs amis ou voisins, ou le gouvernement, devront prendre soin d'eux, et les protéger des mauvaises actions, et contre toutes les personnes qui pourraient leur faire du mal, de la même façon que si leur folie avait été causée par n'importe quoi d'autre que leurs supposés vices.

Parce qu'un homme est soupçonné, par ses voisins, d'être sur la route de l'auto-destruction à cause de ses vices, cela ne veut pas dire qu'il est fou, non compos mentis, incapable d'un discernement et d'une retenue raisonnables, dans les limites de la signification légale de ces termes. Des hommes et des femmes peuvent s'adonner à des vices affreux, et à un grand nombre de ces derniers - tels que la gloutonnerie, l'ivrognerie, la prostitution, le jeu, la boxe, la chique, la fumée et la prise de tabac, l'absorption d'opium, le port de guêpières, l'oisiveté, le gaspillage de biens, l'avarice, l'hypocrisie, etc., etc. - et demeurer sains d'esprit, compos mentis, capables d'un discernement et d'une retenue raisonnables, dans les limites de la signification de la loi. Et tant qu'ils demeurent sains d'esprit, ils doivent être habilités à se contrôler eux-mêmes et à contrôler leurs biens, et à être leur propre juge pour déterminer où vont les mener leurs vices. Des observateurs pourraient espérer, dans chaque cas individuel, que la personne vicieuse verrait la fin vers laquelle elle se dirige, et soit amenée à faire demi-tour. Mais si elle choisit de poursuivre vers ce que d'autres hommes appellent auto-destruction, elle doit avoir la permission de le faire. Et tout ce qu'on pourra dire d'elle, en ce qui concerne cette vie, est qu'elle a commis une grosse erreur dans sa quête du bonheur et que d'autres feraient bien de prendre son destin comme un avertissement. Quant à savoir quelle serait sa condition dans une autre vie, il s'agit là d'une question théologique avec laquelle la loi de ce monde n'a pas plus à voir qu'elle n'a à voir avec n'importe quelle autre question théologique traitant de la condition des hommes dans une vie future.

Si la question posée est : comment savoir si un homme vicieux est sain d'esprit ou fou ?, la réponse est que cela doit être déterminé par les mêmes sortes de preuves que pour démontrer la raison ou la folie de ceux qui sont appelés vertueux, et seulement de cette manière. C'est-à-dire, à l'aide des mêmes sortes de preuves que celles par lesquelles les tribunaux légaux déterminent si un homme doit être envoyé à l'asile des fous, ou s'il est en capacité de faire un testament, ou disposer autrement de ses biens. Le moindre doute doit peser en faveur de sa raison, comme dans tous les autres cas, et non pas en faveur de sa folie.

Si une personne devient vraiment folle, non compos mentis, incapable d'un discernement et d'une retenue raisonnables, cela constitue alors un crime, de la part des autres hommes, de lui donner ou de lui vendre les moyens de se faire du mal[1]. Il n'y a pas de crimes plus facilement punissables, pas d'affaires dans lesquelles les jurés seraient plus disposés à rendre un verdict de culpabilité, que ceux où une personne saine d'esprit vendrait ou donnerait à un dément n'importe quel article avec lequel ce dernier pourrait se faire du mal.

Notes

  1. ^ : Donner à un dément un couteau, ou n'importe quelle autre arme, ou chose, par laquelle il est susceptible de se blesser, constitue un crime.

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