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La découverte du marginalisme fut la première et l’une des plus énergiques réfutations de cette idée que l’économie avait besoin des mathématiques pour dépasser l’horizon théorique qui était le sien. Les travaux de Menger prouvèrent, s’il était nécessaire, que cette nouvelle théorie économique pouvait être obtenue et énoncée autrement que par les équations, les graphiques, et des formulations aussi obscures que « le degré d’utilité est le coefficient différentiel de u considéré comme une fonction de x ». <ref>William Stanley Jevons, ''Theory of Political Economy'' ; cité dans Gérard-Marie Henry, ''Histoire de la pensée économique'', Armand Colin, 2009, p 143</ref> | La découverte du marginalisme fut la première et l’une des plus énergiques réfutations de cette idée que l’économie avait besoin des mathématiques pour dépasser l’horizon théorique qui était le sien. Les travaux de Menger prouvèrent, s’il était nécessaire, que cette nouvelle théorie économique pouvait être obtenue et énoncée autrement que par les équations, les graphiques, et des formulations aussi obscures que « le degré d’utilité est le coefficient différentiel de u considéré comme une fonction de x ». <ref>William Stanley Jevons, ''Theory of Political Economy'' ; cité dans Gérard-Marie Henry, ''Histoire de la pensée économique'', Armand Colin, 2009, p 143</ref> | ||
Pourtant, malgré le succès de Menger avec une méthode entièrement littéraire, Léon Walras se félicita de cette première victoire de son « économie mathématique ». « La légitimité et l’utilité de l’usage des mathématiques en économie m’ont été principalement prouvées par ses résultats, c’est-à-dire par la clarification de théories jadis complètement obscures : par exemple, la théorie de la valeur. » ref>Léon Walras, ''Correspondence of Leon Walras and Related Papers'', North-Holland Publishing Company, Vol. I, 1965, p.742</ref> | Pourtant, malgré le succès de Menger avec une méthode entièrement littéraire, Léon Walras se félicita de cette première victoire de son « économie mathématique ». « La légitimité et l’utilité de l’usage des mathématiques en économie m’ont été principalement prouvées par ses résultats, c’est-à-dire par la clarification de théories jadis complètement obscures : par exemple, la théorie de la valeur. » <ref>Léon Walras, ''Correspondence of Leon Walras and Related Papers'', North-Holland Publishing Company, Vol. I, 1965, p.742</ref> | ||
Tandis que Walras et Jevons adoptèrent la méthode mathématique avec enthousiasme, l’autrichien Carl Menger s’y opposa formellement. Dans une lettre envoyée à Walras, Menger écrira ses raisons : « Nous n’étudions pas seulement les relations quantitatives mais aussi la nature ou l’essence des phénomènes économiques. Comment pouvons-nous parvenir à une connaissance de ceux-ci (c’est-à-dire la nature de la valeur, de la rente, du profit, de la division du travail, du bimétallisme, etc.) par les méthodes mathématiques ? » <ref>T. W. Hutchison, « Some Themes from Investigations into Method » in Hicks & Weber (éds.), ''Carl Menger and the Austrian School of Economics'', Oxford Clarenton Press, 1974, p. 17</ref> | Tandis que Walras et Jevons adoptèrent la méthode mathématique avec enthousiasme, l’autrichien Carl Menger s’y opposa formellement. Dans une lettre envoyée à Walras, Menger écrira ses raisons : « Nous n’étudions pas seulement les relations quantitatives mais aussi la nature ou l’essence des phénomènes économiques. Comment pouvons-nous parvenir à une connaissance de ceux-ci (c’est-à-dire la nature de la valeur, de la rente, du profit, de la division du travail, du bimétallisme, etc.) par les méthodes mathématiques ? » <ref>T. W. Hutchison, « Some Themes from Investigations into Method » in Hicks & Weber (éds.), ''Carl Menger and the Austrian School of Economics'', Oxford Clarenton Press, 1974, p. 17</ref> |
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