Il est maintenant évident, pour les raisons déjà énumérées, qu'un gouvernement serait totalement impossible à gérer s'il devait faire entrer dans le domaine de sa compétence les vices, et les punir en tant que crimes. Chaque être humain a ses vices. Pratiquement tous les hommes en ont un grand nombre. Et il y en a de toutes sortes ; physiologiques, mentaux, affectifs, religieux, économiques, etc, etc. Si un gouvernement doit dire que l'un de ces vices relève de sa compétence, et qu'il le punit en tant que crime, alors, pour être cohérent, il doit dire que tous les vices relèvent de sa compétence, et les punir tous de manière impartiale. Il en résulterait que tout le monde, homme ou femme, se retrouverait en prison pour ses vices. Il ne resterait personne dehors pour verrouiller les portes derrière les prisonniers. En fait, on ne trouverait pas suffisamment de tribunaux pour juger les délinquants, et on ne pourrait pas construire suffisamment de prisons pour les enfermer.
Toute activité humaine menant à l'acquisition de la connaissance, et même à l'acquisition de moyens de subsistance, serait arrêtée : car nous serions tous constamment jugés ou enfermés à cause de nos vices. Mais même s'il était possible d'emprisonner toutes les personnes vicieuses, notre connaissance de la nature humaine nous dit que, en règle générale, elles deviendraient bien plus vicieuses en prison qu'elles ne l'avaient jamais été à l'extérieur.