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Au milieu des généralisations grandioses et des affirmations passionnées de volonté de puissance qui caractérisent tout débat politique, nous risquons de perdre l'humilité gardienne de notre raison. Pour voir les choses comme elles sont, il faut que l'oeil retrouve son innocence ; il faut voir, non pas les aspirations qu'exprime le ''New Deal'', mais les actes des ''New Dealers'' ; il faut considérer, non pas le fascisme et le communisme en tant qu'idées, mais la façon dont des fascistes et des communistes gouvernent les grandes nations. Il faut se rappeler que si l'idéal est sans limite, l'homme n'est qu'un homme. Et lorsque des hommes, humant l'encens qu'on brûle devant leurs autels, sont tentés de se considérer comme les maîtres de la destinée humaine, il faut leur rappeler le poète qyun après une nuit de beuverie, étant par hasard entré dans un jardin zoologique, se trouva passablement satisfait de se considérer comme le dernier produit de l'évolution des espèces, jusqu'au moment où il fut assez dégrisé pour se rappeler qu'il n'était après tout « qu'un petit bonhomme en pantalon, légèrement éméché<ref>''The Menagerie'', par William Vaugh Moody</ref>. » | Au milieu des généralisations grandioses et des affirmations passionnées de volonté de puissance qui caractérisent tout débat politique, nous risquons de perdre l'humilité gardienne de notre raison. Pour voir les choses comme elles sont, il faut que l'oeil retrouve son innocence ; il faut voir, non pas les aspirations qu'exprime le ''New Deal'', mais les actes des ''New Dealers'' ; il faut considérer, non pas le fascisme et le communisme en tant qu'idées, mais la façon dont des fascistes et des communistes gouvernent les grandes nations. Il faut se rappeler que si l'idéal est sans limite, l'homme n'est qu'un homme. Et lorsque des hommes, humant l'encens qu'on brûle devant leurs autels, sont tentés de se considérer comme les maîtres de la destinée humaine, il faut leur rappeler le poète qyun après une nuit de beuverie, étant par hasard entré dans un jardin zoologique, se trouva passablement satisfait de se considérer comme le dernier produit de l'évolution des espèces, jusqu'au moment où il fut assez dégrisé pour se rappeler qu'il n'était après tout « qu'un petit bonhomme en pantalon, légèrement éméché<ref>''The Menagerie'', par William Vaugh Moody</ref>. » | ||
Les gouvernements sont composés de personnes qui se rencontrent de temps à autre dans une salle pour prononcer des discours et rédiger des résolutions, d'hommes qui étudient des papiers à leurs bureaux, reçoivent des lettres et des rapports et y répondent, reçoivent et donnent des avis, écoutent des réclamations et y répondent ; d'employés qui manipulent d'autres papiers ; d'inspecteurs, de percepteurs, de policiers et de militaires. Il faut nourrir tous ces fonctionnaires, et souvent ils mangent trop. Ils préféreraient sans doute aller à la pêche, ou faire l'amour, ou n'importe quoi plutôt que feuilleter leurs papiers. Ils ont besoin de dormir. Ils souffrent d'indigestion, d'asthme, de la bile, de palpitations ; ils s'ennuient parfois, se fatiguent, négligent leur travail. Ils ont des migraines nerveuses. Ils ne savent que ce qu'ils ont appris, ou observé, il peuvent imaginer, ce qui par hasard les intéresse ; ils ne peuvent réaliser que les choses qu'ils peuvent persuader ou ordonner de faire à une multitude invisible. | |||
== Notes et références == | == Notes et références == |