862
modifications
Ligne 5 663 : | Ligne 5 663 : | ||
aux diverses couches de la classe ouvrière à mesure qu'elles atteindront | aux diverses couches de la classe ouvrière à mesure qu'elles atteindront | ||
le même niveau de culture. | le même niveau de culture. | ||
==Chapitre 16 L'extension du rôle économique de l'État et des municipatités.== | |||
Loin que le progrès de la civilisation ait eu pour conséquence, | |||
comme le pensait Guizot, d'amener peu à peu l'État à donner sa | |||
démission, il est évident que l'État se trouve conduit de nos jours à | |||
étendre son rôle bien au delà des fonctions essentielles de sécurité, | |||
et à s'immiscer plus activement que jamais dans le domaine économique. | |||
Les Etats modernes sont des communautés économiques en même | |||
temps que des unités politiques; les intérêts matériels y ont pris | |||
trop d'importance pour que l'État ait pu s'en désintéresser. Un instant | |||
déssaisi sous l'empire de la doctrine du laisser-faire, il a dû | |||
sortir de son inaction et intervenir sous les formes les plus variées. | |||
Les municipalités, à leur tour, ont entrepris de gérer des services | |||
lucratifs; elles ont donné, dans certains pays, un vif élan au | |||
socialisme municipal. Il résulte de cette double tendance que les | |||
corps politiques, depuis la grande collectivité nationale jusqu'aux | |||
simples communes, sont devenus des organes essentiels de l'économie | |||
sociale. | |||
Ce mouvement d'extension de l'État et des communes, comme le | |||
mouvement d'association lui-même, est un mode particulier du | |||
développement des formes de la vie collective; c'est un phénomène | |||
d'intégration du même ordre, qui mérite au même titre d'être étudié | |||
parmi les faits caractéristiques de l'évolution économique. | |||
L'État se borne souvent à protéger ou contrôler les activités | |||
individuelles dans la production et les échanges; il intervient alors | |||
comme puissance publique, pour ordonner, permettre, interdire, | |||
réprimer, accorder des privilèges et des droits protecteurs, ou bien | |||
comme trésor public pour fournir des subsides. Mais sur certains | |||
points, l'État a été plus loin: il s'est substitué aux individus en se | |||
faisant entrepreneur d'industrie, de transport et autres services; il | |||
s'est chargé lui-même de certaines exploitations en qualité de personne | |||
privée, et les communes ont développé leurs services dans le | |||
même sens. C'est ce mouvement que je voudrais retracer sous ses | |||
différentes formes. | |||
SECTIONI. PROTECTIONET CONTRÔLE. | |||
Il ne saurait être question de dresser ici une nomenclature, ni | |||
d'entreprendre une étude des cas si multiples dans lesquels l'État | |||
moderne exerce cette mission de tutelle en matière économique, | |||
Jamais, à vrai dire, l'État. n'a eu une politique industrielle et commerciale | |||
aussi active; à une époque où les nations luttent entreelles | |||
pour conquérir le marché du monde, les divers États font des | |||
efforts uévreux pour donner la primauté à leurs industries, ou au. | |||
moins pour les protéger contre la concurrence étrangère; droits de | |||
douane, encouragements, subventions, primes à l'exportation et | |||
à la navigation, bonifications sur les impôts intérieurs, appuis it | |||
l'étranger, voire même, en Prusse et en Russie, participation à certains | |||
cartels privés comme ceux de la potasse et du sucre, tout est | |||
mis en oeuvre pour soutenir la production nationale et lui ouvrir des | |||
débouchés au dehors. Mais cette politique n'est pas nouvelle, et si | |||
elle a pris plus d'ampleur de nos jours à cause de la diuéreuee du, | |||
développement économique, si elle a modifié en partie ses procédés. | |||
depuis l'époque du mercantilisme, elle n'a cependant pas revêtu un | |||
caractère essentiellement nouveau. Nous pouvons donc passer outre, | |||
pour ne retenir que les modes d'intervention qui sont propres à | |||
la période contemporaine. | |||
C'est ainsi qu'en matière d'hygiène publique, les législations | |||
modernes deviennent chaque jour plus envahissantes; il est même | |||
remarquable que les pays les plus attachés à la liberté individuellesont | |||
ceux qui la sacrifient le plus volontiers aux exigences do la | |||
santé publique. Qu'il s'agisse de logements malsains, d'industries | |||
insalubres pour le voisinage, de vaccination, déclarations, désinfection | |||
et autres mesures de défense contre les maladies contagieuses,. | |||
L'ÉTAT ET LES MUNICIPALITÉS 277 | |||
les pouvoirs des autorités sanitaires s'élargissent, et nul ne sait | |||
aujourd'hui où s'arrêteront leurs droits de surveillance et de contrainte, | |||
avec le souci croissant de l'hygiène qui marque la civilisation | |||
contemporaine. | |||
Les monopoles industriels privés, récemment issus de l'évolution | |||
~économique, ne pouvaient rester longtemps en dehors du contrôle de | |||
l'État; dès que le publie cesse d'être garanti par la concurrence, les | |||
pouvoirs politiques se trouvent amenés à intervenir pour défendre les | |||
intérêts collectifs menacés par le monopole. Ainsi l'État, quand il | |||
ne s'est pas chargé lui-même de l'entreprise des chemins de fer, s'est | |||
généralement réservé, dès le principe, un droit de contrôle sur | |||
l'exploitation et les tarifs dans les pays mêmes où il avait laissé | |||
l'industrie des chemins de fer sous le régime de la liberté, il s'est vu | |||
obligé de restreindre après coup cette liberté par quelques interdictions | |||
et mesures de contrôle dans l'intérêt du public. De même, la loi | |||
réserve à l'autorité administrative des pouvoirs de concession, de | |||
surveillance et de retrait sur les exploitations minières. | |||
Ce sont là les premières formes du monopole; mais aujourd'hui, | |||
de nouveaux problèmes du même ordre s'imposent à l'attention du | |||
législateur; cartels et trusts, monopoles de l'eau, du gaz, de l'électricité | |||
et des tramways dans les villes, régime des eaux courantes et | |||
de la houille blanche pour ne citer que les cas les plus connus, | |||
sollicitent une réglementation dirigée contre l'abus du droit privé. | |||
Les garanties à prendre vis-à-vis des sociétés d'assurances-vie et | |||
accidents figurent aussi parmi les questions que l'État moderne | |||
doit résoudre en s'inspirant des intérêts généraux. | |||
Dans beaucoup de pays, la législation qui régit les rapports des | |||
propriétaires fonciers et de leurs tenanciers s'est montrée très coercitive. | |||
En supprimant le servage et les droits féodaux, le législateur | |||
moderne le plus modéré dans ses réformes a fait oeuvre révolutionnaire | |||
lors même qu'il s'est contenté d'autoriser le rachat et de le | |||
faciliter par diverses mesures financières, son intervention dans les | |||
relations agraires en faveur des cultivateurs du sol a eu le caractère | |||
d'une expropriation. En Irlande, la loi anglaise donne à des magistrats | |||
le pouvoir de fixer le taux des fermages; de sa propre autorité, | |||
elle confère aux fermiers, par diverses garanties, une sorte | |||
de copropriété, de droit parallèle et concurrent qui fait échec à celui | |||
des landlords; aujourd'hui, elle va plus loin encore, puisqu'elle | |||
donne aux fermiers le moyen d'acquérir la pleine propriété du sol. | |||
Mais ces législations agraires sont des modes de liquidation du passé | |||
qui restent en dehors de notre objectif. | |||
378 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE | |||
En revanche, notre attention doit se concentrer sur une sphère | |||
dans laquelle l'activité du législateur moderne s'est montrée particulièrement | |||
féconde la protection légale des travailleurs par | |||
la réglementation du travail et les assurances sociales. Il s'agit là | |||
d'une intervention législative entièrement nouvelle, sinon toujours | |||
par ses procédés, du moins par son esprit et par son but; l'objet | |||
de cette intervention n'est pas de régler la destruction successive | |||
d'un régime pré-révolutionnaire, mais d'ordonner sur de nouvelles | |||
bases des relations sociales issues du régime nouveau; son importance | |||
pour l'avenir dépasse donc celle de tous les autres cas considérés | |||
jusqu'ici. | |||
Depuis la première loi de 1802, par laquelle le Parlement anglais | |||
cherchait à garantir les enfants assistés contre l'exploitation dont ils | |||
étaient victimes dans les filatures, la législation ouvrière, si timide | |||
a ses débuts, a grandi dans son pays d'origine; elle s'est étendue | |||
dans les autres avec les progrès de l'industrie, et depuis la Conférence | |||
de Berlin en 1890, le courant est si universel et si rapide, qu'il | |||
n'est-pas aujourd'hui un pays civilisé dans lequel le travail des salariés | |||
ne soit soumis à une minutieuse réglementation législative. Bien | |||
certainement, on se trouve ici en présence d'un phénomène qui, au | |||
même titre que le développement des associations de nature économique, | |||
dérive immédiatement de la forme capitaliste de la production. | |||
La révolution industrielle, en brisant les anciens cadres corporatifs, | |||
avait laissé le travailleur salarié sans défense contre les abus de la | |||
concurrence; l'État moderne s'est donc vu obligé de remplacer les | |||
appuis qui lui manquaient, et de lui fournir une assistance nouvelle | |||
contre des dangers nouveaux. | |||
Aussi la législation ouvrière, prenant sa source dans un état économique | |||
semblable, présente-t-elle sur l'ensemble du monde civilisé, | |||
à travers les complications et les variétés innombrables de ses formes | |||
particulières, une véritable homogénéité dans ses grandes lignes. | |||
Les expériences faites par un pays novateur sont mises à profit par | |||
tous les autres, et servent de base aux réformes qu'ils introduisent | |||
&leur tour; en sorte que les lois les plus récentes tendent à former, | |||
dans cet ordre de la législation sociale, un droit commun universel | |||
d'une remarquable unité. | |||
L'hygiène et la sécurité des travailleurs dans les ateliers furent partout | |||
l'un des premiers objets de la réglementation. Dans les débuts | |||
de la grande production industrielle, on se préoccupait surtout de | |||
l'incommodité ou du danger de certains établissements pour le voisinage. | |||
Mais on comprit vite la nécessité de protéger d'une façon | |||
L'ÉTAT ET LES MUNICIPALITÉS 879 | |||
plus particulière la santé et la vie des travailleurs employés dans ces | |||
industries, principalement dans les mines. Aussi les réglementations | |||
en matière d'hygiène et de sécurité industrielle sont-elles devenues | |||
l'une des parties les plus touffues de la législation. | |||
Rien n'égale, à cet égard, la minutie de la loi anglaise, dont les | |||
autres pays se sont inspirés. La jF'ac<o?'ycM<~work-shops ~dc~de 1901, | |||
qui n'est qu'une codification de dispositions antérieures et déjà | |||
anciennes pour la plupart, contient une longue série de prescriptions | |||
concernant la propreté des ateliers, la ventilation et l'évacuation des | |||
poussières, le cube d'air par travailleur, la température, l'écoulement | |||
do l'humidité, etc. Au point de vue de la sécurité, il prescrit des | |||
mesures de précaution à l'égard des machines et organes de transmission, | |||
des chaudières et des trappes; il impose des dégagements et | |||
moyens de secours pour le cas d'incendie; il ordonne des déclarations | |||
et enquêtes à la suite des accidents. Dans certaines industries considérées | |||
comme dangereuses ou insalubres, les dispositions sont | |||
plus rigoureuses encore. | |||
Le législateur ne se borne pas à établir des règles générales en | |||
cette matière il délègue au gouvernement et aux autorités locales le | |||
pouvoir de faire des règlements particuliers, applicables à certaines | |||
industries déterminées ou même à des établissements individuellement | |||
désignés. En Suisse, notamment, les plans d'une construction | |||
industrielle doivent être approuvés par l'autorité publique. Un peu | |||
partout, les exploitations minières sont soumises individuellement | |||
à des règlements administratifs spéciaux. Enfin les autorités administratives | |||
et les tribunaux judiciaires sont investis de larges pouvoirs | |||
d'interdiction et d'injonction pour faire observer les dispositions | |||
légales et réglementaires. | |||
Au même degré que les prescriptions sanitaires, et souvent même | |||
à une époque antérieure, la protection du travail de l'enfant dans | |||
l'industrie a été le point de départ de toute la législation ouvrière. | |||
De bonne heure, à la suite des grandes enquêtes publiques en Angleterre, | |||
des enquêtes privées de Villermé et autres hygiénistes en | |||
France, l'opinion publique s'est émue des souffrances de l'enfant | |||
dans les fabriques. Aussi les lois réglementant le travail des enfants | |||
dans un sens de plus en plus restrictif s'échelonnent-elles tout le | |||
long du X!X°siècle, vaines au début, mal appliquées et constamment | |||
éludées, puis réellement efficaces et contraignantes sous un contrôle | |||
sérieusement exercé. | |||
C'est l'Angleterre qui prend l'initiative, se bornant d'abord à protéger | |||
l'enfant dans les fabriques textiles, puis successivement dans | |||
S80 LES Sl'STÊMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE | |||
les autres industries et dans les petits ateliers à partir de la | |||
décade 1860-1870. La Prusse, à son tour, limite la durée du travail | |||
des enfants en 1839 et 1853 sa législation est plus tard étendue à la | |||
Confédération de l'Allemagne du Nord en 1869, à l'Empire tout | |||
entier après 1871. La France suit une marche parallèle, en 1841 | |||
et 1874. L'Autriche, qui avait établi, dès 1786, une réglementation | |||
protectrice des apprentis, étend et renforce ses statuts en 1843 | |||
et 18S9. Le Massachusetts en 1843, les cantons suisses à partir | |||
de 1848, légifèrent sur le même objet. Depuis lors, toutes ces législations | |||
ont été renouvelées, et la plupart de celles que l'on trouve en | |||
vigueur aujourd'hui sont postérieures à 1890; la Suisse, qui avait | |||
été plus loin que tous les autres pays par sa loi de 1877, est actuellement | |||
la seule à posséder une législation aussi ancienne. Les autres | |||
États ont suivi le mouvement; l'Italie et l'Espagne sont elles-mêmes | |||
dotées de lois récentes sur le travail industriel, et. déjà l'on parle | |||
d'efforts faits dans le même sens au Japon, le dernier venu des pays | |||
de grande industrie. | |||
tL.iai mcesâure lma plmusa uürgeinîtvee cétvaaimt duce nu-xaecra iuânu câgxegeluécgbael. du'audmission | |||
pour les enfants dans les fabriques. Les premières lois ouvrières le | |||
fixaient à 8 ou 9 ans, et cette limitation, qui nous semble aujourd'hui | |||
si tristement insuffisante, apparaissait comme une atteinte audacieuse | |||
à la liberté dans un temps où l'ouvrier de 5 ans n'était pas | |||
une rare exception. Depuis cette époque, sous l'action parallèle des | |||
lois d'enseignement populaire et des lois de fabrique, l'âge d'admission | |||
a été relevé jusqu'à 12 ans dans la plupart des pays, 13 ans en | |||
Allemagne et en France, 14 ans même en Suisse, en Autriche et | |||
dans beaucoup d'Etats de l'Union américaine. II faut aller jusqu'en | |||
Espagne, au Portugal ou dans quelques rares États américains pour | |||
retrouver l'âge de 10 ans. | |||
Une fois admis à l'atelier, l'enfant, jusqu'à 14 ou 15 ans dans les | |||
pays méridionaux et en Russie, partout ailleurs jusqu'à 16ou 18 ans, | |||
reste protégé par la loi à différents points de vue. | |||
Sa journée de travail, coupée par des repos déterminés, est en général | |||
limitée à 10 heures. Encore beaucoup d'États, tels que l'Allemagne, | |||
l'Autriche-Hongrie, la Russie, les États scandinaves, l'Espagne, le | |||
Portugal, la Roumanie, ont-ils suivi l'exemple de l'Angleterre, et | |||
adopté, pour les enfants les plus jeunes au-dessous de 13 ou 14 ans, | |||
le régime du demi-temps, ou au moins celui d'une journée plus courte | |||
de 8 heures. Les législations qui conservent la journée de 11 heures | |||
pour les enfants sont devenues l'exception, et la Belgique seule admet | |||
encore pour eux la journée de 11 heures 1/2 dans l'industrie du coton. | |||
L'ÉTAT ET LES MUNICIPALITÉS 281 | |||
Partout le travail de nuit est interdit aux enfants, sauf de nombreuses | |||
dérogations générales ou spéciales; l'Angleterre est le seul | |||
pays industriel où cette règle protectrice cesse de s'appliquer dès l'âge | |||
de 14 ans. | |||
Partout aussi, la loi impose au profit des enfants le repos d'un | |||
jour hebdomadaire et celui des jours fériés. L'Angleterre fixe même | |||
pour eux une journée plus courte le samedi et les veilles de fête, de | |||
sorte que le temps de travail s'y trouve réduit à 33 heures et demie | |||
par semaine pour les enfants de moins de 14 ans, à 55 heures | |||
et demie ou 60 heures pour ceux de 14 à 18 ans. De nombreuses | |||
législations, Suisse, États américains, Australasie, Russie, etc., ont | |||
adopté le même principe des courtes journées du samedi. | |||
Enfin, dans certaines industries et pour certains travaux insalubres | |||
ou dangereux, les législations modernes établissent des dispositions | |||
spéciales en faveur des enfants, reculant l'âge d'admission, | |||
limitant plus strictement leur journée, réglementant leur emploi ou | |||
même l'interdisant d'une façon absolue. | |||
Après l'enfant, la sollicitude du législateur s'est portée sur la | |||
femme. Dès 1844, le Parlement anglais étendait aux femmes les | |||
dispositions qui protégeaient les adolescents de 14 à 18 ans dans les | |||
fabriques textiles. A notre époque, un peu partout, la femme est | |||
l'objet d'une protection presque aussi étendue que celle de l'enfant. | |||
La journée de travail, dans quelques pays, est un peu plus longue | |||
pour elle que pour l'enfant; mais il n'y a plus que la Belgique et | |||
quelques États secondaires pour ne pas limiter son travail journalier | |||
quand elle a dépassé 21 ans. S'il reste encore beaucoup d'États qui | |||
n'établissent en sa faveur aucune règle prohibitive du travail de nuit, | |||
du moins la Belgique est-elle le seul pays de grande industrie qui | |||
figure dans cette liste des retardataires; et quant au jour de repos | |||
hebdomadaire, il est partout assuré par la loi aux ouvrières, sauf en | |||
Belgique et au Portugal. Seule aussi, la Belgique oublie d'interdire | |||
aux femmes le travail souterrain dans les mines; seuls, la France et | |||
quelques rares pays négligent de leur réserver un repos de quelques | |||
semaines après les couches. | |||
Des enfants et des femmes, la législation protectrice s'est étendue | |||
aux hommes adultes eux-mêmes. Les États qui limitent la journée de | |||
travail des hommes dans les fabriques sont encore l'exception. La | |||
France a commencé dès 1848, en établissant la limite de là heures; | |||
elle a continué son ceuvre en 1900, lorsqu'elle a restreint la journée | |||
à 10 heures pour les hommes travaillant dans les mêmes locaux que | |||
des femmes ou des enfants. La Suisse en 1877, l'Autriche en 188S, | |||
2~2 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE | |||
t f~ tT – ~-–-t-- ~–––––:tt~~–– –––~ ~t:t: ~t:- ~C ont établi pour tous les travailleurs sans distinction (à partir de 16 | |||
ans en Autriche) une durée commune de il heures; la Russie, en 1897, | |||
a fixé la limite à 11 heures et demie pour tous les ouvriers de plus de | |||
'1Sans; enfin quelques législations, celles de l'Allemagne, de la Hollande, | |||
ont imposé dans certaines industries une journée maxima sanitaire. | |||
Pour le travail de nuit, la différence de régime entre les femmes | |||
et enfants et les hommes adultes est encore plus sensible aucune | |||
législation ne l'interdit aux hommes, sauf en Suisse. Mais pour le | |||
repos du dimanche et des jours fériés, on constate de nos jours un | |||
mouvement d'unification qui se généralise. Le repos du dimanche est | |||
obligatoire pour tous les travailleurs industriels indistinctement dans | |||
de nombreux États Allemagne, Autriche, Suisse, Russie, Roumanie, | |||
États scandinaves, Espagne, Belgique, États-Unis en grande partie. | |||
Il y a donc une tendance très nette, dans beaucoup de pays, à établir | |||
une réglementation générale qui s'applique aux hommes adultes | |||
comme aux autres catégories de travailleurs industriels les prescriptions | |||
concernant le repos du dimanche, et même, dans certains États, | |||
lca.. ad.urée ad.u. +t.çra~vail journalier, s~'°é+te~nod"e+nt à +tro"u,+t llee personnel 1 d1'~uunn | |||
établissement au même titre que les prescriptions d'hygiène et de | |||
sécurité. | |||
La législation protectrice des travailleurs, en même temps qu'elle | |||
devenait plus minutieuse dans ses exigences et qu'elle s'appliquait à | |||
des catégories plus larges d'ouvriers, s'étendait aussi à des industries | |||
et professions plus nombreuses. Les ouvriers des mines ont été, dès | |||
le début du xix° siècle, l'objet d'une protection spéciale, et cette protection | |||
est encore aujourd'hui plus étroite pour eux que pour les | |||
autres travailleurs; les mesures de sécurité sont plus rigoureuses, | |||
l'emploi des femmes est interdit, le travail.des enfants sévèrement | |||
réglementé, la journée de travail des hommes adultes est même | |||
limitée dans les mines par certaines législations qui n'établissent | |||
aucune règle semblable dans les autres industries. Mais, en dehors | |||
des ouvriers mineurs, la législation générale du travail, à ses débuts, | |||
ne visait guère que les fabriques. Depuis lors, elle a pénétré dans bien | |||
d'autres ateliers et professions. | |||
Nulle part cette marche par échelons n'est aussi visible qu'en | |||
Angleterre; des filatures de coton et de laine, la législation ouvrière | |||
s'est étendue à l'ensemble de l'industrie textile, puis aux autres établissements | |||
de la grande industrie, et enfin aux petits ateliers, jusqu'à | |||
ceux de l'industrie à domicile. Ailleurs, le mouvement est analogue, | |||
quoique plus raccourci; le législateur a voulu remédier d'abord | |||
aux maux les plus sensibles et les plus urgents, à ceux qui affectaient | |||
L'ÉTAT ET LES MUNICtPALÏTËS ;a:§3 | |||
les travailleurs dans les fabriques; ce n'est qu'après cette première | |||
expérience qu'il a entrepris la tâche plus difficile de soumettre à ses | |||
prescriptions et à celles des autorités secondaires les ateliers do la | |||
petite industrie. | |||
A cet égard, nulle réglementation n'oNre plus de difficultés que | |||
celle de l'industrie à domicile; nulle cependant n'est plus nécessaire, | |||
tant &cause des conditions misérables du travail en chambre que de | |||
l'extension qu'il prend au détriment des industries saines, par le fait | |||
même qu'il reste seul en dehors de la réglementation générale. La | |||
plupart des législations se contentent d'appliquer aux petits ateliers | |||
tout ou partie des dispositions qui régissent les fabriques; mais on | |||
sait que ces dispositions n'atteignent pas les ateliers de famille, et | |||
qu'elles restent généralement lettre morte dans les autres ateliers à | |||
domicile, faute d'une responsabilité effective et d'une inspection suffisante. | |||
Cependant les peuples anglo-saxons ont résolument abordé le problème'. | |||
L'Angleterre dès 1878, les États de l'Amérique du Nord en | |||
nombre croissant depuis 1894 (New York, Massachusetts, Illinois, | |||
Pennsylvanie, Missouri, Michigan, Indiana, Ohio, Wisconsîn, Maryland), | |||
la Nouvelle-Zélande et l'État de Victoria depuis la même époque, | |||
réglementent le travail à domicile avec une précision de plus en | |||
plus rigoureuse, principalement dans l'industrie du vêtement; leur | |||
tendance actuelle est de soumettre aux prescriptions législatives les | |||
ateliers de famille eux-mêmes. | |||
Il est vrai que le souci principal du législateur a été, dans la plupart | |||
des cas, de garantir l'hygiène publique et la santé des consommateurs. | |||
S'il donne aux autorités sanitaires des pouvoirs étendus à | |||
l'égard des locaux insalubres ou infectés par des maladies contagieuses | |||
et à l'égard des articles confectionnés dans des conditions | |||
malsaines, s'il oblige l'employeur (fabricant, sous-traitant et autre) | |||
à fournir la liste et l'adresse des ouvriers employés à domicile!, | |||
et s'il le rend responsable de l'insalubrité des locaux, si les lois | |||
américaines soumettent à un contrôle sanitaire les ateliers en | |||
chambre, et exigent pour leur ouverture une autorisation ou déclaration | |||
dont le propriétaire est responsable, si elles prescrivent | |||
l'apposition d'une marque spéciale sur les marchandises qui y sont | |||
1. Schwiedïand, La répression du travail en cAam&re,Revue d'économiepolitique, | |||
1897;Ziele und We<~e!?:o' He!ma?'&c:<~Me<~e&M!:?é,d2.', 1903,Vienne, | |||
Manz,tS!)9,in-8". | |||
2. Cette prescription se trouve encore, en Allemagne, dans l'ordonnance du | |||
31 mai 1897sur les ateliers de confection,§S. | |||
384 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE | |||
confectionnées, c'est bien, à certains égards, dans l'intérêt des travailleurs, | |||
mais c'est surtout dans un but d'hygiène publique. | |||
Par contre, certaines dispositions ont incontestablement pour | |||
objet exclusif la protection des travailleurs; telles sont les prescriptions | |||
d'hygiène relatives à l'encombrement, à l'aération et à l'éclairage | |||
des locaux de travail; telles sont aussi les dispositions de certaines | |||
lois américaines qui interdisent d'employer dans les ateliers à | |||
domicile des personnes étrangères à la famille, à moins que l'atelier | |||
n'ait aucun accès sur les pièces d'habitation (Mass., Wisconsin, | |||
Maryland). Quant aux limitations relatives à l'âge d'admission et à | |||
la durée du travail, la loi anglaise cherche à les rendre efficaces dans | |||
l'industrie à domicile en les appliquant même aux ateliers de famille | |||
dans lesquels une personne travaille seule ou avec ses proches, et en | |||
autorisant l'inspecteur à y pénétrer de jour et de nuit | |||
Des industries de transformation et des industries extractives, la. | |||
réglementation légale du travail s'est étendue, avec plus ou moins | |||
d'ampleur, aux chantiers de l'industrie du bâtiment, aux entrepôts, | |||
aux entreprises de chargement et de déchargement, aux entreprises | |||
de transport par chemins de fer et tramways, etc. Elle s'est étendue | |||
également aux exploitations industrielles de l'État et des municipalités | |||
la journée de travail y a été réduite à huit heures en Angleterre, | |||
aux États-Unis, en France même dans certains ateliers publics. | |||
En outre, l'Etat et les autres personnes publiques insèrent dans leurs | |||
marchés de travaux publics et de fournitures, et dans certains contrats | |||
de concession, des stipulations en faveur des ouvriers et | |||
emp!oyés; cette pratique est aujourd'hui si générale, qu'elle se rencontre | |||
même dans les pays dont la législation ouvrière est la moins | |||
avancée. | |||
Restait le commerce de détail, y compris les boucheries, boulangeries, | |||
pâtisseries, hôtels, restaurants, débits de boissons et maisons | |||
de coiffure. L'intervention de l'État pour la protection des salariés y | |||
rencontrait des obstacles de tout ordre; le législateur devait tenir | |||
compte d'une extrême variété de situations, et prévoir de multiples | |||
dimcultés d'application et de surveillance; il devait s'attendre à | |||
mécontenter des classes nombreuses et influentes, à troubler les | |||
consommateurs dans leurs habitudes. Néanmoins, le pas a été | |||
franchi, et le commerce de détail s'est trouvé lui-même atteint par la loi. | |||
1. L'AHema~ne,depuis 1903,rtple l'Aged'ndmission et le travail des enfants de | |||
moins de 13ans dans les établissementsautres que les fabriques, même ateliers | |||
de famille, et permet d'inspecter la nuit les logements privés, s'il y a présomption | |||
que des enfants y sont employés. | |||
L ETAT ET LES MUNICIPALITÉS 285 Y | |||
Ce sont les dispositions d'hygiène qui ont été étendues les premières | |||
aux locaux du commerce et des petites industries d'alimentation. | |||
Ainsi, les boulangeries font souvent l'objet de prescriptions spéciales | |||
à cet égard, en Angleterre et ailleurs. Tout récemment, la plupart des | |||
Parlements ont légifère sur les sièges qui doivent être mis à la disposition | |||
des vendeuses dans les magasins. Mais les États modernes ne | |||
se sont pas contentés de cette première série d'injonctions à l'égard | |||
des établissements de commerce; beaucoup d'entre eux entreprennent | |||
maintenant d'y réglementer la durée du travail. La loi prescrit, ou | |||
permet aux autorités locales de prescrire la fermeture des magasins, | |||
débits et bureaux dans la journée du dimanche (Allemagne, Autriche, | |||
Roumanie, Angleterre, Belgique, États de l'Union américaine. États | |||
australiens), et chaque jour de la semaine à certaines heures déterminées | |||
(Allemagne, États d'Australie) quelques législations donnent t | |||
aussi aux employés une demi-journée de repos dans la semaine. Ces | |||
règles générales, qui protègent les employés adultes comme les | |||
femmes et les enfants, sont d'ailleurs soumises à diverses restrictions | |||
pour les besoins de la vie journalière. | |||
La législation ouvrière a donc une tendance à couvrir, par des | |||
prescriptions d'une très grande variété, toutes les catégories professionnelles | |||
de salariés; il n'y a plus guère, à l'heure actuelle, que les | |||
marins du commerce, les ouvriers agricoles et les gens de service qui | |||
échappent à la réglementation législative. | |||
L'hygiène et la durée du travail ne sont pas les seuls points sur | |||
lesquels se soit portée la protection du législateur. La loi intervient | |||
encore, sinon en France, du moins dans la plupart des États, pour | |||
établir un contrôle sur les règlements d'atelier. Elle exige généralement | |||
que le règlement soit envoyé à l'inspecteur, pour que celui-ci | |||
vérifie la légalité des clauses du texte et recueille les observations des | |||
ouvriers; le règlement doit être affiché et la copie remise à l'ouvrier | |||
les amendes sont soumises à certaines limitations et versées dans une | |||
caisse de secours. | |||
La loi réglemente aussi très souvent le paiement des salaires; elle | |||
prescrit le paiement par semaine ou par quinzaine, en dehors des | |||
cabarets; pour écarter le ~rMC/fsystem, elle impose le paiement en | |||
monnaie courante, et n'autorise les retenues sur le salaire qu'en vertu | |||
de conventions écrites, pour des causes qu'elle spécifie limitativement. | |||
Parfois aussi, la loi prescrit la publicité des tarifs de | |||
salaires dans certaines industries, telles que l'industrie textile, et | |||
organise un contrôle public des poids et mesures qui doivent servir | |||
à déterminer la quantité des ouvrages exécutés. | |||
286 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE | |||
Quant à la quotité des salaires, l'État, en général, n'agit sur eux | |||
que d'une manière indirecte, par les clauses insérées dans les marchés | |||
de travaux publics. Cependant on sait que les États d'Australasie se | |||
sont montrés plus hardis. L'État de Victoria, par une loi de 1896, | |||
donne à des commissions mixtes, composées de patrons et d'ouvriers | |||
élus par les syndicats, le pouvoir de fixer un salaire minimum pour | |||
la journée normale de huit heures dans certaines industries particulièrement | |||
atteintes par le sweating system, confection, lingerie, | |||
ébénisterie, cordonnerie, boulangerie. Dans le même sens, les lois | |||
de la Nouvelle-Zélande (depuis 1894), celles plus récentes de l'Australie | |||
méridionale et occidentale, de la Nouvelle-Galles du Sud et du | |||
canton de Genève, ont établi pour les conflits industriels une Cour | |||
officielle d'arbitrage, dont la sentence est obligatoire dans toute la | |||
profession intéressée. Ces diverses législations n'ont pas seulement | |||
prohibé les grèves, et donné une sanction aux contrats collectifs | |||
conclus par les unions industrielles; elles ont aussi donné la même | |||
sanction aux décisions d'arbitrage qui tiennent lieu de contrat, et | |||
'i;nnsoti"tIu'téL~ ttnoumtf un scy:Hstcè-m~fe.à.rdne.n.1.rlè£agY'1leVm\oe.nntfsL. gn.éIn:lé.raux qui implique lLe. | |||
minimum de salaires'. | |||
Toutes ces prescriptions sur l'hygiène et la sécurité, la durée | |||
du travail, les règlements d'ateliers, etc., resteraient lettre morte, si | |||
le législateur ne prenait soin d'établir en même temps un contrôle | |||
sérieux et des sanctions pénales pour leur exécution. Lep premières | |||
lois ouvrières, en Angleterre et en France, furent inefficaces | |||
faute d'un organe de contrôle, et la loi espagnole de 1900 le sera | |||
probablement aussi pour la même raison. L'expérience a donc conduit | |||
les différents États à instituer un corps spécial d'inspecteurs du | |||
travail; à chaque étape nouvelle de la législation, il a paru plus | |||
nécessaire d'améliorer le recrutement des inspecteurs, d'augmenter | |||
leur nombre et de renforcer leurs pouvoirs. Quelques États ont créé | |||
en outre des inspecteurs médecins, et des délégués ouvriers dans | |||
certaines industries. Quant aux pénalités, elles consistent en amendes | |||
variées, exceptionnellement faibles en France, très élevées au contraire | |||
en Angleterre, où le système des astreintes par jour de retard | |||
donne une sanction particulièrement énergique aux prescriptions | |||
d'hygiène et de sécurité. | |||
1. H est remarquable que l'arbitrage obligatoire, en Australie, s'impose à l'État | |||
patron comme aux autres entrepreneurs; à la requête de l'Union des travailleurs | |||
<ies chemins de fer, le surintendant, en cas de différend, doit se soumettre à la | |||
juridiction de la Cour d'arbitrage et comparaitre devant elle. | |||
L'ÉTAT ET LES MUNICIPALITÉS 287 | |||
En même temps qu'il protège le salarié dans son travail professionnel, | |||
l'État moderne lui assure des garanties pécuniaires contre | |||
les risques qui le menacent. Les assurances ouvrières sont toutes | |||
récentes; mais, depuis l'initiative prise par l'Allemagne en 1883, elles | |||
se sont largement répandues dans le monde civilisé, et paraissent | |||
appelées à un développement dont nous ne voyons encore que le | |||
début. | |||
Assurer à l'ouvrier la réparation des accidents dont il est victime | |||
dans son travail, ranger le risque professionnel parmi les charges que | |||
l'industrie doit couvrir au moyen de ses produits, telle fut la première | |||
préoccupation du législateur. Il n'est peut-être pas d'exemple, dans | |||
l'histoire de la législation, d'un élan aussi rapide et aussi unanime | |||
que celui qui a porté les États du monde civilisé à adopter le principe | |||
du risque professionnel. Depuis la loi allemande de 1884, mais surtout | |||
aux environs de l'année 1900, toutes les législations des pays | |||
industriels, sauf l'exception unique de la Suisse, ont adopté en | |||
cette matière quelques principes qui forment une sorte de droit | |||
commun universel les entrepreneurs sont responsables de tous les | |||
accidents professionnels, sauf le cas d'accident volontaire, et, dans | |||
quelques pays, le cas de faute très grave de l'ouvrier; les patrons | |||
responsables doivent payer les frais du traitement médical avec une | |||
indemnité journalière, et, en cas d'infirmité permanente ou de décès, | |||
servir une rente à la victime de l'accident, à sa veuve ou à ses | |||
enfants. Le bénéfice de cette responsabilité s'étend à des catégories | |||
professionnelles de plus en plus nombreuses ouvriers d'industrie, | |||
ouvriers mineurs, ouvriers du bâtiment, travailleurs des transports | |||
et des docks, gens de mer, et même ouvriers agricoles, que la plupart | |||
des législations protègent seulement en cas d'accident causé | |||
par une machine, mais que des lois plus récentes en Allemagne, | |||
en Angleterre et en Hongrie traitent aussi favorablement que les | |||
ouvriers industriels; aussi le nombre des assurés en Allemagne | |||
dépasse-t-ii maintenant 19 millions de personnes. Enfin les ouvriers | |||
à domicile, si généralement dépourvus de garanties, sont visés | |||
expressément par la loi anglaise, qui établit &leur profit la responsabilité | |||
de l'employeur indirect par-dessus le sous-contractant. | |||
Sur le principe de l'assurance obligatoire, les législations sont | |||
moins unanimes. Les patrons responsables ne sont obligés de s'assurer | |||
que dans quelques pays en Allemagne, où ils sont groupés & | |||
cet effet par corporations professionnelles; en Autriche, en Norwëge | |||
et dans le Luxembourg, où ils sont groupés par corporations | |||
régionales en Italie, en Hollande et en Finlande, où ils conservent | |||
288 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE | |||
une ce~rat,aine liberté dans le choix d'te lI'lorgane d'assurance. `En France, | |||
en Belgique et en Suéde, la loi donne aux salariés des garanties aussi | |||
solides que celle de l'assurance obligatoire, en établissant un fonds | |||
commun qui couvre les risques d'insolvabilité des débiteurs, et en | |||
instituant diverses sûretés telles que privilèges, dépôts et cautionnements, | |||
contrôle public des établissements d'assurance, etc. Ailleurs, | |||
au contraire, en Angleterre notamment, la loi n'établit aucun système | |||
de garantie. | |||
Les autres assurances ouvrières sont beaucoup plus rares. L'assurance | |||
publique contre le chômage n'a été essayée jusqu'ici que dans | |||
quelques villes. L'échec de la caisse obligatoire de Saint-Gall, en 1890, | |||
a fait ressortir les difncultés particulières de l'assurance appliquée | |||
au chômage; ces difficultés tiennent à la différence des risques, qui | |||
varient suivant les professions et les individus, et surtout à la nature | |||
même du risque, qui prête si facilement à la fraude du chômage | |||
volontaire. Aussi l'exemple ne s'est-il pas généralisé les seules caisses | |||
municipales aujourd'hui existantes, celles de Berne et de Cologne, | |||
sont des caisses facultatives d'un fonctionnement très limité; elles | |||
recrutent leur clientèle exclusivement dans les professions soumises | |||
aux chômages de saison, et ne font supporter aux assurés que la plus | |||
faible partie des charges de l'institution. Jusqu'ici, l'assurance contre | |||
le chômage n'a donné des résultats satisfaisants que dans les syndicats | |||
ouvriers, à cause du contrôle réciproque qui peut s'y exercer; | |||
aussi les communes ont-elles mieux réussi en soutenant les caisses | |||
syndicales de chômage et la prévoyance individuelle, comme à Gand, | |||
qu'en se chargeant elles-mêmes de l'assurance. Quant à l'État, il n'a | |||
jamais encore tenté d'organiser l'assurance facultative ou obligatoire | |||
contre le chômage; mais il est possible que l'Allemagne prenne | |||
un jour l'initiative, en rattachant cette assurance à l'une de celles | |||
qui sont déjà organisées chez elle'. | |||
L'assurance obligatoire contre la maladie, introduite en Allemagne | |||
dès 1883, y a pris des développements successifs par le fait du législateur | |||
et même des autorités communales, qui ont reçu la faculté | |||
d'appliquer cette assurance aux salariés de l'agriculture, aux ouvriers | |||
à domicile et à quelques autres. Aussi protège-t elle aujourd'hui | |||
plus de 9 millions de travailleurs, afuliés à diuérentes caisses (caisses | |||
libres, caisses d'établissement, caisses communales, etc.), et obligés | |||
par la loi d'en acquitter la cotisation pour les deux tiers, le troisième | |||
1. Louis Variez, Les formes nouvelles de faMM'ancecontre le eMmcM, nousseau, | |||
i903, in-12. | |||
L'ÉTAT ET LES MUNICIPALITÉS sgj | |||
j j.~ ~u~tji, cuu.a m jjma~iuliui] | |||
LES SYSTÈMES SOCIALISTES. ~Q | |||
'tiers restant à la charge des employeurs. Depuis l'initiative prise par | |||
q1ueAllpemaragln'Ae,utlr'iacshseu,ranclea Hoobnliggraiteoireet cloentLreuxelammboaulargd;ie nm'aaiésté da'daouptrteése | |||
Etats, comme la Belgique et le Danemark, allouent des subventions | |||
.aux sociétés et caisses privées de secours contre la maladie. | |||
L'assurance obligatoire contre l'invalidité et la vieillesse a eu | |||
-edmleloei1n3ys medsitelliooranrgysaonniensteémedeemnptiardegernsacanoldarereis.és cÉatdiasebsleitesoutereéngcioaAntélalgleeomsr,iaeg;neetmso'déyeteepnnundiasntà18p8drèe9ss | |||
.lc'aosnsturribanuctieons donmnieses dàroilta càharugnee dpeenl'sÉitoant, dqeusi, paetnron1s902et, dnese adséspuarésss,e | |||
guère en moyenne 187 à 191 francs par an, à l'âge de soixante-dix | |||
'ans ou en cas d'innrmité prématurée. | |||
isolCéee.tteSvanasstedoeuntetr,eporinserendcoentlr'Eempairuessi adlleesmapnednsioensst rdeestéveieilljeusssqeu'icein | |||
Australie et en Nouvelle-Zélande mais ces pensions sont servies aux | |||
,,lososiuasueénuveslr6siè5crc0ioenomdnfritmg.crioeebànmuttasmpi,uoaenrtDiereatnndebdemiAeesanllreisknmoqtiuéaxergaeenntsetsleee;é-nsc.tiaFnucqrx'aeCnsetceena.npn'lseus)sto,tôitt ld'Érodetnelaacttilv'apessamessiuseltnadtnleccsel'éaslseusvpugépréaonnré(ctre4ea,S-O | |||
meMntaisf,avdoarinssés bepaaurcolu'inpstitduetiopnays, dleescaoiussversiersde dseescomuirnses etsodnet rseptércaiiateles- | |||
«obligatoires. D'autres catégories de salariés, les gens de mer en | |||
France, les ouvriers agricoles en Hongrie, sont également assurés | |||
.d'une pension de retraite. Certains États, comme la Belgique, encouragent | |||
l'assurance facultative pour la vieillesse en majorant forte, | |||
monenpteultesdivreerseqmueenltas quveosltoinotnairedses dreestraaitsessuréso.uvrEiètrepslus esgténaéurjaoluermde'hnuti, | |||
posée un peu partout; des projets d'organisation sont en instance | |||
devant plusieurs Parlements, et, si des obstacles d'ordre financier | |||
retardent encore la solution, du moins semble-t-il dès maintenant | |||
.que des majorités sont acquises au principe et disposées à le faire | |||
triompher. | |||
En résumé, sur tous les points qui intéressent la condition des | |||
salariés, nous observons de nos jours un courant législatif qui | |||
gagne sans cesse en largeur et en profondeur. Nul pays de civilisa- | |||
oteiusotnlpariisFnerdauntscatenri,teôltlteanptaôrnt 'aupnaprvuieuunsx'ey npasatoiyuossntracjioerume;nmee sli'tliu'nAéitneiagtliaevuteexrrea,ndt'iuplno'Aedlelserméfaogmrnmaeies | |||
<temouvement ne tarde pas à se propager, sous la pression univer890 | |||
LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE | |||
selle de la démocratie qui grandit à côté du capitalisme les gouvernements | |||
et les majorités réfractaires sont entraînés à leur tour, et | |||
les corporations les plus attachées au ~p, comme les 7'ra~c- | |||
Unions anglaises, se rallient elles-mêmes à la méthode de la contrainte | |||
législative, qui leur paraît plus expéditive et plus large dans | |||
ses effets que l'action des associations privées. Partout les prescriptions | |||
se multiplient et se compliquent, s'appliquant à des objets | |||
nouveaux ou à des catégories nouvelles d'intéressés les moyens de | |||
contrôle et les sanctions se fortifient; les actes épars, émis au jour le | |||
jour et sans vue d'ensemble suivant les besoins, se condensent en | |||
monuments réguliers, en codes du travail, qui font eux-mêmes l'objet | |||
de refontes successives. Des traités de travail, comme celui dont la | |||
France et l'Italie ont donné le premier exemple en 1904, des accords | |||
diplomatiques comme ceux qui doivent intervenir entre quinze États | |||
européens à la suite de la Conférence de Berne de 1903 au sujet du | |||
travail de nuit des femmes dans l'industrie, tendent enfin à donner | |||
aujourd'hui à la législation ouvrière le caractère international dont | |||
elle a besoin'. |
modifications