|
|
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Ligne 1 939 : |
| historiques, et y conformer ses actes au lieu de s'épuiser en | | historiques, et y conformer ses actes au lieu de s'épuiser en |
| résistances stériles. | | résistances stériles. |
| | |
| Est-ce aveu d'impuissance, et fatalisme philosophique conduisant à l'inaction? Nul ne se résignerait à l'abdication de la volonté | | Est-ce aveu d'impuissance, et fatalisme philosophique conduisant à l'inaction? Nul ne se résignerait à l'abdication de la volonté |
| humaine, et les penseurs les plus déterministes se défendent eux-mêmes | | humaine, et les penseurs les plus déterministes se défendent eux-mêmes |
Ligne 1 956 : |
Ligne 1 957 : |
| ne conteste aujourd'hui cette interprétation tempérée du déterminisme | | ne conteste aujourd'hui cette interprétation tempérée du déterminisme |
| historique. | | historique. |
| | |
| L'idéal des hommes de ce temps ne peut plus être, comme celui | | L'idéal des hommes de ce temps ne peut plus être, comme celui |
| des anciens utopistes, la conception arbitraire et inconditionnée | | des anciens utopistes, la conception arbitraire et inconditionnée |
Ligne 1 983 : |
Ligne 1 985 : |
| des faibles par les forts qui laisse un si grand nombre dans les basfonds | | des faibles par les forts qui laisse un si grand nombre dans les basfonds |
| et la misère, sont les décrets d'une bienfaisance immense et | | et la misère, sont les décrets d'une bienfaisance immense et |
| prévoyante))~. | | prévoyante. |
| Les questions sociales ne s'imposent pas seulement à l'attention
| |
| de tous par leur caractère moral; ceux-là même qui se tiennent
| |
| volontiers au-dessus des considérations de sentiment ne peuvent
| |
| rester indiSérents à ce fait, que le vice et la misère entretiennent
| |
| dans les centres de civilisation un foyer de contagion physique et
| |
| morale et un danger permanent pour la paix publique. Adéfaut de
| |
| fraternité, !a crainte des incidences serait sufusante pour secouer
| |
| les natures les plus inertes, et leur inspirer quelque doute sur la
| |
| philosophie optimiste de la misère.
| |
| Une connaissance plus exacte des lois de relation concourt donc
| |
| avec les plus purs sentiments de pitié et d'amour pour déterminer
| |
| les générations nouvelles à travailler au relèvement des faibles; non
| |
| plus tant par les ressources multipliées de la charité individuelle,
| |
| que par des réformes d'une portée générale tendant à combattre le
| |
| mal dans ses causes.
| |
| C'est l'indice d'un progrès moral certain que cet affinement de la
| |
| conscience publique et ce souci croissant des questions sociales. Le
| |
| sens de la communauté, « l'esprit de la ruche », le sentiment que
| |
| l'individu appartient a une communauté vis-à-vis de laquelle il a des
| |
| devoirs plus larges que celui de fournir sa contribution à la défense
| |
| commune, ce sens, si vivant dans les sociétés antiques et si longtemps
| |
| assoupi dans les sociétés modernes, commence à se réveiller.
| |
| On s'aperçoit que l'individu n'est pas le centre autonome qu'il
| |
| s'imagine volontiers dans son égoïsme et son orgueil; son bien-être,
| |
| sa science, ses jouissances intellectuelles et matérielles, la forme
| |
| même de sa pensée, il les doit à la civilisation qui l'entoure, à la
| |
| longue série des générations qui l'ont précédé, aux institutions
| |
| t. H. Spencer, L'individu contre trad. Gerschell, S" éd., p. 100, Atean,
| |
| i90i, in-12.
| |
| LE SENS DE L'ÉVOLUTION ET LA POLITIQUE SOCIALE 3SS
| |
| s_o· ciales qui lui assuren1t ses possessions, au travail de ses prédécesseurs
| |
| et de ses contemporains. Quant à lui, il n'a concouru que pour
| |
| une part infinitésimale à l'oeuvre de civilisation dont il jouit; qu'il
| |
| ne se croie donc pas quitte de toute obligation, lorsqu'il se borne à
| |
| exécuter ses contrats en payant strictement les services qui lui sont
| |
| rendus.
| |
| Il faut se pénétrer de ces sentiments, pour supporter sans peine
| |
| les inévitables sacrifices qu'entraîne toute politique de réforme sociale.
| |
| A celui qu'opprime la pensée de la misère, les limitations, les mesures
| |
| de contrôle, les contraintes fiscales paraissent légères, si elles ont
| |
| pour objet de procurer à tous un minimum d'existence et de sécurité.
| |
| Celui-là accepte volontiers sa part des obligations et des charges de
| |
| la prévoyance sociale, qui les considère comme des mesures de salut
| |
| pour la masse des hommes; le tribut imposé aux plus favorisés lui
| |
| apparaît non pas comme un prélèvement injuste qui affaiblit la
| |
| société, mais comme un moyen de préserver les individus d'une
| |
| injuste déchéance qui brise les énergies et corrompt une partie de
| |
| l'organisme social.
| |
| Il y a donc un idéal, celui du développement de la personnalité
| |
| pour tous, qui a grandi dans la conscience populaire en même temps
| |
| que la science et la démocratie; idéal en complète harmonie avec
| |
| l'une et avec l'autre, puisque la solidarité est une notion à la fois
| |
| scientifique et démocratique; idéal intimement lié à l'ensemble du
| |
| procès social, et par conséquent conforme aux lois du développement
| |
| historique.
| |
| Mais il ne suffit pas de soumettre à l'épreuve de la méthode historique
| |
| cette conception générale d'un idéal démocratique. La vision
| |
| reste naturellement très vague et sans signification précise, si elle
| |
| n'est pas accompagnée d'un programme d'organisation dont les
| |
| lignes doivent être au contraire nettement dessinées. Or, c'est dans
| |
| cette tâche, la plus importante et la plus difficile, qu'il est surtout
| |
| nécessaire de rester attaché à la méthode d'observation. Le philosophe
| |
| ou l'homme d'État réaliste, même lorsqu'il s'inspire des considérations
| |
| morales qui dominent la pensée moderne, limite son programme
| |
| aux réformes possibles, et écarte de sa politique tout objectif
| |
| purement idéaliste qui serait dépourvu de portée pratique.
| |
| C'est sur ce point essentiel que se marque la différence des méthodes.
| |
| Le réaliste ne dira pas, comme le philosophe enfermé dans son rêve
| |
| intérieur L'inégalité étant un mal, il faut supprimer les titres de
| |
| propriété qui la consacrent. Ces applications ingénues de la méthode
| |
| déductive opérant sur des postulats d'ordre moral lui apparaissent
| |
| 3S6 LES SYSTEMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE
| |
| comme des anachronismes, dans le siècle des connaissances positives
| |
| et de l'esprit critique. Il n'attaquera pas une institution, s'il.
| |
| n'aperçoit pas autre part que dans ses désirs les indices des formes
| |
| nouvelles qui doivent remplacer les anciennes. Au lieu d'exposer
| |
| complaisamment un système social sur des bases purement idéologiques,
| |
| il vérifiera si le système est viable et si les germes s'en développent
| |
| dans la société. Il fera taire ses impatiences, et tiendra
| |
| compte des traditions, des intérêts, voire même des préjugés enracinés
| |
| dans un milieu, parce que ce sont des forces que la politique
| |
| sociale ne peut ignorer ni négliger. Il s'apercevra très vite qu'une
| |
| réforme, même partielle et de modeste apparence comme la limitation
| |
| légale de la journée de travail, ne peut s'introduire sans une longue
| |
| préparation et d'infinis ménagements; il jugera ainsi par expériencede
| |
| la valeur des grands projets qui tendent à transformer la société
| |
| de fond en comble.
| |
| Nul doute que le droit à l'existence ne soit un des postulats les plus
| |
| impérieux de la justice sociale. Aussi les écrits socialistes les plus
| |
| récents proclament-ils le droit à l'existence comme le principe essentiel
| |
| du socialisme « à base juridique »; encore enveloppée sous cette ·
| |
| forme doctorale, la grande et pure idée de justice rayonne de nouveau
| |
| dans la pensée socialiste, si longtemps opprimée par le matérialisme
| |
| marxiste. Mais à quel terme aboutissent, les constructions savantes
| |
| et les développements logiques du nouvel idéalisme « juridique ))? A
| |
| un système communiste dans lequel chaque commune se transforme
| |
| en maison de force; c'est là, paraît-il, l'idéal des temps nouveaux.
| |
| Le possibiliste, aussi pénétré que quiconque de la nécessité du droit
| |
| à l'existence, cherchera de son côté à le garantir; mais il restera dans
| |
| les cadres de la société présente; ses moyens pratiques seront, parexemple,
| |
| l'assurance obligatoire contre les risques de la vie ouvrière,
| |
| la protection légale des travailleurs contre les excès du régime
| |
| industriel, la généralisation de l'assistance pour les incapables.
| |
| Telle est la différence des procédés. Le logicien construit pour 1ebonheur
| |
| de l'humanité une cité lointaine. Le réformiste cherche à
| |
| combattre immédiatement le mal social par les moyens les plus efficaces.
| |
| Au lieu de se cantonner dans un idéalisme stérile de couvent.
| |
| ou d'internat, il ouvre son esprit au monde extérieur et se mêle à la.
| |
| vie, moins soucieux de faire grand que de faire vivant, exposant son
| |
| rêve au contact de la réalité, sans cesser d'entretenir au fond de son
| |
| âme le culte de l'idéal et la foi invincible dans le progrès.
| |
| Pourquoi, en effet, désespérerait-on de l'avenir, alors que le passé
| |
| nous offre déjà tant d'exemples de progrès accomplis dans la situaLE
| |
| SENS DE L'ÉVOLUTION ET LA POLITIQUE SOCIALE 357
| |
| tion des classes laborieuses depuis l'introduction du machinisme et
| |
| les premiers âges de la grande production? Que l'on se reporte à cette
| |
| sombre époque de chômage et de misère, que l'on repasse les enquêtes
| |
| qui ont révélé, en France comme en Angleterre, tant de faits lamentables
| |
| sur l'exploitation éhontée de la femme et de l'enfant dans les
| |
| premières fabriques; on reconnaîtra de bonne foi que, si le mal n'a
| |
| pas disparu, il a été du moins largement atténué, et que les efforts
| |
| faits pour redresser un état social altéré par des éléments nouveaux
| |
| d'une puissance inconnue ne sont pas demeurés stériles. Ces efforts,
| |
| il convient de les analyser, pour apprécier ce que l'on peut en
| |
| attendre encore dans l'avenir.
| |
| S IL – Le progrès des classes ouvrières; institutions patronales,
| |
| organisations ouvrières, action législative.
| |
| Trois facteurs interviennent aujourd'hui pour améliorer les conditions
| |
| de la vie ouvrière les patrons et autres personnes agissant
| |
| par esprit de bienfaisance ou de solidarité, les diverses organisations
| |
| ouvrières, et les pouvoirs publics. De ces trois forces, qui opèrent
| |
| par des voies différentes, considérons d'abord l'action patronale.
| |
| Tandis que les démocrates chrétiens, partant du principe que tout
| |
| homme a droit à la vie, se montrent aussi audacieux dans leurs programmes
| |
| et dans leurs actes que les solidaristes et les réformistes
| |
| de la socialdémocratie, aussi favorables à la puissance des associations
| |
| ouvrières, à l'institution de conseils professionnels investis d'un
| |
| mandat public, à la protection légale des travailleurs et aux assurances
| |
| ouvrières obligatoires, d'autres catholiques, également préoccupés
| |
| des questions sociales, restent attachés à l'individualisme par
| |
| esprit de tradition. Dans les milieux conservateurs, on ne compte,
| |
| pour élever la situation des classes ouvrières, ni sur l'État, que l'on
| |
| considère comme un mécanisme brutal aux mains d'un parti, ni
| |
| même sur les syndicats ouvriers, que l'on accuse d'être actuellement
| |
| des instruments de guerre sociale et de tyrannie vis-à-vis des travailleurs
| |
| eux-mêmes; on ne compte que sur la libre initiative des
| |
| patrons et des hommes d'oeuvres agissant sous l'inspiration du sentiment
| |
| religieux ou par esprit de philanthropie. On estime donc que
| |
| ce sont les institutions sorties de cette initiative, caisses de secours
| |
| et do retraites, crèches, économats, logements à bon marché, oeuvres
| |
| d'épargne et d'assistance, qui peuvent le mieux, par leur inuuence
| |
| morale ou matérielle, faire régner la paix sociale ou au moins
| |
| atténuer les antagonismes de classes.
| |
| 3S8 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE
| |
| ~Etfsf"e+c:t+ivement, ad,e. g"ara,.nds e"f+f"orts .o+nt "é4té,~.fFa"it:+s~ en ce sne~ns; l1a~ hb;i~ennlfoa;i--
| |
| sance privée a multiplié ses établissements, et certaines entreprises
| |
| industrielles ont créé des oeuvres considérables en faveur de leurs
| |
| ouvriers. Toutefois, si l'on considère le véritable but à atteindre, le
| |
| relèvement des classes ouvrières au point de vue de leur bien-être, de
| |
| leur culture et de leur dignité, il est difficile de ne pas avoir le sentiment
| |
| que ces moyens sont insuffisants, et que parfois même les
| |
| efforts sont dirigés à faux.
| |
| Les oeuvres privées, en dehors des institutions patronales, sont
| |
| pour la plupart des oeuvres d'assistance, qui ont certes leur grand
| |
| mérite et leur utilité comme palliatifs de la misère, mais qui ne fournissent
| |
| pas une solution aux questions ouvrières proprement dites.
| |
| Quant à celles qui ont un caractère plus large, comme les sociétés
| |
| anonymes pour les habitations ouvrières, les sociétés antialcooliques
| |
| et quelques autres, elles ont un champ d'action généralement
| |
| restreint.
| |
| De leur côte, les institutions patronales ne sont et ne peuvent être
| |
| qu'une exception. L'attention publique se fixe sur celles qui sont
| |
| fondées par les grandes compagnies de chemins de fer et de mines,
| |
| par quelques autres établissements importants et quelques patrons
| |
| généreux; mais, dans la masse des entreprises industrielles, agricoles
| |
| et commerciales, ces oeuvres disséminées restent une quantité relativement
| |
| insignifiante. Les lois impitoyables de la concurrence ne permettent
| |
| pas à la plupart des patrons, même aux meilleurs et aux
| |
| plus humains, d'entretenir des oeuvres coûteuses au profit de leur
| |
| personnel.
| |
| Cette insuffisance n'est pas la seule. Tout en rendant hommage
| |
| aux intentions de ceux qui pratiquent le patronage par esprit de
| |
| de devoir, on peut reconnaître que jamais un secours tombé d'en
| |
| haut, à titre de charité ou de patronage, n'aura une véritable vertu
| |
| éducatrice; jamais les ouvriers ne s'attacheront à d'autres oeuvres
| |
| qu'à celles qu'ils auront créées eux-mêmes celles-là seules feront leur
| |
| orgueil, inspireront les dévouements, éveilleront en 'eux les plus
| |
| hauts sentiments de la nature humaine.
| |
| En maintes circonstances où les industriels se sont imposé de
| |
| lourds sacrifices, les résultats, il faut bien le dire, n'ont pas été
| |
| encourageants. Sans nier que les institutions patronales aient contribué,
| |
| dans certaines régions où les populations ouvrières ont gardé
| |
| d'anciennes moeurs, à maintenir des relations pacifiques et de nature
| |
| patriarcale entre employeurs et employés, il semble au contraire que
| |
| chez' des populations plus avancées, plus émancipées, le patronat,
| |
| LE SENS DE L'ÉVOLUTION ET LA POLITIQUE SOCIALE 389
| |
| malgré ses sacrifices pécuniaires, n'a sa récolter que la défiance ou
| |
| la haine.
| |
| C'est que l'oeuvre patronale implique toujours plus ou moins une
| |
| idée de protection et de tutelle; tutelle insupportable, lors même
| |
| qu'elle est discrète, pour des ouvriers jaloux de leur indépendance et
| |
| naturellement ombrageux. Qu'est-ce donc, lorsque la tutelle s'exerce
| |
| pesamment, sous forme de pression politique ou religieuse, avec des
| |
| procédés intolérables d'inquisition et de domination? 1 C'estalors la
| |
| soumission hypocrite chez les uns, la colère et l'hostilité sourde chez
| |
| les autres, jusqu'à ce qu'un jour la révolte éclate, furieuse, imprévue,
| |
| inexplicable pour tous ceux qui, les yeux fixés sur la façade, ne
| |
| savent attribuer l'effondrement de tant d'efforts qu'à la prédication
| |
| des meneurs contre le bon patron, sans remonter aux causes réelles
| |
| qui ont lentement préparé les esprits à se soulever au premier souffle
| |
| d'une parole ardente.
| |
| On peut s'affliger de la ruine des anciennes moeurs; mais c'est un
| |
| fait sur lequel il faut désormais régler sa conduite, un fait de même
| |
| nature que la disparition de la famille patriarcale, la chute de l'influence
| |
| politique de l'aristocratie et de ses pouvoirs d'administration
| |
| locale, et, d'une manière générale, la décadence du principe d'autorité
| |
| dans la famille et la société. Au même titre, la conception patriarcale
| |
| du patronat bienveillant et protecteur tend de plus en plus à
| |
| s'enfoncer dans le passé; le mouvement du monde moderne, avec les
| |
| sentiments nouveaux qu'il engendre dans la classe ouvrière, nous en
| |
| éloigne tous les jours davantage.
| |
| Aussi voit-on les oeuvres patronales reculer progressivement
| |
| devant les institutions créées par les associations ouvrières et devant
| |
| l'action législative; les économats font place aux coopératives, les
| |
| habitations ouvrières sont édinêes par des sociétés coopératives de
| |
| construction, le service des secours et des retraites passe aux
| |
| mains des mutualités et de l'État, la réglementation du travail est
| |
| l'oeuvre de la loi, les règlements d'ateliers sont contrôlés par l'État,
| |
| le placement est entrepris par les syndicats, les Bourses du travail et
| |
| les offices municipaux, etc.
| |
| Devant ce phénomène prolongé, universel, inéluctable, convient-il
| |
| de se consumer en regrets et de répéter constamment les mêmes formules,
| |
| en se lamentant sur la décadence, l'esprit du mal et le
| |
| malheur des temps? Ce découragement sied-il à des hommes d'ac-
| |
| Voir, & titre d'enseignement, l'exposé de la grève de Montceau-Ies-Mines
| |
| (1S99 et 19ûi) fait à la Société d'économie sociale, et l'inconscience de certaines
| |
| déclarations (Réformesociale, iC mai 1901).
| |
| 360 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE
| |
| tion, qui veulent remplir leur devoir social et n'hésitent que sur la
| |
| voie à suivre? Non, il faut en prendre son parti, et agir différemment
| |
| suivant les circonstances. Vis-a-vis d'une population ouvrière
| |
| dont les idées et les sentiments ont conservé leur nature primitive,
| |
| des oeuvres inspirées par le « paternalisme » peuvent être bienfaisantes
| |
| encore la politique la plus sage et la plus prévoyante est-elle
| |
| de former des hommes, et d'encourager la pratique des institutions
| |
| libres, coopératives et mutualités. Mais dans des milieux moralement
| |
| transformés, il faut renouveler soi-même une conception vieillie
| |
| du rôle patronal.
| |
| Ce n'est pas que le patron, comprenant les nécessités de son
| |
| temps, doive se borner, dans ses rapports avec ses ouvriers, au rôle
| |
| purement commercial d'acheteur de la main-d'oeuvre. Bien loin de
| |
| là, le patron moderne peut parfaitement se concilier l'estime de ses
| |
| ouvriers, et même davantage, si, tout en maintenant la discipline à
| |
| l'atelier discipline qui s'imposerait aussi bien dans l'atelier coopératif
| |
| ou collectiviste que dans l'atelier capitaliste, si donc il traite
| |
| ses ouvriers non pas en inférieurs et en protégés, mais en hommes
| |
| ayant des droits égaux aux siens. Il s'agit de reconnaître 'aux
| |
| ouvriers leurs droits d'hommes libres, non seulement dans la pratique
| |
| de leur vie privée, dans le domaine de leur conscience et dans
| |
| l'exercice de leurs droits politiques, mais même à l'atelier, en tant
| |
| qu'ils se présentent pour conclure le contrat de travail et pour en
| |
| faire observer les clauses.
| |
| Quelle sera donc, pour préciser, la conduite que tiendra le patron
| |
| moderne, s'il veut sincèrement remplir son devoir social vis-à-vis de
| |
| ses ouvriers? Avant toute chose, il leur donnera un juste salaire,
| |
| au moins conforme au taux courant du métier dans la région, et
| |
| suffisant à l'entretien de la vie d'après les habitudes du milieu de
| |
| même, il leur garantira des conditions de travail normales, une
| |
| durée de travail ne dépassant pas la durée en usage, et contrôlera
| |
| soigneusement l'hygiène et la sécurité dans son établissement. Il
| |
| reconnaîtra franchement, sincèrement et sans arrière-pensée le syndicat
| |
| ouvrier, n'exclura personne de ses ateliers pour affiliation au
| |
| syndicat ou participation active à la gestion syndicale, et n'encouragera
| |
| jamais la délation ou la félonie. S'il a devant lui une association
| |
| ouvrière sérieuse, il négociera les clauses du contrat de travail
| |
| avec ses représentants, dans un esprit de large conciliation et de
| |
| loyauté. Il respectera chez ses ouvriers le sentiment très intense de
| |
| leur indépendance, et saura les traiter avec ces égards auxquels l'ouvrier,
| |
| l'ouvrier français surtout, est si particulièrement sensible.
| |
| LE SENS DE L'ÉVOLUTION ET LA POLITIQUE SOCIALE 361
| |
| _8 I." 1 l' Tout cela n'est en somme que l'observation de la légalité et de la
| |
| simpleéquité.
| |
| Veut-il faire plus, a-t-il le désir et les moyens d'être un patron
| |
| modèle? Il perfectionnera l'hygiène des ateliers suivant les derniers
| |
| progrès de la science et de la technique industrielle; il se préoccupera
| |
| du bien-être des travailleurs en atténuant le bruit, la trépidation,
| |
| la poussière, la chaleur ou rhumidité, en répandant la lumière,
| |
| en installant des vestiaires, fourneaux et salles de bains. Il aura
| |
| même quelque souci de l'esthétique, et ne se croira pas ridicule s'il
| |
| bannit tout ce qui fait la laideur, la tristesse et la vulgarité des
| |
| choses, s'il recherche tout ce qui peut réconforter l'esprit et bannir
| |
| l'impression d'une corvée rebutante.
| |
| Croit-il enfin que des institutions en faveur des ouvriers peuvent
| |
| rendre de réels services ? Il consacrera sans réserve son activité aux
| |
| oeuvres destinées à l'enfance. Quant aux institutions qui concernent
| |
| les adultes, il en laissera l'initiative et la direction aux ouvriers
| |
| eux-mêmes, sachant par expérience que ceux-ci n'y prendront intérêt
| |
| qu'à la condition d'en faire leur chose. Il se bornera donc à favoriser
| |
| de la façon la plus discrète celles qui peuvent développer chez les
| |
| ouvriers l'habitude des gestions économiques, et fortifier en eux le
| |
| sentiment de la dignité personnelle. Rôle délicat, qui exige non seulement
| |
| beaucoup de tact, mais surtout un grand désintéressement,
| |
| l'absence de toute pensée d'orgueil et de domination, de toute idée
| |
| d'un droit acquis à la reconnaissance des hommes. « Prêtez sans
| |
| rien espérer »; c'est encore la voie la plus sûre pour gagner les
| |
| coeurs.
| |
| L'action ouvrière est un facteur de progrès autrement énergique
| |
| que l'assistance patronale. Le mouvement d'organisation ouvrière,
| |
| qui est d'origine toute récente, nous frappe moins encore par ses
| |
| résultats actuels que par sa rapidité dans les dernières années. A ce
| |
| signe, il parait susceptible de se propager en tout sens, et de modifier
| |
| profondément l'état des relations sociales.
| |
| Nous nous sommes expliqués déjà sur l'avenir de la coopération;
| |
| selon toute vraisemblance, la coopération de production restera toitjours
| |
| cantonnée dans un domaine assez restreint, sans sortir jamais
| |
| franchement du type capitaliste, tandis que la coopération de consommation
| |
| est appelée à des destinées plus vastes, dans le domaine
| |
| de la production comme dans celui de la circulation. Il est permis,
| |
| sans être utopiste, d'entrevoir une société dans laquelle de vastes
| |
| groupements coopératifs se procureront dans leurs propres fabriques
| |
| 362 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE
| |
| les produits industriels nécessaires à la consommation de leurs
| |
| membres, et passeront des marchés pour la fourniture des produits
| |
| agricoles avec de grandes fédérations coopératives de vente réunissant
| |
| la masse des agriculteurs.
| |
| Les syndicats ouvriers ont aussi l'avenir devant eux. Si le mouvement
| |
| syndical en France paraît aujourd'hui stérilisé par l'esprit
| |
| révolutionnaire, on voit ailleurs les syndicats s'inspirer de
| |
| l'exemple des unions anglaises. Aucun indice n'est plus fécond, à
| |
| cet égard, que leur tendance à élever le taux des cotisations dans
| |
| le but de distribuer régulièrement des secours de chômage, et de
| |
| maladie. Par cette pratique, ils. sauront attirer et retenir une masse
| |
| toujours plus considérable de la population ouvrière. Puissants par
| |
| le nombre de leurs adhérents et l'étendue de leurs ressources financières,
| |
| ils pourront établir d'une façon générale le régime du contrat
| |
| collectif, et faire respecter de tous les membres de la profession les
| |
| tarifs et conditions librement débattus avec les syndicats patronaux.
| |
| Ils seront, avec les bureaux municipaux, les seuls offices de placement,
| |
| et veilleront dans ce service à l'observation des conditions
| |
| syndicales. Ils pourront faire des marchés à forfait avec les entrepreneurs
| |
| pour l'exécution de certains travaux et la fourniture de la
| |
| main-d'oeuvre. Ils contrôleront d'une façon efficace l'application des
| |
| lois sur la réglementation du travail, figureront dans les conseils
| |
| professionnels et participeront à la gestion des caisses publiques
| |
| d'assurances. Lorsque les associations ouvrières seront parvenues à
| |
| cet état de force et de maturité, et qu'elles trouveront en face d'elles
| |
| des organisations patronales également fortes, il est à penser qu'un
| |
| état de paix relative s'établira, dans le monde de l'industrie, par
| |
| l'équilibre des forces collectives organisées.
| |
| Mais le M~Mp a des effets limités, et l'action de la loi est indispensable
| |
| dans bien des cas où celle de l'association libre est insuffisante.
| |
| La contrainte légale, bien qu'elle n'ait certainement pas la
| |
| vertu efficace du bien réalisé volontairement, a paru nécessaire dans
| |
| tous les pays industriels pour protéger les salariés contre certains
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| abus. Malgré la croissance des associations ouvrières, on peut prévoir
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| que la législation protectrice des travailleurs progressera
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| encore, qu'elle multipliera ses exigences et les étendra à de nouvelles
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| catégories d'intéressés. Au reste, ces lois de protection ne sont peutêtre
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| que des béquilles provisoires, dont on saura se passer le jour où
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| les réformes bienfaisantes qu'elles auront introduites seront entrées
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| définitivement dans les moeurs. Quant aux assurances ouvrières,
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| elles se généraliseront infailliblement; leur extension ne trouve
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| LE SENS DE L'ÉVOLUTION ET LA POLITIQUE SOCIALE 363-
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| aujourd'hui de sérieux obstacle que dans le défaut d'élasticité des
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| budgets publics; mais le mouvement d'opinion qui se produit en
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| faveur des retraites ouvrières prendra un jour assez de force pour
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| faire accepter les charges de la réforme, peut-être même pour contraindre
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| les gouvernements à réduire leurs énormes dépenses militaires.
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| La protection légale est surtout nécessaire à l'égard de ceux que leur
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| faiblesse naturelle, leur ignorance, leur dispersion, leur état de misère
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| rendent incapables de se défendre eux-mêmes enfants, femmes,
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| travailleurs à domicile. Les Parlements ont le devoir de songer a
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| ceux-là mêmes qui ne disposent pas de la puissance électorale. Le
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| problème est particulièrement délicat pour les ouvriers à domicile, à
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| cause des difficultés de l'inspection dans les très petits ateliers et du
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| respect dû au domicile familial. Toutefois, il est difficile de penser
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| que l'opinion publique, mieux éclairée sur les conditions du travail
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| en chambre, supportera indéfiniment les abus désignés sous le nom
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| de sM?eOE<!Ky system, et les dangers qui en résultent pour la santé
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| publique. Soit que l'on prescrive des mesures destinées à faciliter le
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| contrôle, soit que l'on impose aux employeurs et aux propriétaires
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| des locaux de travail la responsabilité des prescriptions sur l'hygiène,
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| l'âge d'admission et la durée du travail, soit que l'on encourage la
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| coopération parmi les ouvriers à domicile, soit que l'on recoure à
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| d'autres mesures plus radicales telles que le minimum de salaire,
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| sur lesquelles l'expérience n'a pas encore permis de se prononcer
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| définitivement, il paraît probable que l'autorité publique jugera à
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| propos d'intervenir un jour pour protéger les ouvriers à domicile
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| contre l'exploitation dont ils sont victimes, en confiant à des organes
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| professionnels le soin d'adapter les réglementations à la variété des,
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| situations particulières.
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| A l'égard des ouvriers capables d'organisation, l'intervention
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| législative devient moins nécessaire à mesure que les associations
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| prennent plus de force. Néanmoins, en Angleterre même, la méthode
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| législative est encore préférée et pratiquée, toutes les fois qu'il paraît
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| utile d'établir une règle uniforme qui ne soit pas à la merci des fluctuations
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| de l'offre et de la.demande.
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| Indépendamment de la réglementation du travail et des assurances
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| sociales, le législateur peut encore contribuer à l'élévation de
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| la classe ouvrière en favorisant le développement syndical.
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| Le syndicat obligatoire, il est vrai, rencontre beaucoup d'adversaires,
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| qui lui reprochent avec raison de rassembler par contrainte
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| les éléments les plus disparates ou les plus hostiles, et de noyer les
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| 364 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET LÉVOLUTION ÉCONOMIQUE
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| !irn!]~d1!.iLv. idualités énergiques 1d_ans 1l-a masse des ~fLat_i-bles e..tt da_e_ s ~iJn!rrd.! ifférents.
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| Mais la critique ne porte pas contre une organisation légale
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| des professions qui laisserait intact le droit de former des groupements
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| libres au sein de chaque profession.
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| Certaines réserves s'imposent aussi en matière d'arbitrage obligatoire.
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| Bien que l'institution paraisse fonctionner d'une façon
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| satisfaisante en Nouvelle-Zélande et en Australie, l'expérience n'a
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| encore qu'une valeur toute relative. Non qu'il faille rejeter a pftort
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| tout enseignement qui nous vient des antipodes; quoique la grande
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| industrie ne soit pas développée en Australie, les rapports du capital
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| et du travail y présentent à peu près les mêmes caractères que dans
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| les autres pays de race blanche. Mais les décisions des cours arbitrales
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| ont été jusqu'ici favorables aux ouvriers; elles ont établi dans
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| diverses professions, notamment dans celles où s'exerce le swea~K~
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| system, un minimum de salaires que les travailleurs auraient été
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| incapables d'obtenir par eux-mêmes; il n'était pas très difficile d'en
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| assurer l'observation de la part des employeurs. Si des circonstances
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| c~r,i&tiqI.uJe.lsU') o~byl.ieg.eaient un ,jdour les .tari.bunaux d~'ba.r.bitrage a réduire le.vsa
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| salaires sur la demande des patrons, il est douteux que leurs sentences
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| pussent être exécutées aussi facilement.
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| C'est là l'écueil de tout système d'arbitrage obligatoire. La classe
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| ouvrière est-elle dépourvue d'organisation sérieuse? Les décisions
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| arbitrales défavorables aux prétentions des travailleurs sont privées
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| de toute sanction efficace. Les associations ouvrières sont-elles au
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| contraire fortement organisées, remplissent-elles les conditions d'une
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| responsabilité effective? L'arbitrage obligatoire devient pour ainsi
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| dire inutile, parce que des associations patronales et ouvrières solidement
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| constituées savent pratiquer le régime du contrat collectif;
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| elles respectent d'elles-mêmes les conventions arrêtées, ou les décisions
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| d'arbitres volontairement désignés.
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| Au reste, on observe partout une vive répugnance des ouvriers et
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| des patrons à se lier les mains vis-à-vis d'un arbitre, même librement
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| choisi; aucune des deux parties n'est disposée à se dessaisir, au
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| profit d'un tiers, du droit d'arrêter les termes du contrat qui doit
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| l'obliger pour l'avenir. L'arbitrage obligatoire paraîtrait donc aussi
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| tyrannique aux uns qu'aux autres. De toute manière, il serait sans
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| force éducative, et ne pourrait convenir, comme le libre contrat
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| collectif, à une classe ouvrière pleinement émancipée.
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| Ce n'est donc pas, en général, par l'arbitrage obligatoire que
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| l'État peut fournir un appui efficace aux salariés. Mais une législation
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| qui permet aux unions patronales et ouvrières de se constituer
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| LE SENS DE L'ÉVOLUTION ET LA POLITIQUE SOCIALE 36S
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| librement, d'acquérir un patrimoine, d'organiser des oeuvres et services
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| multiples, de conclure entre elles des contrats collectifs susceptiples
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| d'une exécution judiciaire 1; une législation qui trace équitablement
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| aux unions ouvrières la limite de leurs droits et de leurs
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| responsabilités, qui met leur patrimoine à l'abri de l'arbitraire malveillant
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| des tribunaux, et qui les autorise à user des moyens sans
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| lesquels elles ne peuvent faire observer les règles communes du
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| métier, tout en les rendant responsables des dommages qu'elles
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| causent par des actes illégaux~; une législation qui organise les
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| diverses professions en les dotant de conseils élus par les syndicats
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| patronaux et ouvriers, et qui investit ces conseils de certains pouvoirs
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| concernant les assurances ouvrières, la réglementation du
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| travail, la conciliation et l'arbitrage, etc.; une pareille législation
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| est en harmonie avec l'évolution naturelle; c'est un instrument
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| souple qui favorise le mouvement de concentration et d'organisation
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| collective sans le violenter.
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