Différences entre les versions de « Herbert Spencer:Les péchés des législateurs »

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Dans la génération précédente, une discussion s'était élevée à propos de l'insuffisance et de l'insalubrité des habitations ouvrières, et j'eus l'occasion de m'occuper de la question. Voici un extrait de ce que j'écrivis alors :
Dans la génération précédente, une discussion s'était élevée à propos de l'insuffisance et de l'insalubrité des habitations ouvrières, et j'eus l'occasion de m'occuper de la question. Voici un extrait de ce que j'écrivis alors :


"Un architecte, qui est à. la fois inspecteur, dit que la loi de construction a eu les effets suivants : dans ces districts de Londres où se trouvent des maisons. délabrées, construites de cette façon peu solide que la nouvelle loi de construction devait. changer, les propriétaires, dont les maisons ont été bâties avant le vote de la nouvelle loi, obtiennent une moyenne de loyer suffisamment rémunératrice. Cette moyenne détermine le loyer qu'il faut demander dans ces districts pour les nouvelles maisons disposées de la même manière, c'est-à-dire ayant le même nombre de chambres, car les gens pour lesquels on les bâtit, n'apprécient pas la sécurité donnée par des murs consolidés par des barres de fer. Or, il résulte de l'expérience faite que les maisons construites conformément aux règlements actuels, et louées au prix ainsi établi, ne rapportent pas un revenu raisonnable. Les constructeurs se sont donc bornés à élever des maisons dans de meilleurs districts (où la possibilité d'une concurrence utile avec des maisons préexistantes montre que ces maisons préexistantes étaient passablement commodes), et ont cessé de bâtir pour les masses, excepté dans les faubourgs où n'existe pas d'insalubrité réclamant des changements urgents. En attendant, dans les districts pauvres, décrits ci-dessus, il s'est produit un surcroît d'agglomération, une demi-douzaine de familles dans une maison, une vingtaine de locataires dans une chambre. Bien plus, d'autres conséquences en sont résultées. Le triste état de dilapidation dans lequel on permet que ces habitations des pauvres tombent, est dû à l'absence de concurrence faite par des maisons neuves. Les propriétaires ne trouvent pas que leurs locataires soient tentés de les quitter par l'offre d'un meilleur logement. Les réparations, n'étant pas nécessaires pour assurer la plus grande somme de bénéfices, ne sont pas faites... En vérité, la plus grande partie des horreurs auxquelles nos agitateurs sanitaires cherchent à remédier par des lois, nous les devons à des agitateurs antérieurs de la même école.&nbsp;<ref>''Social Statics'', p. 384, édition de 1851.</ref>"  
:"Un architecte, qui est à la fois inspecteur, dit que la loi de construction a eu les effets suivants : dans ces districts de Londres où se trouvent des maisons. délabrées, construites de cette façon peu solide que la nouvelle loi de construction devait. changer, les propriétaires, dont les maisons ont été bâties avant le vote de la nouvelle loi, obtiennent une moyenne de loyer suffisamment rémunératrice. Cette moyenne détermine le loyer qu'il faut demander dans ces districts pour les nouvelles maisons disposées de la même manière, c'est-à-dire ayant le même nombre de chambres, car les gens pour lesquels on les bâtit, n'apprécient pas la sécurité donnée par des murs consolidés par des barres de fer. Or, il résulte de l'expérience faite que les maisons construites conformément aux règlements actuels, et louées au prix ainsi établi, ne rapportent pas un revenu raisonnable. Les constructeurs se sont donc bornés à élever des maisons dans de meilleurs districts (où la possibilité d'une concurrence utile avec des maisons préexistantes montre que ces maisons préexistantes étaient passablement commodes), et ont cessé de bâtir pour les masses, excepté dans les faubourgs où n'existe pas d'insalubrité réclamant des changements urgents. En attendant, dans les districts pauvres, décrits ci-dessus, il s'est produit un surcroît d'agglomération, une demi-douzaine de familles dans une maison, une vingtaine de locataires dans une chambre. Bien plus, d'autres conséquences en sont résultées. Le triste état de dilapidation dans lequel on permet que ces habitations des pauvres tombent, est dû à l'absence de concurrence faite par des maisons neuves. Les propriétaires ne trouvent pas que leurs locataires soient tentés de les quitter par l'offre d'un meilleur logement. Les réparations, n'étant pas nécessaires pour assurer la plus grande somme de bénéfices, ne sont pas faites... En vérité, la plus grande partie des horreurs auxquelles nos agitateurs sanitaires cherchent à remédier par des lois, nous les devons à des agitateurs antérieurs de la même école.&nbsp;<ref>''Social Statics'', p. 384, édition de 1851.</ref>"  


Ces maux ne sont pas les seuls causés par la législation. Le passage suivant montre qu'on en a encore reconnu d'autres.
Ces maux ne sont pas les seuls causés par la législation. Le passage suivant montre qu'on en a encore reconnu d'autres.


"Dans un article du ''Constructeur'' antérieur à l'abrogation de l'impôt sur la tuile, nous lisons : "On suppose qu'un quart des dépenses pour une habitation, qui se loue à 2 shillings 6 deniers ou à 3 shillings par semaine, est imputable aux frais de contrat et à la taxe sur le bois et les briques employées dans la. construction. Naturellement le propriétaire veut rentrer dans ses dépenses, et il fait payer 7 pence et demi ou 9 pence pour s'indemniser." M. C. Gatliff, secrétaire de la Société pour l'amélioration des maisons ouvrières, décrivant les effets de l'impôt sur les fenêtres, dit : "Notre Société paie maintenant dans Saint-Pancras la somme de 162 livres, 16 shillings en impôts sur les fenêtres, ou l p. 100 par an sur la mise de fonds. La moyenne des loyers payés par les locataires de la Société est de 5 shillings, 6 deniers par semaine, et l'impôt sur les fenêtres en absorbe 7 pence un quart par semaine.&nbsp;<ref>''Times'', 31 janvier 1850. - ''Social Statics'', p. 385, édition de 1851.</ref>"  
:"Dans un article du ''Constructeur'' antérieur à l'abrogation de l'impôt sur la tuile, nous lisons : "On suppose qu'un quart des dépenses pour une habitation, qui se loue à 2 shillings 6 deniers ou à 3 shillings par semaine, est imputable aux frais de contrat et à la taxe sur le bois et les briques employées dans la. construction. Naturellement le propriétaire veut rentrer dans ses dépenses, et il fait payer 7 pence et demi ou 9 pence pour s'indemniser." M. C. Gatliff, secrétaire de la Société pour l'amélioration des maisons ouvrières, décrivant les effets de l'impôt sur les fenêtres, dit : "Notre Société paie maintenant dans Saint-Pancras la somme de 162 livres, 16 shillings en impôts sur les fenêtres, ou l p. 100 par an sur la mise de fonds. La moyenne des loyers payés par les locataires de la Société est de 5 shillings, 6 deniers par semaine, et l'impôt sur les fenêtres en absorbe 7 pence un quart par semaine.&nbsp;<ref>''Times'', 31 janvier 1850. - ''Social Statics'', p. 385, édition de 1851.</ref>"  


Ce ne sont pas les seuls témoignages fournis par les publications da cette époque. Le ''Times'' du 7 décembre 1850 a publié une lettre datée du ''Reform Club'', et signée ''Architecte'', dans laquelle nous lisons les passages suivants :
Ce ne sont pas les seuls témoignages fournis par les publications da cette époque. Le ''Times'' du 7 décembre 1850 a publié une lettre datée du ''Reform Club'', et signée ''Architecte'', dans laquelle nous lisons les passages suivants :


"Lord Kinnaird recommande dans votre numéro d'hier la construction d'habitations modèles par la réunion de deux ou trois maisons en une seule.
:"Lord Kinnaird recommande dans votre numéro d'hier la construction d'habitations modèles par la réunion de deux ou trois maisons en une seule.


"Permettez-moi de suggérer à Sa Seigneurie, et à son ami Lord Ashley, sur lequel il s'appuie, que si :
:"Permettez-moi de suggérer à Sa Seigneurie, et à son ami Lord Ashley, sur lequel il s'appuie, que si :


"1° La taxe des fenêtres était abolie ;
:"1° La taxe des fenêtres était abolie ;


"2° La loi de construction était abrogée (excepté les articles ordonnant que les murs intérieurs et extérieurs soient à l'épreuve du feu) ;
:"2° La loi de construction était abrogée (excepté les articles ordonnant que les murs intérieurs et extérieurs soient à l'épreuve du feu) ;


"3° Les droits sur les bois de charpente étaient égalisés ou abrogés, etc. ;
:"3° Les droits sur les bois de charpente étaient égalisés ou abrogés, etc. ;


"4° Une loi était votée pour faciliter le transfert de la propriété ;
:"4° Une loi était votée pour faciliter le transfert de la propriété ;


"Il n'y aurait pas plus de raisons pour construire des maisons d'habitation modèles qu'il n'y en a pour construire des vaisseaux modèles, des filatures modèles ou des machines à vapeur modèles.  
:"Il n'y aurait pas plus de raisons pour construire des maisons d'habitation modèles qu'il n'y en a pour construire des vaisseaux modèles, des filatures modèles ou des machines à vapeur modèles.  


"La première limite la maison du pauvre à sept fenêtres..
:"La première limite la maison du pauvre à sept fenêtres..


"La seconde limite la surface de la maison du pauvre à 25 pieds sur 18 (à peu près les dimensions d'une salle à manger convenable), et dans cet espace, le constructeur est obligé de placer un escalier, une entrée, une salle commune et une cuisine (y compris les murs et les séparations).
:"La seconde limite la surface de la maison du pauvre à 25 pieds sur 18 (à peu près les dimensions d'une salle à manger convenable), et dans cet espace, le constructeur est obligé de placer un escalier, une entrée, une salle commune et une cuisine (y compris les murs et les séparations).


"Les troisièmes poussent le constructeur à employer polar la maison du pauvre du bois impropre à la construction, les droits sur la bonne marchandise (Riga), étant quinze fois supérieur à ceux sur la mauvaise (Canada). Le gouvernement exclut même cette dernière de tous ses contrats.
:"Les troisièmes poussent le constructeur à employer polar la maison du pauvre du bois impropre à la construction, les droits sur la bonne marchandise (Riga), étant quinze fois supérieur à ceux sur la mauvaise (Canada). Le gouvernement exclut même cette dernière de tous ses contrats.


"La quatrième apporterait de grands changements à l'état misérable actuel des habitations des pauvres. De petites propriétés foncières libres pourraient alors être transférées aussi facilement que des tenures par bail. Souvent on a mal construit, uniquement parce qu'on a bâti sur des terrains tenus à bail."
:"La quatrième apporterait de grands changements à l'état misérable actuel des habitations des pauvres. De petites propriétés foncières libres pourraient alors être transférées aussi facilement que des tenures par bail. Souvent on a mal construit, uniquement parce qu'on a bâti sur des terrains tenus à bail."


Pour ne commettre ni erreur ni exagération, j'ai consulté M. C. Forrest, entrepreneur ayant quarante ans d'expérience et grand constructeur dans les quartiers pauvres. Comme il est membre du conseil de fabrique et du Comité de bienfaisance, il joint la connaissance des affaires publiques locales à ses vastes connaissances en tout ce qui concerne la construction. M. Forrest, qui m'autorise à donner son nom, confirme les assertions précédentes à l'exception d'une seule qu'il trouve au-dessous de la vérité. Il dit que "Architecte" atténue le mal causé par la définition de "une maison de quatrième classe", puisque les dimensions sont bien inférieures à celles qu'il donne (peut-être en conformité avec les dispositions d'une loi de construction plus récente). M. Forrest est allé plus loin. Outre qu'il montre les mauvais effets de la forte augmentation des revenus du fonds (en soixante ans elle a été de l livre à 8 livres 10 sh. pour une maison de quatrième classe) qui; jointe à d'autres causes, l'avait obligé à renoncer aux plans qu'il avait faits pour des habitations ouvrières dont il avait l'intention d'entreprendre la construction ; outre qu'il est d'accord avec "Architecte" que ce mal a été beaucoup accru par les difficultés du transfert des propriétés foncières, résultant du système de fidéicommis et de substitution établi par les lois, il a fait ressortir que le développement des charges locales (il les appelait impôts prohibitifs) était un autre obstacle apporté à la construction de maisons de petites dimensions. Un de ses arguments est qu'au prix de revient de chaques maison neuve il faut ajouter les taxes pour l'entretien de la chaussée et des égoûts, qui sont réglées d'après la longueur de la face et qui pèsent par conséquent plus lourdement sur les maisons sans profondeur que sur les maisons profondes.
Pour ne commettre ni erreur ni exagération, j'ai consulté M. C. Forrest, entrepreneur ayant quarante ans d'expérience et grand constructeur dans les quartiers pauvres. Comme il est membre du conseil de fabrique et du Comité de bienfaisance, il joint la connaissance des affaires publiques locales à ses vastes connaissances en tout ce qui concerne la construction. M. Forrest, qui m'autorise à donner son nom, confirme les assertions précédentes à l'exception d'une seule qu'il trouve au-dessous de la vérité. Il dit que "Architecte" atténue le mal causé par la définition de "une maison de quatrième classe", puisque les dimensions sont bien inférieures à celles qu'il donne (peut-être en conformité avec les dispositions d'une loi de construction plus récente). M. Forrest est allé plus loin. Outre qu'il montre les mauvais effets de la forte augmentation des revenus du fonds (en soixante ans elle a été de l livre à 8 livres 10 sh. pour une maison de quatrième classe) qui; jointe à d'autres causes, l'avait obligé à renoncer aux plans qu'il avait faits pour des habitations ouvrières dont il avait l'intention d'entreprendre la construction ; outre qu'il est d'accord avec "Architecte" que ce mal a été beaucoup accru par les difficultés du transfert des propriétés foncières, résultant du système de fidéicommis et de substitution établi par les lois, il a fait ressortir que le développement des charges locales (il les appelait impôts prohibitifs) était un autre obstacle apporté à la construction de maisons de petites dimensions. Un de ses arguments est qu'au prix de revient de chaques maison neuve il faut ajouter les taxes pour l'entretien de la chaussée et des égoûts, qui sont réglées d'après la longueur de la face et qui pèsent par conséquent plus lourdement sur les maisons sans profondeur que sur les maisons profondes.
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L'anthropologue allemand Bastian nous dit que, si un naturel de la Guinée est malade et qu'il fasse mentir le fétiche en ne guérissant pas, on l'étrangle, et il est permis de supposer que chez les habitants de la Guinée tout individu assez audacieux pour mettre en doute le pouvoir du fétiche serait bien vite mis à mort. A l'époque où l'autorité gouvernementale était soutenue par des mesures sévères, il y a avait un danger analogue à parler avec irrévérence du fétiche politique. De nos jours, cependant, la plus grande punition qu'ait à craindre un homme qui met sa toute puissance a en question, c'est d'être traité de réactionnaire qui parle du ''laissez faire''. Il ne peut pas espérer diminuer la foi établie à l'aide des faits qu'il aura recueillis, car nous voyons tous les jours que cette foi est à l'épreuve de tout témoignage contradictoire. Examinons un petit nombre de ces témoignages multiples auxquels on ne prête nulle attention.
L'anthropologue allemand Bastian nous dit que, si un naturel de la Guinée est malade et qu'il fasse mentir le fétiche en ne guérissant pas, on l'étrangle, et il est permis de supposer que chez les habitants de la Guinée tout individu assez audacieux pour mettre en doute le pouvoir du fétiche serait bien vite mis à mort. A l'époque où l'autorité gouvernementale était soutenue par des mesures sévères, il y a avait un danger analogue à parler avec irrévérence du fétiche politique. De nos jours, cependant, la plus grande punition qu'ait à craindre un homme qui met sa toute puissance a en question, c'est d'être traité de réactionnaire qui parle du ''laissez faire''. Il ne peut pas espérer diminuer la foi établie à l'aide des faits qu'il aura recueillis, car nous voyons tous les jours que cette foi est à l'épreuve de tout témoignage contradictoire. Examinons un petit nombre de ces témoignages multiples auxquels on ne prête nulle attention.


"Un bureau du gouvernement ressemble à un filtre renversé ; vous y envoyez des comptes clairs, ils en sortent embrouillés". Telle est la comparaison faite en ma présence, il y a bien des années, par 1e défunt Sir Charles Fox qui avait une grande expérience des services administratifs. Si la comparaison citée appartient à lui seul, son opinion est commune à bien des personnes, comme tout le monde le sait. Les scandales divulgués par la presse et les critiques exprimées dans le parlement ne laissent ignorer à personne les vices de la routine officielle. Ses lenteurs, dont on se plaint continuellement, et qui allaient à l'époque de M. Fox Maule "jusqu'à laisser les commissions des officiers à peu près deux années en retard", se sont encore manifestées récemment par la publication du recensement général de 1881 plus de deux années après que les renseignements eussent été recueillis. Si nous cherchons l'explication de ces lenteurs, nous trouvons qu'elles proviennent d'une confusion à peine croyable. Au sujet des états du recensement, le directeur général de l'enregistrement nous dit "que la difficulté ne réside pas seulement dans la grande quantité des différentes circonscriptions dont il faut tenir compte, mais encore davantage dans la division inextricable de leurs limites". Il y a en effet 39,000 circonscriptions administratives de vingt-deux espèces différentes qui empiètent l'une sur l'autre, des cantons, des paroisses, des bourgs, des quartiers, des ressorts de justices de paix, des gouvernements, des districts sanitaires urbains et ruraux, des diocèses, des districts d'enregistrement, etc. Et ainsi, comme l'indique M. Rathbone&nbsp;<ref>''The Nineteenth Century'', février 1883.</ref>, ces nombreuses espèces de circonscriptions superposées avec leurs limites entrecroisées ont leurs différents corps administratifs dont les pouvoirs s'étendent à leurs districts réciproques. Quelqu'un demande-t-il : pourquoi le Parlement a-t-il établi une nouvelle série de divisions pour chaque nouvelle administration ? La réponse qui se présente naturellement, c'est qu'il a voulu conserver de la suite dans la méthode. Cette confusion organisée correspond tout à fait à la confusion organisée que le parlement augmente chaque année en ajoutant au tas de ses anciennes mesures législatives une certaine quantité de mesures nouvelles, dont les dispositions contrecarrent et changent de mille manières les dispositions des nombreux actes législatifs auxquels on les ajoute : le soin de déterminer ce qui est la loi est laissé aux particuliers qui perdent leur fortune pour obtenir une interprétation des juges. D'autre part, ce système consistante recouvrir des réseaux de districts par d'autres réseaux est tout à fait conforme à la méthode d'après laquelle le lecteur de la loi de 1872 sur l'hygiène publique, qui désire savoir à quelles obligations il est soumis, est renvoyé à vingt-six lois précédentes de différentes catégories et faites à des dates très diverses&nbsp;<ref>"''Statistics of Legislation''", par F. H. Janson Esq. F.L.S., vice-président de la société de Législation.</ref>. Nous pouvons en dire autant de l'inertie administrative. Continuellement il se présente des cas qui démontrent la résistance du fonctionnarisme au progrès : tel est celui de l'Amirauté qui, lorsqu'on lui proposa l'emploi du télégraphe électrique, répondit : "nous avons un très bon système de sémaphores", ou celui de l'administration des Postes qui, comme le défunt sir Charles Siemens l'a dit, il y a bien des années, a mis des obstacles à l'emploi des méthodes perfectionnées de télégraphie, et a entravé depuis l'usage du téléphone. D'autres cas analogues à celui des habitations ouvrières montrent de temps en temps comment l'État augmente d'une main les maux qu'il cherche à diminuer de l'autre ; par exemple il met un droit sur les assurances contre l'incendie et établit des règlements qui doivent faciliter l'extinction des incendies, ou il prescrit certains modes de construction qui, comme le capitaine Shaw le prouve, produisent un surcroît de dangers&nbsp;<ref>''Fire Surveys, or a Summary of the Principles to be observed in estimating the risk of Buildings''.</ref>. D'autre part, les absurdités de la routine officielle, qui se montre rigide là où elle ne le devrait pas et fait preuve de mollesse là où elle devrait se montrer rigide, sautent quelquefois si fortement aux yeux qu'elles deviennent scandaleuses. Ainsi nous voyons un document officiel secret de grande importance rendu public, après qu'il eut été mis entre les mains d'un copiste mal payé qui n'était pas même employé permanent du gouvernement ; ou bien on cache, à nos officiers supérieurs d'artillerie la méthode de faire de la fonte Morsom et ils l'apprennent des Russes auxquels on avait permis d'en prendre connaissance ; ou bien un diagramme, montrant les distances auxquelles les cuirassés anglais et étrangers peuvent être perforés par nos grands canons, est communiqué par un ''attaché'' hardi à son propre gouvernement, et connu ensuite "par tous les gouvernements de l'Europe", tandis que nos propres officiers ignorent le fait&nbsp;<ref>V. Le ''Times'', 6 octobre 1874, où l'on cite d'autres exemples.</ref>. Il n'en est pas autrement de la surveillance administrative. Il a été démontré que le contrôle de l'argent était superflu, tandis qu'il portait préjudice au commerce de l'argenterie&nbsp;<ref>''The State in its Relation to Trade'', pas Sir Thomas Ferrer, p. 147.</ref> ; dans certains cas il a diminué la qualité en établissant un titre qu'il est inutile de dépasser. Examinez aussi le cas du marché au beurre de Cork où il est désavantageux d'apporter des qualités supérieures, puisqu'elles ne peuvent profiter de leur réputation&nbsp;<ref>''Ibid''. p. 149.</ref>, ou bien celui de la fumigation du hareng (à présent facultative). Ici la réglementation a eu pour effet de mettre les nombreux saleurs inférieurs, qui atteignent juste le niveau de l'approbation officielle, de pair avec las quelques saleurs meilleurs qui dépassent ce niveau, et de décourager ainsi les derniers. Mais on ne profite pas de pareilles leçons. Même dans les cas où l'insuccès de la surveillance saute le plus aux yeux, il passe inaperçu ; comme le prouve la terrible catastrophe dans laquelle le pont sur la Tay s'effondra et un train rempli de monde fut englouti par les flots. De tous côtés s'élevèrent des cris contre l'ingénieur, l'entrepreneur, etc. ; mais on ne parla pas ou on parla peu du fonctionnaire qui avait donné au pont l'approbation officielle. Il en est de même des mesures préventives contre les maladies. On ne réfléchit pas que, sous la direction et par suite des prescriptions des agents de l'État, il se produit de grandes calamités ; par exemple, lorsque quatre vingt-sept femmes et enfants de soldats périssent dans le vaisseau Accrington ; ou quand la fièvre typhoïde et la diphtérie sont propagées par un système de drainage officiel, comme à Edimburg&nbsp;<ref>Hansard, vol-civii, p. 718, et vol-civii, p. 4464.</ref>, ou quand des mesures sanitaires, ordonnées par l'Etat et toujours mal appliquées, augmentent les maux qu'elles ont pour but de diminuer&nbsp;<ref>Lettre d'un médecin d'Edimbourg, confirmant d'autres témoignages. J'en avais cité un relatif à Windsor où, comme à Edimbourg, il n'y avait aucun cas de fièvre typhoïde dans les parties non drainées et où elle fut très pernicieuse dans les parties drainées. - ''Study of Sociology'', chap. 1, Notes.</ref>.
:"Un bureau du gouvernement ressemble à un filtre renversé ; vous y envoyez des comptes clairs, ils en sortent embrouillés". Telle est la comparaison faite en ma présence, il y a bien des années, par 1e défunt Sir Charles Fox qui avait une grande expérience des services administratifs. Si la comparaison citée appartient à lui seul, son opinion est commune à bien des personnes, comme tout le monde le sait. Les scandales divulgués par la presse et les critiques exprimées dans le parlement ne laissent ignorer à personne les vices de la routine officielle. Ses lenteurs, dont on se plaint continuellement, et qui allaient à l'époque de M. Fox Maule "jusqu'à laisser les commissions des officiers à peu près deux années en retard", se sont encore manifestées récemment par la publication du recensement général de 1881 plus de deux années après que les renseignements eussent été recueillis. Si nous cherchons l'explication de ces lenteurs, nous trouvons qu'elles proviennent d'une confusion à peine croyable. Au sujet des états du recensement, le directeur général de l'enregistrement nous dit "que la difficulté ne réside pas seulement dans la grande quantité des différentes circonscriptions dont il faut tenir compte, mais encore davantage dans la division inextricable de leurs limites". Il y a en effet 39,000 circonscriptions administratives de vingt-deux espèces différentes qui empiètent l'une sur l'autre, des cantons, des paroisses, des bourgs, des quartiers, des ressorts de justices de paix, des gouvernements, des districts sanitaires urbains et ruraux, des diocèses, des districts d'enregistrement, etc. Et ainsi, comme l'indique M. Rathbone&nbsp;<ref>''The Nineteenth Century'', février 1883.</ref>, ces nombreuses espèces de circonscriptions superposées avec leurs limites entrecroisées ont leurs différents corps administratifs dont les pouvoirs s'étendent à leurs districts réciproques. Quelqu'un demande-t-il : pourquoi le Parlement a-t-il établi une nouvelle série de divisions pour chaque nouvelle administration ? La réponse qui se présente naturellement, c'est qu'il a voulu conserver de la suite dans la méthode. Cette confusion organisée correspond tout à fait à la confusion organisée que le parlement augmente chaque année en ajoutant au tas de ses anciennes mesures législatives une certaine quantité de mesures nouvelles, dont les dispositions contrecarrent et changent de mille manières les dispositions des nombreux actes législatifs auxquels on les ajoute : le soin de déterminer ce qui est la loi est laissé aux particuliers qui perdent leur fortune pour obtenir une interprétation des juges. D'autre part, ce système consistante recouvrir des réseaux de districts par d'autres réseaux est tout à fait conforme à la méthode d'après laquelle le lecteur de la loi de 1872 sur l'hygiène publique, qui désire savoir à quelles obligations il est soumis, est renvoyé à vingt-six lois précédentes de différentes catégories et faites à des dates très diverses&nbsp;<ref>"''Statistics of Legislation''", par F. H. Janson Esq. F.L.S., vice-président de la société de Législation.</ref>. Nous pouvons en dire autant de l'inertie administrative. Continuellement il se présente des cas qui démontrent la résistance du fonctionnarisme au progrès : tel est celui de l'Amirauté qui, lorsqu'on lui proposa l'emploi du télégraphe électrique, répondit : "nous avons un très bon système de sémaphores", ou celui de l'administration des Postes qui, comme le défunt sir Charles Siemens l'a dit, il y a bien des années, a mis des obstacles à l'emploi des méthodes perfectionnées de télégraphie, et a entravé depuis l'usage du téléphone. D'autres cas analogues à celui des habitations ouvrières montrent de temps en temps comment l'État augmente d'une main les maux qu'il cherche à diminuer de l'autre ; par exemple il met un droit sur les assurances contre l'incendie et établit des règlements qui doivent faciliter l'extinction des incendies, ou il prescrit certains modes de construction qui, comme le capitaine Shaw le prouve, produisent un surcroît de dangers&nbsp;<ref>''Fire Surveys, or a Summary of the Principles to be observed in estimating the risk of Buildings''.</ref>. D'autre part, les absurdités de la routine officielle, qui se montre rigide là où elle ne le devrait pas et fait preuve de mollesse là où elle devrait se montrer rigide, sautent quelquefois si fortement aux yeux qu'elles deviennent scandaleuses. Ainsi nous voyons un document officiel secret de grande importance rendu public, après qu'il eut été mis entre les mains d'un copiste mal payé qui n'était pas même employé permanent du gouvernement ; ou bien on cache, à nos officiers supérieurs d'artillerie la méthode de faire de la fonte Morsom et ils l'apprennent des Russes auxquels on avait permis d'en prendre connaissance ; ou bien un diagramme, montrant les distances auxquelles les cuirassés anglais et étrangers peuvent être perforés par nos grands canons, est communiqué par un ''attaché'' hardi à son propre gouvernement, et connu ensuite "par tous les gouvernements de l'Europe", tandis que nos propres officiers ignorent le fait&nbsp;<ref>V. Le ''Times'', 6 octobre 1874, où l'on cite d'autres exemples.</ref>. Il n'en est pas autrement de la surveillance administrative. Il a été démontré que le contrôle de l'argent était superflu, tandis qu'il portait préjudice au commerce de l'argenterie&nbsp;<ref>''The State in its Relation to Trade'', pas Sir Thomas Ferrer, p. 147.</ref> ; dans certains cas il a diminué la qualité en établissant un titre qu'il est inutile de dépasser. Examinez aussi le cas du marché au beurre de Cork où il est désavantageux d'apporter des qualités supérieures, puisqu'elles ne peuvent profiter de leur réputation&nbsp;<ref>''Ibid''. p. 149.</ref>, ou bien celui de la fumigation du hareng (à présent facultative). Ici la réglementation a eu pour effet de mettre les nombreux saleurs inférieurs, qui atteignent juste le niveau de l'approbation officielle, de pair avec las quelques saleurs meilleurs qui dépassent ce niveau, et de décourager ainsi les derniers. Mais on ne profite pas de pareilles leçons. Même dans les cas où l'insuccès de la surveillance saute le plus aux yeux, il passe inaperçu ; comme le prouve la terrible catastrophe dans laquelle le pont sur la Tay s'effondra et un train rempli de monde fut englouti par les flots. De tous côtés s'élevèrent des cris contre l'ingénieur, l'entrepreneur, etc. ; mais on ne parla pas ou on parla peu du fonctionnaire qui avait donné au pont l'approbation officielle. Il en est de même des mesures préventives contre les maladies. On ne réfléchit pas que, sous la direction et par suite des prescriptions des agents de l'État, il se produit de grandes calamités ; par exemple, lorsque quatre vingt-sept femmes et enfants de soldats périssent dans le vaisseau Accrington ; ou quand la fièvre typhoïde et la diphtérie sont propagées par un système de drainage officiel, comme à Edimburg&nbsp;<ref>Hansard, vol-civii, p. 718, et vol-civii, p. 4464.</ref>, ou quand des mesures sanitaires, ordonnées par l'Etat et toujours mal appliquées, augmentent les maux qu'elles ont pour but de diminuer&nbsp;<ref>Lettre d'un médecin d'Edimbourg, confirmant d'autres témoignages. J'en avais cité un relatif à Windsor où, comme à Edimbourg, il n'y avait aucun cas de fièvre typhoïde dans les parties non drainées et où elle fut très pernicieuse dans les parties drainées. - ''Study of Sociology'', chap. 1, Notes.</ref>.


Des masses de preuves de ce genre n'ébranlent pas la confiance avec laquelle on invoque l'inspection sanitaire - on l'invoque même plus que jamais ; - comme le démontre une suggestion récente d'après laquelle toutes les écoles publiques devraient être placées sous la surveillance dit métlecins nommés par le gouvernement. Bien plus, même quand l'État a été manifestement la cause du mal dont on se plaint, la foi dans son intervention bienfaisante n'en est pas diminuée, comme nous le voyons par le fait qu'ayant, il y a quelques trente ans, donné l'autorisation ou plutôt intimé l'ordre aux villes d'établir des systèmes de drainage déversant les eaux des égouts dans les rivières, et ayant ainsi infecté les sources d'eau, des cris s'élevèrent contre la compagnies des eaux à cause de l'impureté de ces dernières ; et ces cris continuèrent après que les villes eurent été forcées de transformer complètement, à des frais énormes, leur système de drainage. Et maintenant, comme seul remède, on demande que l'État gère toute l'affaire, par l'intermédiaire de ses mandataires locaux. Les méfaits de l'État deviennent, comme dans le cas des habitations industrielles, un motif pour le prier d'en commettre davantage.
Des masses de preuves de ce genre n'ébranlent pas la confiance avec laquelle on invoque l'inspection sanitaire - on l'invoque même plus que jamais ; - comme le démontre une suggestion récente d'après laquelle toutes les écoles publiques devraient être placées sous la surveillance dit métlecins nommés par le gouvernement. Bien plus, même quand l'État a été manifestement la cause du mal dont on se plaint, la foi dans son intervention bienfaisante n'en est pas diminuée, comme nous le voyons par le fait qu'ayant, il y a quelques trente ans, donné l'autorisation ou plutôt intimé l'ordre aux villes d'établir des systèmes de drainage déversant les eaux des égouts dans les rivières, et ayant ainsi infecté les sources d'eau, des cris s'élevèrent contre la compagnies des eaux à cause de l'impureté de ces dernières ; et ces cris continuèrent après que les villes eurent été forcées de transformer complètement, à des frais énormes, leur système de drainage. Et maintenant, comme seul remède, on demande que l'État gère toute l'affaire, par l'intermédiaire de ses mandataires locaux. Les méfaits de l'État deviennent, comme dans le cas des habitations industrielles, un motif pour le prier d'en commettre davantage.
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En vérité l'adoration de la législature est sous un rapport moins excusable que celle du fétiche, à laquelle je l'ai comparée tacitement. Le sauvage peut alléguer que son fétiche ne parle pas, qu'il ne confesse pas son impuissance. Mais l'homme civilisé persiste à attribuer à cette idole faite de ses propres mains des pouvoirs que d'une façon eu d'une autre elle reconnaît ne pas posséder. Je ne veux pas dire seulement que les débats nous révèlent tous les jours des mesures législatives qui ont causé du mal au lieu de faire du bien, ni que les milliers d'actes législatifs, qui abrogent des actes précédents, sont autant d'aveux tacites d'insuccès. Je ne fais pas non plus allusion à ces confessions quasi-officielles, par exemple à celle contenue dans le rapport des commissaires de la loi des pauvres, lesquels s'expriment ainsi : "D'une part, nous trouvons à peine un seul statut touchant l'administration de la bienfaisance publique qui ait produit l'effet visé par la législature ; au contraire la plupart ont été l'origine de maux nouveaux et ont aggravé ceux qu'ils avaient pour but d'empêcher&nbsp;<ref>''History of English Poor Law'', t. II, p. 252, par Nicholl.</ref>." Je fais plutôt allusion à certaines confessions d'hommes d'État et d'administrations publiques. Par exemple, dans un mémoire adressé à M. Gladstone, et adopté par un meeting de personnages très influents, tenu sous la présidence du défunt Lord Lyttelton, je lis :
En vérité l'adoration de la législature est sous un rapport moins excusable que celle du fétiche, à laquelle je l'ai comparée tacitement. Le sauvage peut alléguer que son fétiche ne parle pas, qu'il ne confesse pas son impuissance. Mais l'homme civilisé persiste à attribuer à cette idole faite de ses propres mains des pouvoirs que d'une façon eu d'une autre elle reconnaît ne pas posséder. Je ne veux pas dire seulement que les débats nous révèlent tous les jours des mesures législatives qui ont causé du mal au lieu de faire du bien, ni que les milliers d'actes législatifs, qui abrogent des actes précédents, sont autant d'aveux tacites d'insuccès. Je ne fais pas non plus allusion à ces confessions quasi-officielles, par exemple à celle contenue dans le rapport des commissaires de la loi des pauvres, lesquels s'expriment ainsi : "D'une part, nous trouvons à peine un seul statut touchant l'administration de la bienfaisance publique qui ait produit l'effet visé par la législature ; au contraire la plupart ont été l'origine de maux nouveaux et ont aggravé ceux qu'ils avaient pour but d'empêcher&nbsp;<ref>''History of English Poor Law'', t. II, p. 252, par Nicholl.</ref>." Je fais plutôt allusion à certaines confessions d'hommes d'État et d'administrations publiques. Par exemple, dans un mémoire adressé à M. Gladstone, et adopté par un meeting de personnages très influents, tenu sous la présidence du défunt Lord Lyttelton, je lis :


"Nous, soussignés, membres de la Chambre des lords et de la Chambre des communes, et habitants de la capitale., reconnaissant pleinement la vérité et la gravité de votre assertion à la Chambre des communes en 1866 d'après laquelle toutes nos dispositions législatives concernant les travaux publics sont lamentables, qu'on y trouve à la fois de l'indécision, de l'incertitude, des dépenses exagérées, de l'extravagance, de la lésinerie et tous les vices imaginables&nbsp;<ref>Voyez le ''Times'', 31 mars 1873.</ref>, etc., etc."  
:"Nous, soussignés, membres de la Chambre des lords et de la Chambre des communes, et habitants de la capitale., reconnaissant pleinement la vérité et la gravité de votre assertion à la Chambre des communes en 1866 d'après laquelle toutes nos dispositions législatives concernant les travaux publics sont lamentables, qu'on y trouve à la fois de l'indécision, de l'incertitude, des dépenses exagérées, de l'extravagance, de la lésinerie et tous les vices imaginables&nbsp;<ref>Voyez le ''Times'', 31 mars 1873.</ref>, etc., etc."  


Voici encore un exemple fourni par une note récente du Conseil de commerce (novembre 1883) où il est dit que "depuis le comité des naufrages en 1836, il y a eu à. peine une session pendant laquelle il n'ait été voté une loi ou il n'ait été pris une mesure soit par la législature soit par le gouvernement pour empêcher les naufrages", et que "la multiplicité des statuts, condensés en une seule loi en 1854, est devenue de nouveau un scandale et une source de reproches", chaque mesure étant votée parce que les précédentes avaient échoué. Puis vient immédiatement cet aveu que "depuis 1876 les pertes en hommes et en vaisseaux ont été plus fortes qu'elles ne l'avaient jamais été auparavant." En attendant les frais d'administration ont monté de 17 000 livres à 73 000 livres par an.
Voici encore un exemple fourni par une note récente du Conseil de commerce (novembre 1883) où il est dit que "depuis le comité des naufrages en 1836, il y a eu à. peine une session pendant laquelle il n'ait été voté une loi ou il n'ait été pris une mesure soit par la législature soit par le gouvernement pour empêcher les naufrages", et que "la multiplicité des statuts, condensés en une seule loi en 1854, est devenue de nouveau un scandale et une source de reproches", chaque mesure étant votée parce que les précédentes avaient échoué. Puis vient immédiatement cet aveu que "depuis 1876 les pertes en hommes et en vaisseaux ont été plus fortes qu'elles ne l'avaient jamais été auparavant." En attendant les frais d'administration ont monté de 17 000 livres à 73 000 livres par an.
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La vérité que je viens d'exposer étant d'une importance vitale, puisque, selon qu'on l'accepte ou qu'on la rejette, toutes nos opinions politiques changent, je prends la permission d'y insister en citant certains passages d'un ouvrage que j'ai publié en 1851 ; je demande seulement au lecteur de ne pas me croire lié aux conclusions téléologiques qui y sont contenues. Après avoir décrit "cet état universel de guerre au milieu duquel vivent tous les êtres inférieurs" et avoir montré qu'il en résulte une certaine somme de biens, j'ai continué ainsi :
La vérité que je viens d'exposer étant d'une importance vitale, puisque, selon qu'on l'accepte ou qu'on la rejette, toutes nos opinions politiques changent, je prends la permission d'y insister en citant certains passages d'un ouvrage que j'ai publié en 1851 ; je demande seulement au lecteur de ne pas me croire lié aux conclusions téléologiques qui y sont contenues. Après avoir décrit "cet état universel de guerre au milieu duquel vivent tous les êtres inférieurs" et avoir montré qu'il en résulte une certaine somme de biens, j'ai continué ainsi :


"Remarquez en outre, que leurs ennemis carnivores font non seulement disparaître dans les troupeaux herbivores les individus qui ont dépassé la force de l'âge, mais extirpent aussi ceux qui sont maladifs, mal conformés, et moins agiles ou moins vigoureux. Cette épuration jointe aux nombreux combats pendant la saison de l'accouplement empêche la dégénération de la race qui résulterait de la multiplication des individus inférieurs, et assure le maintien d'une constitution complètement adaptée au milieu environnant, par conséquent, la plus propre à produire le bien-être.
:"Remarquez en outre, que leurs ennemis carnivores font non seulement disparaître dans les troupeaux herbivores les individus qui ont dépassé la force de l'âge, mais extirpent aussi ceux qui sont maladifs, mal conformés, et moins agiles ou moins vigoureux. Cette épuration jointe aux nombreux combats pendant la saison de l'accouplement empêche la dégénération de la race qui résulterait de la multiplication des individus inférieurs, et assure le maintien d'une constitution complètement adaptée au milieu environnant, par conséquent, la plus propre à produire le bien-être.


"Le développement des espèces supérieures est un progrès vers une forme d'existence capable de procurer une félicité exempte de ces nécessités fâcheuses. C'est dans la race humaine que cette félicité doit se réaliser. La civilisation est la dernière étape vers sa réalisation. Et l'homme idéal, c'est l'homme vivant dans les conditions où elle est réalisée. En attendant, le bien-être de l'humanité existante et le progrès vers la perfection finale sont assurés l'un et l'autre par cette discipline bienfaisante mais sévère, à laquelle toute la nature animée est assujettie : discipline impitoyable, loi inexorable qui mènent au bonheur mais qui ne fléchissent jamais pour éviter d'infliger des souffrances partielles et temporaires. La pauvreté des incapables, la détresse des imprudents, le dénuement des paresseux, cet écrasement des faibles par les forts, qui laisse un si grand nombre "dans les bas-fonds et la misère" sont les décrets d'une bienveillance immense et prévoyante."
:"Le développement des espèces supérieures est un progrès vers une forme d'existence capable de procurer une félicité exempte de ces nécessités fâcheuses. C'est dans la race humaine que cette félicité doit se réaliser. La civilisation est la dernière étape vers sa réalisation. Et l'homme idéal, c'est l'homme vivant dans les conditions où elle est réalisée. En attendant, le bien-être de l'humanité existante et le progrès vers la perfection finale sont assurés l'un et l'autre par cette discipline bienfaisante mais sévère, à laquelle toute la nature animée est assujettie : discipline impitoyable, loi inexorable qui mènent au bonheur mais qui ne fléchissent jamais pour éviter d'infliger des souffrances partielles et temporaires. La pauvreté des incapables, la détresse des imprudents, le dénuement des paresseux, cet écrasement des faibles par les forts, qui laisse un si grand nombre "dans les bas-fonds et la misère" sont les décrets d'une bienveillance immense et prévoyante."


"Pour devenir propre à l'état social, l'homme n'a pas seulement besoin de perdre sa nature sauvage, il faut encore qu'il acquière les capacités indispensables dans la vie civilisée. Il l'ait qu'il développe la faculté de s'appliquer, qu'il modifie son intellect de façon à l'approprier à ses nouvelles tâches, et surtout, il faut qu'il possède l'énergie capable de renoncer à une petite jouissance immédiate pour en obtenir une plus grande dans l'avenir. L'état de transition sera naturellement un état malheureux. La misère résulte inévitablement du désaccord entre la constitution et les conditions. Tous ces maux qui nous affligent, et qui semblent aux ignorants les conséquences évidentes de telle ou telle cause qu'on peut écarter, accompagnent fatalement l'adaptation en voie de s'accomplir. L'humanité est obligée de se soumettre aux nécessités inexorables de sa nouvelle position, il faut qu'elle s'y confirme et qu'elle supporte de son mieux les maux qui en dérivent. Il ''faut'' que le processus sois subi, il ''faut'' que les souffrances soient endurées. Aucune puissance sur terre, aucune loi imaginée par des législateurs habiles, aucun projet destiné à rectifier les choses humaines, aucune panacée communiste, aucune réforme que les hommes aient jamais accomplie ou qu'ils accompliront jamais, ne peuvent diminuer ces souffrances d'un iota. On peut en augmenter l'intensité et on l'augmente ; et le philosophe; qui veut empêcher ce mal, trouvera toujours dans cette tâche d'amples moyens de s'exercer. Mais le changement entraîne à sa suite une quantité ''normale'' de souffrances qui ne peuvent être amoindries sans qu'on altères les lois mêmes de la vie..."
:"Pour devenir propre à l'état social, l'homme n'a pas seulement besoin de perdre sa nature sauvage, il faut encore qu'il acquière les capacités indispensables dans la vie civilisée. Il l'ait qu'il développe la faculté de s'appliquer, qu'il modifie son intellect de façon à l'approprier à ses nouvelles tâches, et surtout, il faut qu'il possède l'énergie capable de renoncer à une petite jouissance immédiate pour en obtenir une plus grande dans l'avenir. L'état de transition sera naturellement un état malheureux. La misère résulte inévitablement du désaccord entre la constitution et les conditions. Tous ces maux qui nous affligent, et qui semblent aux ignorants les conséquences évidentes de telle ou telle cause qu'on peut écarter, accompagnent fatalement l'adaptation en voie de s'accomplir. L'humanité est obligée de se soumettre aux nécessités inexorables de sa nouvelle position, il faut qu'elle s'y confirme et qu'elle supporte de son mieux les maux qui en dérivent. Il ''faut'' que le processus sois subi, il ''faut'' que les souffrances soient endurées. Aucune puissance sur terre, aucune loi imaginée par des législateurs habiles, aucun projet destiné à rectifier les choses humaines, aucune panacée communiste, aucune réforme que les hommes aient jamais accomplie ou qu'ils accompliront jamais, ne peuvent diminuer ces souffrances d'un iota. On peut en augmenter l'intensité et on l'augmente ; et le philosophe; qui veut empêcher ce mal, trouvera toujours dans cette tâche d'amples moyens de s'exercer. Mais le changement entraîne à sa suite une quantité ''normale'' de souffrances qui ne peuvent être amoindries sans qu'on altères les lois mêmes de la vie..."


"Naturellement, si la rigueur de ce processus est mitigée par la sympathie spontanée des hommes les uns pour les autres, il n'y a rien à redire : quoique cette sympathie produise certainement du mal quand elle se manifeste sans examen préalable des conséquences finales. Mais les inconvénients qui en résultent ne sont rien en comparaison du bien accompli. C'est seulement quand elle pousse à des actes d'iniquité, quand elle est la cause d'une immixtion défendue par la loi de la liberté égale pour tous, quand, en procédant de la sorte, elle suspend dans une manifestation particulière de la vie la relation entre la constitution et les conditions, c'est dans ces cas seulement qu'elle produit uniquement du mal. Alors, cependant, elle déjoue elle-même ses desseins. Elle favorisera multiplication des hommes les moins propres à l'existence, et empêche, par conséquent, la multiplication des hommes les plus propres à l'existence, laissant moins de place pour ces derniers. Elle tend à remplir le monde de gens à qui la vie apportera le plus de souffrances et à en fermer l'entrée à ceux à qui elle apportera le plus de plaisirs. Elle inflige une misère positive et empêche un bonheur positif.&nbsp;<ref>''Social Statics'', p. 322-325 et p. 380-381, édition de 1851.</ref>"  
:"Naturellement, si la rigueur de ce processus est mitigée par la sympathie spontanée des hommes les uns pour les autres, il n'y a rien à redire : quoique cette sympathie produise certainement du mal quand elle se manifeste sans examen préalable des conséquences finales. Mais les inconvénients qui en résultent ne sont rien en comparaison du bien accompli. C'est seulement quand elle pousse à des actes d'iniquité, quand elle est la cause d'une immixtion défendue par la loi de la liberté égale pour tous, quand, en procédant de la sorte, elle suspend dans une manifestation particulière de la vie la relation entre la constitution et les conditions, c'est dans ces cas seulement qu'elle produit uniquement du mal. Alors, cependant, elle déjoue elle-même ses desseins. Elle favorisera multiplication des hommes les moins propres à l'existence, et empêche, par conséquent, la multiplication des hommes les plus propres à l'existence, laissant moins de place pour ces derniers. Elle tend à remplir le monde de gens à qui la vie apportera le plus de souffrances et à en fermer l'entrée à ceux à qui elle apportera le plus de plaisirs. Elle inflige une misère positive et empêche un bonheur positif.&nbsp;<ref>''Social Statics'', p. 322-325 et p. 380-381, édition de 1851.</ref>"  


Bien que le tiers d'un siècle se soit écoula depuis la publication de ces passages, je n'ai aucun motif pour abandonner la position prise à ce moment-là. Au contraire, ce laps de temps a amené une foule de preuves qui fortifient cette position. Il a démontré que, si les individus capables survivent seuls, il en résulte des conséquences infiniment plus heureuses que celles indiquées plus haut. M. Darwin a prouvé que la "sélection naturelle" jointe à une tendance à la variation et à l'hérédité des variations, était une des causes principales (mais non la seule cause, à ce que je crois) de cette évolution grâce à laquelle tous les êtres vivants, en commençant par les plus humbles ont atteint leur organisation actuelle et l'adaptation à leur mode d'existence. Cette vérité est devenue tellement familière que je dois m'excuser de la citer. Et cependant, chose étrange à dire, maintenant que cette vérité est admise par la plupart des gens éclairés, maintenant qu'ils sont pénétrés de l'influence bienfaisante de la perpétuation des plus capables à tel point qu'on devrait s'attendre à las voir hésiter avant d'en neutraliser les effets, maintenant plus qu'à aucune époque antérieure de l'histoire du monde, ils font tous leurs efforts pour favoriser la perpétuation des plus incapables.
Bien que le tiers d'un siècle se soit écoula depuis la publication de ces passages, je n'ai aucun motif pour abandonner la position prise à ce moment-là. Au contraire, ce laps de temps a amené une foule de preuves qui fortifient cette position. Il a démontré que, si les individus capables survivent seuls, il en résulte des conséquences infiniment plus heureuses que celles indiquées plus haut. M. Darwin a prouvé que la "sélection naturelle" jointe à une tendance à la variation et à l'hérédité des variations, était une des causes principales (mais non la seule cause, à ce que je crois) de cette évolution grâce à laquelle tous les êtres vivants, en commençant par les plus humbles ont atteint leur organisation actuelle et l'adaptation à leur mode d'existence. Cette vérité est devenue tellement familière que je dois m'excuser de la citer. Et cependant, chose étrange à dire, maintenant que cette vérité est admise par la plupart des gens éclairés, maintenant qu'ils sont pénétrés de l'influence bienfaisante de la perpétuation des plus capables à tel point qu'on devrait s'attendre à las voir hésiter avant d'en neutraliser les effets, maintenant plus qu'à aucune époque antérieure de l'histoire du monde, ils font tous leurs efforts pour favoriser la perpétuation des plus incapables.
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