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==Adam Smith et Karl Marx== | ==Adam Smith et Karl Marx== | ||
Adam Smith avait discerné cette vérité essentielle, à savoir que la nouvelle technique industrielle, c'est la division du travail réglée sur les marchés. C'est pourquoi il a été un prophète incomplet et limité, mais véridique. Il avait vu que la division croissante du travail constitue la révolution essentielle des temps modernes, révolution comparable par sa profondeur et sa pénétration au passage de la vie pastorale des tribus nomades à la vie sédentaire des agriculteurs. Karl Marx, d'autre part, semble n'avoir jamais saisi le principe interne de la révolution industrielle qu'il a voulu interpréter. Il n'avait pas compris que la nouveauté essentielle du nouveau système de production étant d'ordre technique et économique, l'économie d'échange de la division du travail est un phénomène plus fondamental et plus durable que les lois sur la propriété ou que les institutions politiques du XIXe siècle. Il avait fixé son attention sur les titres de propriété plutôt que sur les nécessités inhérentes à l'économie elle-même. C'est pourquoi il n'a pas fait la distinction entre la technique de l'économie nouvelle et les lois sous lesquelles elle fonctionnait à l'époque où il écrivait. Cette confusion a fait de lui un faux prophète. Faute d'avoir vu que le nouveau mode de production dépend de la division du travail sur les marchés, il a élaboré une doctrine qui, au lieu de réformer l'ordre social pour l'adapter au nouveau mode de production, s'attaque à la technique fondamentale de l'économie elle-même. Tout s'est passé comme s'il avait vécu aux premiers jours de l'économie agricole dans une collectivité où les coutumes des pasteurs nomades persistaient encore ; et s'il avait alors, possédé d'une légitime indignation contre les abus résultant de cette situation, prêché une croisade rendant l'agriculture sédentaire impossible. | Adam Smith avait discerné cette vérité essentielle, à savoir que la nouvelle technique industrielle, c'est la division du travail réglée sur les marchés. C'est pourquoi il a été un prophète incomplet et limité, mais véridique. Il avait vu que la division croissante du travail constitue la révolution essentielle des temps modernes, révolution comparable par sa profondeur et sa pénétration au passage de la vie pastorale des tribus nomades à la vie sédentaire des agriculteurs. Karl Marx, d'autre part, semble n'avoir jamais saisi le principe interne de la révolution industrielle qu'il a voulu interpréter. Il n'avait pas compris que la nouveauté essentielle du nouveau système de production étant d'ordre technique et économique, l'économie d'échange de la division du travail est un phénomène plus fondamental et plus durable que les lois sur la propriété ou que les institutions politiques du XIXe siècle. Il avait fixé son attention sur les titres de propriété plutôt que sur les nécessités inhérentes à l'économie elle-même. C'est pourquoi il n'a pas fait la distinction entre la technique de l'économie nouvelle et les lois sous lesquelles elle fonctionnait à l'époque où il écrivait. Cette confusion a fait de lui un faux prophète. Faute d'avoir vu que le nouveau mode de production dépend de la division du travail sur les marchés, il a élaboré une doctrine qui, au lieu de réformer l'ordre social pour l'adapter au nouveau mode de production, s'attaque à la technique fondamentale de l'économie elle-même. Tout s'est passé comme s'il avait vécu aux premiers jours de l'économie agricole dans une collectivité où les coutumes des pasteurs nomades persistaient encore ; et s'il avait alors, possédé d'une légitime indignation contre les abus résultant de cette situation, prêché une croisade rendant l'agriculture sédentaire impossible. Dans un sens analogue, la conclusion marxiste suivant laquelle la division complexe du travail dans le monde entier doit être planifiée et administrée par des fonctionnaires tout-puissants, est incompatible avec la division même du travail. Elle fait appel à une méthode politique réactionnaire pour résoudre les problèmes d'une économie progressiste. | ||
Ne comprenant pas la révolution économique au milieu de laquelle il vivait, Marx fut absolument incapable de décrire les principes de l'ordre socialiste nouveau. Il fit même de son échec vertu en traitant d'« utopiques » et d'« antiscientifiques » les tentatives faites pour découvrir les principes du socialisme. Les principes du socialisme sont entièrement absents de la doctrine marxiste dont le seul effet pratique est d'inciter le prolétariat à s'emparer du pouvoir de contrainte de l'Etat. | |||
C'est pourquoi la doctrine marxiste n'a servi d'absolument rien aux socialistes une fois le coup d'état fait. Car, comme Lénine et Staline devaient le découvrir bientôt, elle ne contient rien qui définisse comment l'économie doit être organisée et administrée. Ce qui est arrivé en Russie jusqu'en 1917 a peut-être été inspiré et même commandé par le dogme marxiste. Mais tout ce qui s'est passé ''depuis'', tout le gigantesque effort entrepris pour faire fonctionner l'économie russe, a dû soit être improvisé ''ad hoc'' sans l'aide de Marx, soit copié sur l'industrialisme allemand ou américain. Car Marx n'avait pas étudié l'économie enfantée par la révolution industrielle, et, comme il n'en avait jamais discerné les principes, il ne put donner à ses successeurs les directives de conduite qui leur auraient permis de faire fonctionner cette économie après avoir conquis le pouvoir politique nécessaire pour la diriger. | |||
== Notes et références == | == Notes et références == |