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superposent, s'unissent par des liens contractuels, et réalisent tous | superposent, s'unissent par des liens contractuels, et réalisent tous | ||
les jours un peu mieux le fédéralisme coopératif. | les jours un peu mieux le fédéralisme coopératif. | ||
== Chapitre 15. Les unions professionnelles de patrons | |||
et de salariés; le contrat collectif de travail. == | |||
Au grand courant d'association qui transforme peu à peu la structure | |||
des sociétés contemporaines se rattachent encore les unions | |||
formées par les patrons et les salariés pour la défense de leurs intérêts | |||
respectifs. Ces associations professionnelles sont loin d'avoir la même | |||
ampleur dans tous les pays; mais partout elles naissent et s'accroissent | |||
à la faveur des mêmes circonstances 1. | |||
Dans cette voie comme dans celle de la coopération, l'Angleterre a | |||
pris les devants, montrant par son exemple la direction que suivra | |||
le mouvement ouvrier dans les pays de civilisation semblable. La | |||
révolution industrielle, en effet, s'est accomplie en Angleterre bien | |||
plus tôt qu'ailleurs. Avec la grande industrie anglaise se sont développées | |||
les associations ouvrières pendant tout le cours du xix" siècle, | |||
de sorte qu'elles sont parvenues aujourd'hui, dans les principales | |||
industries, à leur pleine maturité. Si les unions anglaises sont | |||
encore loin d'embrasser la totalité, ou même la majorité de la classe | |||
ouvrière, du moins leurs 2 millions de membres forment-ils un | |||
corps nombreux et discipliné, une élite qui constitue, pour les populations | |||
industrielles, le véritable centre d'attraction et de direction. | |||
Dans les branches les plus importantes de la grande industrie, | |||
mines de bouille, construction des navires, construction mécanique | |||
et autres, les unionistes forment la majorité numérique, parfois | |||
même la presque totalité des ouvriers de la profession. | |||
Les unions anglaises sont plus remarquables encore par la | |||
i. Voir Annexe VII, 1°. | |||
LES UNIONS PROFESSIONNELLES 253 | |||
puissance de leur organisation et rétendue de leurs ressources que | |||
par le nombre de leurs membres. Ce n'est pas le lieu de retracer ici | |||
les détails de cette organisation, que des travaux de premier ordre | |||
nous ont fait connaître. On sait que les grandes unions sont formées | |||
de nombreux syndicats locaux amalgames, appartenant tous à un | |||
même métier. L'administration, savante et compliquée dans les | |||
unions les plus considérables, est confiée à des agents salariés et | |||
permanents. A la tête de l'union, un organe commun, le comité | |||
central exécutif, se tient en relations constantes avec les fonctionnaires | |||
des branches locales, centralise les fonds et décide souverainement | |||
des grèves. Les unions de métiers connexes dans une même | |||
industrie s'amalgament aussi parfois entre elles, ou se relient les | |||
unes aux autres par les liens plus lâches d'une fédération. Quelquesunes | |||
de ces associations ouvrières sont colossales; la Fédération des | |||
travailleurs de l'industrie textile compte 103 000 membres, celle des | |||
mécaniciens et constructeurs de navires 240000, la Fédération des | |||
mineurs de la Grande-Bretagne 340 000. Enfin la Fédération générale | |||
des TVef~MOM~ compte 403000 membres, et les congrès annuels | |||
-réunissent les représentants de 1 300 OOQ~inionistes. | |||
La force du mouvement s'apprécie surtout par la continuité et la | |||
rapidité de son cours. Depuis 10 ans, les unions se sont accrues | |||
d'un tiers, passant de iSOOOOO à 2 millions de membres. Telle | |||
association, celle des constructeurs de navires en fer et de chau- | |||
.dières, qui ne comptait pas 2000 membres en 1833, en possède | |||
33000 en 1890, et 48 000 en 1903; telle autre, la Société amalgamée | |||
des mécaniciens, passe de SOOOmembres en 1881 à .68000 en 1890. | |||
et 93 000 en 1903; celle des charpentiers, de 618 en 1860 à 31000 | |||
en 1890, et 71000 actuellement, etc. | |||
Les grandes unions anglaises, se recrutant parmi les ouvriers | |||
qualiGés qui reçoivent de hauts salaires et possèdent généralement | |||
de fortes qualités morales, peuvent obtenir de leurs membres des | |||
cotisations élevées (en moyenne 0 fr. 90 par semaine). Aussi disposent- | |||
elles de ressources importantes; la fortune des cent principales | |||
unions atteint 114 millions de francs, et leurs recettes | |||
annuelles s'élèvent à 50 millions. L'Union des mécaniciens, la plus | |||
riche de toutes, possède un fonds de réserve de 15 millions et un | |||
revenu de 8 millions; d'autres unions, parmi les mineurs, charpentiers, | |||
employés de chemins de fer, fileurs de coton et constructeurs | |||
de navires, ont un fonds de 5 à 9 millions et des recettes périodiques | |||
d'une importance correspondante. | |||
Ces ressources leur permettent non seulement de soutenir la | |||
354 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'EVOLUTION ÉCONOMIQUE | |||
rréeasciicsfttzannncne temn ncaacs rd~er~ Og"rrèà'vt1e"l,~ mmaa;eis rd7eml;e+dri;hs.t,nreibuer ,rné.ig;Ru.Wliiè. rement des | |||
secours à leurs membres en cas de chômage involontaire, de maladie | |||
et de décès. Cette destination est même devenue la principale; car | |||
tandis que les unions, au moins celles pour lesquelles le relevé a été | |||
fait, ne consacrent guère qu'un dixième de leurs ressources aux | |||
grèves, elles en affectent les deux cinquièmes et souvent plus aux | |||
secours mutuels. Les secours pour chômage involontaire, notamment, | |||
représentent en moyenne le cinquième de leurs dépenses, et | |||
atteignent une proportion de 40 à 50 p. 100 dans certains | |||
syndicats. | |||
Cet office d'assistance est aujourd'hui capital dans les grandes | |||
unions anglaises (68 p. 100 de leurs dépenses totales), et l'on ne saurait | |||
trop insister sur son importance pour les associations ouvrières. | |||
Les caisses de chômage sont indispensables pour prévenir les offres | |||
de travail au rabais et assurer par là l'observation des tarifs d& | |||
salaires syndicaux. Par-dessus tout, l'assistance mutuelle dans le | |||
syndicat ouvrier est le seul moyen efficace de maintenir la cohésion | |||
du groupe par la permanence des adhésions en dehors des périodes | |||
de conflit. Le droit aux secours prévient les défections qui, partout | |||
ailleurs, débilitent si dangereusement les syndicats ouvriers. En | |||
Angleterre même, les unions nouvelles d'ouvriers non qualifiés, dans | |||
lesquelles les cotisations beaucoup plus faibles ne suffisent pas à | |||
alimenter une caisse de secours, souffrent de cette instabilité du personnel. | |||
Les nouvelles unions de manoeuvres sont surtout des coalitions | |||
éphémères, des syndicats de résistance qui, en dehors des | |||
périodes de grève, ne comptent qu'un petit nombre d'adhérents | |||
fixes. Le néo-unionisme, aux allures plus combatives, est donc | |||
loin de présenter la même force que les anciennes unions; dans | |||
l'évolution des associations ouvrières, l'établissement d'une cotisation | |||
élevée en vue de l'assistance mutuelle paraît être la condition | |||
essentielle de leur accessibilité à des formes supérieures d'organisation. | |||
En dehors de l'Angleterre, les associations ouvrières, de formation | |||
plus récente, sont moins nombreuses, moins riches et moins puissantes | |||
la plupart d'entre elles se trouvent encore au même degré de | |||
développement que les unions anglaises de dockers et autres ouvriers | |||
unskilled; ce sont, en général, de simples syndicats de résistance à | |||
personnel instable, qui n'ont pas encore pu établir un service régulier | |||
de secours pour chômage et maladie. Toutefois, depuis vingt ou | |||
trente ans, l'impulsion est donnée dans tous les pays industriels, et | |||
le courant syndical, sans être toujours très profond, est aujourd'hui | |||
LES UNIONS PROFESSIONNELLES 2SSsi | |||
rapide que les dernières statistiques connues, vite dépassées, sont. | |||
déjà surannées quand on les utilise. | |||
C'est ainsi que, dans le petit État du Danemark, la grande masse | |||
de la population ouvrière industrielle, les trois quarts peut-être, est. | |||
syndiquée et fortement concentrée dans une Fédération générale. | |||
Les TVa~e-~MOH~ de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande sont toutespuissantes | |||
et favorisées par les lois sur l'arbitrage. Aux États-Unis, | |||
2 millions de salariés au moins appartiennent à des unions, qui sont | |||
affiliées entre elles suivant des combinaisons variées; la plupart de | |||
ces associations, simples ou composées, forment à leur tour par leur | |||
agglomération un groupe colossal, la Fédération américaine du travail, | |||
qui compte 1 700 000 adhérents. L'organisation syndicale aux | |||
États-Unis est remarquable par la discipline qu'elle a su imposer à | |||
des éléments hétérogènes, et par l'adoption généralisée du label, désignant | |||
aux consommateurs les marchandises fabriquées dans des | |||
conditions de travail approuvées par les syndicats. | |||
En Allemagne, malgré la division des forces ouvrières en syndicats | |||
socialistes, chrétiens et libéraux, la constitution syndicale est | |||
déjà avancée. Le nombre des ouvriers syndiqués s'élève à plus de- | |||
-1466000, répartis entre les divers groupes suivant leurs affinités | |||
politiques et religieuses; dans chacune des trois grandes divisions | |||
politiques, les syndicats d'un même métier sont fédérés entre eux, et | |||
ces unions centrales de métier forment à leur tour une fédération | |||
générale. Ainsi les syndicats socialistes, qui sont aujourd'hui les | |||
plus importants, comptent 1 million de membres; ils disposent d'une | |||
recette annuelle de 25 millions de francs; ils se composent de | |||
7 000 branches locales affiliées à 63 unions centrales de métier, dont. | |||
quelques-unes sont fortes de 78000 (mineurs), 97000 (ouvriers | |||
du bois), 128000 (maçons), 176000 membres mémo (ouvriers desmétaux) | |||
ils constituent par leur union la Fédération générale des | |||
GeMc~scAa/'ten. Mêmes divisions en Belgique, où les syndicats | |||
socialistes ont une prépondérance plus marquée encore 95 000 membres, | |||
dont 48000 ouvriers mineurs, sur un total de 132000 syndiqués. | |||
En France, le nombre des salariés syndiqués, depuis que la liberté | |||
a été donnée aux associations professionnelles par la loi de 1884, est | |||
en progression rapide, et atteint aujourd'hui 780000; la proportion | |||
des syndiqués sur l'ensemble des travailleurs de l'industrie et du | |||
commerce, moins forte qu'en Angleterre et en Allemagne, s'élève | |||
cependant à 22 p. 100, si l'on ne tient compte que des salariée | |||
adultes du sexe masculin travaillant en dehors de leur domicile. | |||
'356 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE | |||
On~t~compte~ïï~t actuellement 1<3) rf~é–td: érations e-tt s-–y–nd-ïi'tc- ats ouvriers diont | |||
le personnel dépasse 10 000 syndiques. Certaines fédérations nationales | |||
de métier ou d'industrie présentent des effectifs assez considérables | |||
le Syndicat national des travailleurs des chemins de fer, | |||
42000 membres; la Fédération nationale des mineurs, 48000 membres. | |||
La centralisation se complète par la Confédération générale du | |||
travail, où se trouvent groupés 330 000 syndiqués. | |||
A côté des unions nationales, qui comprennent les syndicats d'un | |||
même métier ou de métiers connexes, il existe, dans la plupart des | |||
États, des fédérations locales entre syndicats appartenant à des | |||
industries différentes. Ces fédérations, qui ont leur siège dans les | |||
grandes villes et les principaux centres industriels, ne représentent | |||
pas, comme les fédérations propres à un métier, des intérêts professionnels | |||
nettement déterminés; aussi les ?'a'<~M-6'ouMCt~ anglais | |||
sont-ils loin de jouer un rôle aussi important que les ?Va<~e-6'K!ONS. | |||
Néanmoins, ces organisations locales rendent encore de grands | |||
services à la classe-ouvrière, en inspirant aux travailleurs des différentes | |||
professions le sentiment de la communauté d'intérêts qui les | |||
unit, et en fournissant aux syndicats d'une même ville un local | |||
commun pour leurs réunions et leurs services permanents, offices de | |||
placement, secours de route, enseignement professionnel et autres. | |||
Telle est la destination des Bourses du travail françaises, qui | |||
comptent parmi leurs adhérents une notable fraction des travailleurs | |||
(377 000 syndiqués et 2360 syndicats dans 114 Bourses). On retrouve | |||
la même institution en Allemagne; ce sont les CeM'e~eAa/A'a~c~e | |||
pour les syndicats socialistes (3S3 avec 482 000 adhérents au moins), | |||
€t les 0?'~M~an<f6 pour les syndicats Hirsch-Duneker. Ce sont encore | |||
les Canzere del lavore italiennes, les CcK<t'<~Za6oM?' Unions américaines, | |||
les 7'ra~M-~a~s australiennes, etc. En Belgique, les syndicats | |||
d'une même ville se trouvent compris dans des fédérations | |||
locales plus larges, qui embrassent en même temps des mutualités, | |||
des coopératives et associations diverses appartenant au même parti. | |||
Enfin, dans la plupart de ces pays, les unions de métiers et Bourses | |||
du travail se fédèrent entre elles ou se rattachent aux grandes fédérations | |||
existantes. | |||
Les conditions du travail, pour chaque pays, se trouvent aujourd'hui | |||
dans l'étroite dépendance des facteurs économiques internationaux | |||
les salaires peuvent être déprimés par des crises de surproduction | |||
résultant de causes extérieures les réductions de la journée de | |||
travail et les hausses de salaires trouvent leur principal obstacle dans | |||
la concurrence étrangère, et les résistances des ouvriers en grève | |||
LES MtONS PROFESSIONNELLES as? | |||
1 .U'P"VJ~ cw. | |||
LESMM'tMESSOCtAt.ISTES. 7 | |||
sLoantclassosueveonutvrièbrreiséeasurapitar dol'ninctrogdruacntdionintérêdte àtraovragiallneiusresr séotlriadnegmeersn.t | |||
des fédérations internationales. Mais les travailleurs éprouvent de | |||
très grosses difficultés dans leurs essais d'entente internationale, et | |||
n'ont obtenu jusqu'ici que de médiocres résultats. | |||
On est parvenu, dans certaines professions, à réunir en congrès | |||
périodique les délègues syndicaux des différents pays, et même à | |||
instituer un bureau international, un secrétariat permanent qui sert | |||
de lien entre les organisations nationales, au moins pour la correspondance, | |||
les informations et la préparation des congrès. C'est ainsi | |||
qtiueentladFesédécroantigornès inantenrunealtsionaolùe sièdgeesntminleesurrse,précsreénéetanàtsLonddr'eusn emn i1ll8io9n3 | |||
deet dFeramniced'eotuvdreierBselgimquinee.urMs aisd'Acensglfeétdeérrrea,tionsd'Alnle'omnatgnjaem, aisd'Aéutétridaisesez | |||
fortes pour exercer une influence générale sur la production et les | |||
salaires; elles n'ont jamais pu recueillir des ressources sufSsantes | |||
pour soutenir des grèves, ni même pour distribuer régulièrement des | |||
secours de route. Faute de subventions importantes à fournir, les | |||
comités permanents n'ont jamais exercé un contrôle efficace sur les | |||
déclarations de grève, et les congrès eux-mêmes ne sont pas parvenus | |||
à s'entendre pour les réglementer. Bref, dans aucune fédération | |||
itsineotsenrndanétcaiitosinoioannlaesl,e, clol'a'oocrrcgdoaomnnenpelirsesxemélecesuntitefffonrdt'ase eseuetsaososbbetezlingiadrt'iaoudnteosrictéhfaéqdupéeoraulreosrigmaepnsoissseaen-rtielles, | |||
comme l'acquittement de la cotisation proportionnelle. Tout | |||
éatuabplilusà pBeeurnt-eondecpiuteirs l1e89S3e,crqéutairidaitstriibnuteernadtieosnaslecoudrse dlaérotyupteogrcaopnhfieo,rmément | |||
à un règlement international et soutient certaines grèves | |||
par des levées extraordinaires; encore s'en faut-il que le service fonctionne | |||
avec la régularité désirable | |||
Plus difficile encore parait être la fédération internationale de | |||
toutes les forces ouvrières. Sans doute, depuis la dissolution de | |||
l'Association internationale des travailleurs, de nombreux congrès | |||
lcdmMIDeomesoiursiepd.uso.oléfCuOeeénvueNdfnsrruUéiiaos.eert'ccearr.eei,ssrttaid~,oldu,cmc1neh/8MsMétarl9tpa'aiéi9/vnne&lm-llatd1uieeioue9rlrtirg,snC0rstiae4Lr,estsi.t~cieeeoeosMstntu,<eanpdVxlMl~eeeotpaius,scM.lrreui4set,ccm-r1zi&tal4t.aeevéi:nseeal<QlttsioesolMsl,uuMp,e.a,rvuerumsorl~r,éisafpeMnetroresasdstMxs,ietied1speoFru9,asnci0,gsnhtica2edleehbs,ilmaleaepemrcni.~s,n,'aOsA11lneeM89x&tdsa08ieris<v0erttee,foeetiernrs!r~r~,-csi,,eh.ss8recyc4s"zuen,.ulvdpllxoieetcKtessEa.du,ulgnereolpsaseud,nambpvsetbireosahreilirnaoergmtssarrses-,s,,,, | |||
seurs, carrossiers, travailleurs des transports, employés, etc. | |||
SS8 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE | |||
internationaux ouvriers et socialistes se sont réunis dans différentes | |||
capitales; mais ces assemblées passionnées et souvent tumultueuses, | |||
dans lesquelles l'élément politique s'est toujours trouvé mêlé à l'élément | |||
professionnel, paraissent peu propres à créer une organisation | |||
internationale permanente d'un caractère vraiment syndical. Des | |||
efforts faits depuis 1901 pour réunir des délégués nationaux en conférences | |||
internationales périodiques ne semblent pas avoir donné de | |||
résultats. | |||
Si les efforts de la classe ouvrière pour former des fédérations | |||
internationales n'ont pas mieux réussi jusqu'à présent, il ne faut pas | |||
attribuer cet insuccès aux rivalités nationales, ni aux lois restrictives | |||
de diSérents États européens. La véritable cause est interne; elle | |||
réside dans la faiblesse actuelle de la plupart des organisations nationales. | |||
Il en est des syndicats ouvriers comme des sociétés coopératives | |||
le mouvement, pour être fort, doit partir d'en bas, et l'édifice | |||
ne peut se couronner par de vastes fédérations que s'il s'appuie sur | |||
des groupes locaux solidement constitués. Les fédérations internationales | |||
restent en l'air, tant qu'elles ne se relient pas à des fédérations | |||
nationales puissantes, pourvues des organes permanents indispensables, | |||
disposant de ressources abondantes, capables de faire | |||
elles-mêmes les principaux sacrifices et d'imposer le respect de leurs | |||
règlements dans les grèves de leurs propres membres. | |||
Tandis que les salariés s'organisaient pour obtenir des salaires plus | |||
élevés et des journées plus courtes, les patrons recouraient eux-mêmes | |||
à l'association pour la défense de leurs intérêts comme employeurs. | |||
Toutefois, le mouvement a été moins rapide et moins net de leur | |||
côté. Il a toujours été plus facile aux entrepreneurs, qui sont en | |||
petit nombre, de former entre eux des coalitions tacites contre les | |||
prétentions de leurs ouvriers, sans instituer à cet effet des associations | |||
permanentes et publiques. En outre, il a toujours existé de | |||
nombreuses associations patronales d'un caractère plus général; à | |||
toute époque, les entrepreneurs d'une même profession industrielle | |||
ou commerciale, ou de professions diverses, se sont groupés pour | |||
exercer une influence sur la législation, obtenir certains tarifs de | |||
douane ou de transport, provoquer la création de voies de communication, | |||
organiser l'exportation, protéger la propriété industrielle, | |||
pratiquer l'assurance et prévenir les accidents, etc. Ces sociétés | |||
devaient naturellement, à l'occasion, se transformer en groupes de | |||
résistance. Des patrons habitués à se rencontrer dans une association | |||
déjà existante, fût-ce pour un autre objet, arrivent facilement à | |||
LES UNIONS PROFESSIONNELLES SS9 | |||
csDr''neee,Fnnswt.ei~»ln.idstrees ceinrcuclaesntdc,e ceotnfdlni'ut nmecnoamçamnutn ouacdcéocrld-a1 réonaveecxclleuut rsdeesmpaltoelyiéesrs. | |||
les promoteurs des coalitions ouvrières. Une maison est-elle mise | |||
à l'index? Les autres lui prêtent leur concours pour l'aider à exécuter | |||
ses contrats de livraison; bien plus, elles épousent sa cause, et | |||
ferment leurs portes toutes ensemble pour déjouer la manoeuvre de | |||
la grève par échelons. | |||
Mais à côté de ces associations industrielles et commerciales d'un | |||
caractère général, les patrons ont fondé aussi des ligues et syndicats | |||
plus spécialement adaptés à la lutte ou à l'entretien de rapports | |||
réguliers avec leurs ouvriers. L'organisation patronale est la contrepartie | |||
nécessaire de l'organisation ouvrière; c'est donc dans les pays | |||
où les unions ouvrières sont les plus fortes, comme l'Angleterre, | |||
que se rencontrent aussi les ligues patronales les mieux constituées. | |||
Aux États-Unis, certaines associations patronales dictent leurs conditions | |||
aux ouvriers et détiennent le service du placement*. En | |||
Allemagne, les 6~?'K<'Am(M~er6c!H< allouent des indemnités aux | |||
maisons atteintes par une grève, et décrètent au besoin le lock-out. | |||
En France, des syndicats mixtes, comprenant à la fois des patrons | |||
et ouvriers d'une industrie régionale, ont été créés, sous l'influence | |||
des idées religieuses, dans le but de prévenir les antagonismes | |||
et de réaliser l'union des classes par une association commune | |||
Mais ces syndicats semblent être plutôt des oeuvres de patronage | |||
et d'assistance mutuelle que des cadres professionnels permettant | |||
aux ouvriers de débattre leurs intérêts avec les patrons sur un pied | |||
d'équilibre, et de conclure des accords collectifs sur les questions de | |||
salaires et de travail. Le mouvement est d'ailleurs limité et en décroissance. | |||
Quant aux syndicats ouvriers dits indépendants, ou syndicats | |||
jaunes, qui s'élèvent dans certaines régions industrielles contre les | |||
unions ouvrières combatives, il est parfois difficile d'en apprécier | |||
exactement le caractère. Certains d'entre eux paraissent n'être que | |||
des créations artificielles, des contre-syndicats suscités et subventionnés | |||
par les patrons pour faire échec aux véritables syndicats | |||
ouvriers telle est, dit-on, en Angleterre, la 7~-ee /,a6oM)~~Mocts~oM, | |||
dont la véritable fonction consisterait à rassembler des éléments | |||
flottants sur le marché du travail pour les diriger vers les maisons | |||
auxt. NWfiaU~-oUag~hMby,M, Luesséeasssoocciaial,tiMonésmpoaitrreosn, aselepst. pi9o0uSr .les relations avec le travail | |||
2. Boissard, L<-syndicat mixte, Rousseau, 1897,in-S°. | |||
360 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'EVOLUTION ECONOMIQUE | |||
victimes d'une grève'. Si l'organisation est factice et sans racines | |||
dans la classe ouvrière, elle ne peut être de longue durée. Sans doute, | |||
des associations indépendantes qui se forment en dehors de la fédération | |||
ouvrière la plus militante et ne veulent pas s'y inféoder | |||
peuvent avoir néanmoins un caractère réellement ouvrier; en Allemagne, | |||
en Belgique et ailleurs, les syndicats ouvriers se divisent en | |||
plusieurs courants et n'obéissent pas tous à un même mot d'ordre. | |||
Ils représentent tous cependant les vrais intérêts ouvriers, et savent, | |||
dans les circonstances graves où ces intérêts sont engagés, marcher | |||
à l'unisson; ils suivent une marche parallèle sur les questions professionnelles | |||
aucun d'eux ne consentirait à fournir des remplaçants | |||
pour faire échouer une grève entreprise par une organisation rivale. | |||
Ainsi, dans la grande grève des mineurs de Westphalie en 190S, | |||
tous les syndicats ouvriers, aussi bien chrétiens et libéraux que | |||
socialistes, ont marché d'accord. L'épreuve est décisive, et permet de | |||
distinguer les véritables syndicats ouvriers indépendants des organes | |||
qui sont alimentés pour trahir la cause ouvrière. | |||
Bien que l'appareil des unions et fédérations ouvrières se présente | |||
sous un aspect déjà imposant, il est encore de création trop récente | |||
dans la plupart des pays pour ne pas avoir ses faiblesses. | |||
Certaines catégories importantes de salariés échappent à peu près | |||
complètement à l'action syndicale. Les simples manoeuvres, les | |||
déchargeurs et les matelots, malgré la modicité de leurs ressources, | |||
commencent à entrer dans le mouvement; mais les femmes, les | |||
ouvriers à domicile et les ouvriers agricoles y sont restés généralement | |||
étrangers. | |||
Pour les femmes, il est rare qu'elles forment des syndicats distincts, | |||
ou même qu'elles entrent dans les syndicats ouvriers; en | |||
dehors des syndicats de l'industrie textile, où elles figurent d'ailleurs | |||
en nombre relativement restreint, même en Angleterre, leur participation | |||
est assez faible. | |||
Chez les travailleurs à domicile, les unions sont également difficiles | |||
à constituer, à cause de leur faiblesse et de leur dispersion. On | |||
cite bien quelques grèves parmi les tailleurs des grandes villes, et | |||
même chez certains ouvriers disséminés à la campagne tels que les | |||
rubaniers de la région de Saint-Étienne mais les associations | |||
fortes et durables, comme celle des ouvriers gantiers de Bruxelles, | |||
sont infiniment rares dans l'industrie à domicile. | |||
Pour des raisons analogues, les ouvriers agricoles sont encore | |||
1. P. Mantoux et M. Alfassa, La crise du trade-unionisme, p. i94 et s., | |||
Rousseau, 1903,m-8". | |||
LES UNIONS PROFESSIONNELLES 36! | |||
inorganisés. Les domestiques il L'année, logés et nourris à la ferme, | |||
vivant rapproches de leur employeur, dans une situation à la fois | |||
stable et dépendante, n'ont ni le moyen, ni généralement la pensée | |||
de s'associer pour défendre leurs intérêts collectifs; et les journaliers | |||
eux-mêmes n'ont guère l'occasion de se réunir par grandes masses | |||
et de se concerter. En France, les jardiniers, les bûcherons et les | |||
ouvriers de la viticulture sont les seuls qui aient tenté de se grouper | |||
encore l'initiative est-elle partie des Bourses du travail urbaines, | |||
tant pour l'organisation des ouvriers vignerons du Languedoc que | |||
pour celle des bûcherons du Cher depuis 1899. Des grèves morcelées, | |||
dues à l'insuffisance des salaires, ont éclaté chez les bûcherons en 1891, | |||
chez les vignerons en 1903-1904; dans les deux cas, grèves et syndicats | |||
n'ont été possibles qu'à cause de l'existence indépendante de | |||
ces ouvriers et de la nature particulière de leur travail, qui les | |||
réunit par groupes sur les lieux d'opération et d'embauchage'. En | |||
Angleterre, où la grande culture capitaliste semble offrir des conditions | |||
favorables à l'association des salariés, les unions d'ouvriers | |||
agricoles, après un développement éphémère provoqué par l'ardente | |||
propagande de Joseph Arch, sont tombées dans le néant (1 800 membres | |||
en 1900). Il faut un régime de la propriété foncière bien oppressif, | |||
et des souffrances bien vives chez les travailleurs de la terre pour | |||
qu'une grève éclate parmi eux. Encore la grève ne suppose-t-elle pas | |||
nécessairement l'existence du syndicat. Des deux grandes agitations | |||
agraires qui ont soulevé les journaliers agricoles dans ces dernières | |||
années, celle d'Italie en 1901-1902 et celle de la Galicie orientale | |||
en 1902, la première seule s'appuyait sur une organisation syndicale | |||
permanente~. | |||
Dans la grande industrie elle-même, les ouvriers syndiqués ne | |||
sont encore qu'une minorité. Cette minorité, il est vrai, peut avoir | |||
une importance prépondérante si elle forme un groupe cohérent, | |||
riche et discipliné. Mais, sur le continent, beaucoup de syndicats ne | |||
sont guère qu'un assemblage d'éléments instables autour d'un noyau | |||
1. Ro.Nin, Les bitcherons du C/ e~ de la A'Mt~'e,leurs M/~tM~s, [mp. du | |||
Mouvement socialiste, 1903,in-S". Augé-Laribé, Les OMMr!e)'e la c:<cMMM'e | |||
~a~K~octMne e<leurs syndicale, Muséesocial, Mémoires,nov. 1903et déc. 1904, | |||
et Annales, fév. 1904,p. 39 et s. | |||
2. H-Bcker,Les grèves des OMM':eta'~gricoles en Galicie, Mouvementsocialiste, | |||
1M5usseépetS. o1c9ia0l2,.MémGohiiroe,s,Lfeésvd. et9rn0i3è.re–s <Dae~H'<oMcqMu!gangyr,a'Mire~sMdeaesn<s pl'rlelaMlisededupayNsnarnds,, | |||
p. 5Get ch. vt, Rousseau, 1904,in-12. –Au Congrèsde Bologneen i90t se trouvaient | |||
représentées 704 ligues comprenant iMOM membres; en I90t, ces ligues | |||
paraissaient sommeiller, sauf dans quelques provinces. Il s'est formé aussi des | |||
ligues catholiques de paysans. | |||
262 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE | |||
d'hommes fidèles et dévoués, une union précaire et dénuée de ressources | |||
plutôt qu'une corporation solidement assise; il y manque | |||
l'esprit de discipline et de solidarité, la pratique des hautes cotisations | |||
régulièrement acquittées, les méthodes d'administration qui | |||
ont porté si haut la puissance des unions anglaises. | |||
Ces lacunes et ces faiblesses ne peuvent être contestées; mais elles | |||
sont inévitables dans un mouvement qui est encore à ses débuts | |||
partout ailleurs qu'en Angleterre; et s'il y a lieu de s'étonner, c'est | |||
plutôt de la force qu'il a prise si rapidement que des infirmités | |||
qui l'accompagnent. Au point de vue du nombre, la croissance des | |||
syndicats ouvriers a pris une allure accélérée depuis une vingtaine | |||
d'années. Entre 1890 et 1904, le nombre des ouvriers syndiqués a | |||
passé, en chiffres ronds, de 1 million et demi à 2 millions en Angleterre, | |||
de 140000 à 800000 en France, de 350 000 à 1SOOOOOen | |||
Allemagne, de 800000 à 2000 000 aux États-Unis; et si nous possédions | |||
des chiffres pour l'Australasie et le Danemark, la progression | |||
nous y apparaîtrait sans doute aussi forte. Dans certaines professions, | |||
industrie houillère, typographie et quelques autres, les associations | |||
ouvrières s'étendent à la majorité, ou même, en Angleterre | |||
et aux États-Unis, à l'ensemble des ouvriers de la profession. | |||
Au point de vue des méthodes administratives et financières, il | |||
semble aussi que l'exemple des unions anglaises commence à porter | |||
ses fruits. Certains syndicats, en Allemagne, en Belgique et en | |||
France, ont senti la nécessité de fortifier l'autorité du comité central, | |||
et d'assurer la continuité de la direction en rétribuant convenablement | |||
leurs agents et en prolongeant leurs pouvoirs. Ils se rendent | |||
compte, en même temps, que c'est par des cotisations élevées, donnant | |||
droit à des allocations de chômage et de maladie, qu'un syndicat | |||
parvient le mieux à retenir ses membres et à grossir leur nombre. | |||
Les unions américaines sont largement entrées dans cette voie | |||
depuis 1880; ainsi les unions des typographes, des cigariers, des | |||
machinistes et chauffeurs, dépensent ensemble 5 millions de francs | |||
par an pour les secours. Les syndicats socialistes allemands ont | |||
presque tous haussé leur cotisation depuis une dizaine d'années, et | |||
ils affectent aujourd'hui plus du tiers de leurs ressources a l'assistance | |||
mutuelle. Les syndicats autrichiens distribuent, de leur côté, | |||
des secours de chômage importants. En France, les caisses de | |||
secours syndicales, encore médiocrement alimentées, il est vrai, sontt | |||
assez nombreuses dans certaines professions telles que la typographie, | |||
l'industrie des métaux et celle du vêtement. Les mineurs | |||
belges n'ont pu reconstituer leurs syndicats en décadence qu'en | |||
LES UNIONSPROFESSIONNELLES M3 | |||
majorant la cotisation; la tendance en Belgique est de donner aux | |||
unions ouvrières, comme en Angleterre, la double fonction de résistance | |||
et de mutualité; là où jadis on ne parvenait plus même à | |||
recouvrer des cotisations de cinq ou dix centimes par mois, on | |||
perçoit aujourd'hui sans difficulté des contributions mensuelles de | |||
1 franc, 2 francs et même plus. La hausse des salaires, qui parait | |||
être la conséquence naturelle des progrès de la production dans la | |||
grande industrie mécanique, permet aux associations ouvrières | |||
d'exiger de leurs membres des impositions d'une importance croissante | |||
et par un effet en retour, l'accroissement de leurs ressources | |||
permet aux syndicats d'accélérer le mouvement de hausse des | |||
salaires. | |||
Ainsi donc, dans tous les pays industriels, les syndicats ouvriers | |||
parcourent les mêmes étapes que l'unionisme anglais. Le monde du | |||
travail tend partout à s'organiser et à prendre une conscience collective | |||
le courant est universel, irrésistible, il surmonte tous les obstacles, | |||
non seulement la faible digue des restrictions légales ou des | |||
tracasseries judiciaires, mais même l'entrave autrement sérieuse des | |||
antagonismes politiques, religieux et nationaux. A un phénomène | |||
aussi général doit correspondre une cause également générale | |||
d'ordre économique; cette cause ne peut être que la transformation | |||
industrielle subie par les pays civilisés dans le cours du xix" siècle. | |||
Serait-ce donc, comme on l'a maintes fois répété, la machine qui | |||
aurait créé cet état de choses? Il est incontestable que la machine y | |||
a beaucoup contribué, en précipitant la concentration des masses | |||
ouvrières autour des moteurs mécaniques. Par ailleurs, le machinisme | |||
a exercé une influence profonde sur l'esprit des associations | |||
ouvrières. En révolutionnant les anciennes formes de la production, | |||
et en ouvrant l'accès des métiers aux faibles et aux ouvriers non | |||
exercés, le machinisme, partout où il a dominé le travail, a ruiné | |||
les antiques prétentions des corporations ouvrières au monopole de | |||
leur métier. Les traces de l'ancien esprit particulariste, les exigences | |||
relatives à la limitation des apprentis, l'hostilité contre les machines, | |||
les conflits avec d'autres associations ouvrières au sujet du droit au | |||
métier, n'apparaissent plus que dans les professions où la machine | |||
n'a pas encore accompli son oeuvre révolutionnaire. | |||
Mais, en y regardant de plus près, les meilleurs observateurs ont | |||
reconnu que la concentration des forces ouvrières était moins une | |||
conséquence du machinisme en particulier que du régime capitaliste | |||
dans son ensemble. | |||
Le capitalisme, en détruisant le régime du petit atelier et en | |||
264 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE | |||
agglomérant les travailleurs dans les manufactures dès avant l'introduction | |||
du machinisme, a disjoint les éléments réunis dans la | |||
corporation d'autrefois, et opposé aux chefs d'industrie une armée | |||
sans cesse grossissante de travailleurs salariés, destinés à rester | |||
tels, et conscients de leurs intérêts de classe. Est-ce nécessairement | |||
la guerre de classes qui doit sortir de cette division? C'est une question | |||
à réserver; mais il résulte au moins de cet état de fait une oppo | |||
sition d'intérêts qui détermine des groupements séparés. | |||
En même temps que les entreprises se concentraient, les obstacles à | |||
la concurrence intérieure et extérieure disparaissaient ou s'abaissaient | |||
par l'abolition des règles restrictives du système corporatif, par la | |||
suppression des douanes intérieures et- la réduction des droits prohibitifs, | |||
et surtout par le progrès des transports. Sous la pression d'une | |||
concurrence sans frein, et vis-à-vis d'une clientèle toujours en quête | |||
des prix les plus bas, les chefs d'industrie ont dû peser sur les | |||
salaires, dans des conditions d'autant plus fâcheuses pour les travailleurs | |||
que des perfectionnements mécaniques incessants soumettaient | |||
les ouvriers de métier à la concurrence des travailleurs faibles et sans | |||
apprentissage. | |||
Ainsi les deux facteurs nouveaux de la société économique, concentration | |||
et concurrence, agissaient dans le même sens pour provoquer | |||
la formation des associations ouvrières, puisqu'ils avaient ce | |||
double effet de faciliter l'entente des salariés en les réunissant par | |||
masses, et de rendre cette entente plus nécessaire que jamais pour la | |||
défense de leur étalon de vie menacé par la concurrence. | |||
Par le fait de cette évolution économique, l'individualisme atomique | |||
a fait son temps; l'isolement individuel a dû cesser en même | |||
temps que la pulvérisation des entreprises; la centralisation industrielle | |||
appelait nécessairement la coalition ouvrière. Dans un état | |||
développé de la grande industrie, la position est trop inégale pour | |||
l'ouvrier isolé vis-à-vis du patron; les parties en présence, dans la | |||
discussion du salaire et des autres clauses du contrat, sont en réalité | |||
le capital et le travail non pas le patron et son ouvrier, non pas | |||
même un patron et l'ensemble de ses ouvriers, mais plutôt l'ensemble | |||
des patrons d'une même industrie régionale ou nationale et l'ensemble | |||
des ouvriers de la profession. | |||
Plus les marchés s'élargissent par le progrès des communications, | |||
plus s'étendent les rapports de concurrence et les connexités industrielles, | |||
et plus s'impose aux salariés la nécessité d'agrandir la sphère | |||
de leurs unions pour suivre le mouvement d'extension des solidarités | |||
économiques. Aussi voit-on les syndicats locaux s'amalgamer, se | |||
LES UNIONS PROFESSIONNELLES 2&S | |||
-r-eT!lier aux s~y1.tn. dicats d_1e- _m_t.éa~tiers connexes ou d.3':i7n.s.dustries dtailCfdf.éx.rentes, | |||
se former en fédérations régionales et nationales, et même ébaucher | |||
aujourd'hui des fédérations internationales. | |||
C'est au prix de luttes douloureuses et d'efforts incessants que la | |||
classe ouvrière parvient à réaliser les formes de concentration qui | |||
sont en harmonie avec le développement industriel. Le malaise dont | |||
souffrent les États modernes tient en grande partie à la survivance | |||
des rapports individuels de l'ancien régime économique, qui sont | |||
incompatibles avec l'état nouveau de la grande industrie moderne. | |||
Car l'évolution capitaliste des entreprises précède toujours celle des | |||
unions professionnelles; l'adaptation ne se fait qu'à la longue, et les | |||
métamorphoses se suivent à distance dans les deux séries. | |||
Lorsque la production capitaliste s'établit dans un pays, elle | |||
trouve en face d'elle une population ouvrière généralement. ignorante | |||
et complètement inorganisée. Le travail subit alors toutes | |||
les capitulations que le capital lui impose, jusqu'à l'extrême limite | |||
d'un minimum nécessaire à l'entretien de la vie physiologique. De | |||
loin en loin, dans ces milieux de prolétaires misérables agglomérés sur | |||
un même point par les nouvelles formes de la production, des grèves | |||
éclatent, soulèvements spasmodiques, révoltes de la faim marquées | |||
par des attentats sanglants, réprimées par la violence et suivies d'affaissements | |||
plus profonds. | |||
Tel, en Angleterre, avant l'abrogation des lois contre les coalitions | |||
en 1824-182S, et même jusqu'en 1842, l'état insurrectionnel de la | |||
classe ouvrière réduite à la misère par un capitalisme sans contrepoids. | |||
Conspirations, meurtres, bris de machines, terrorisme des | |||
sociétés secrètes, répression aussi impuissante qu'impitoyable, ce fut | |||
vraiment pour l'Angleterre une période d'anarchie sociale, résultant | |||
d'un désaccord prolongé entre l'état centralisé de l'industrie et | |||
l'état inorganique des classes ouvrières abandonnées par la législation | |||
les ouvriers étaient restés, suivant les expressions de M. et | |||
M" Webb, « les serfs batailleurs à demi émancipés de 1823 ))~. | |||
De cette décomposition primitive devait sortir, en Angleterre, l'ordre | |||
unioniste contemporain; mais, aujourd'hui encore, nous retrouvons | |||
les mêmes traits dans les insurrections anarchistes delà Catalogne, | |||
et, à certains égards, dans les séditions agraires de l'Ukraine et de | |||
la Sicile. | |||
Lorsque les associations ouvrières commencent à se former, elles | |||
i. Sidneyet Beatrice Webb, Histoire du trade-unionisme, trad. Metm, p. t57, | |||
Giard, )897, in-8". | |||
266 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE | |||
ont une tendance, dans beaucoup de pays, à comprendre tous les | |||
salariés sans distinction de métier, et à poursuivre des fins idéalistes | |||
de transformation sociale. Il en fut ainsi, en Angleterre, de l'Association | |||
nationale de '1830 et de la <??'aK<i! ~Vct~MMs~Tt'ad'M-~MMM, | |||
fondée en 1834 sous l'influence de Robert Owen; ainsi encore du | |||
CeM~AM/M/~s&MH~crée à Berlin en 1868 par Schweitzer, et même, | |||
à une époque plus récente, de l'Ordre des Chevaliers du travail | |||
aux États-Unis. Les associations ouvrières ne tardent pas d'ailleurs | |||
à s'établir sur la base plus solide du métier, dans le but de défendre | |||
leurs intérêts professionnels; mais longtemps encore le mouvement | |||
syndical reste lié au mouvement politique, sans être considéré comme | |||
ayant sa fin propre et indépendante. | |||
Longues et difficiles sont ensuite les étapes à parcourir avant d'arriver | |||
ii une coordination durable des forces individuelles. A ses | |||
débuts, dans une population ouvrière amorphe et dénuée de l'esprit | |||
.de solidarité, le syndicat se confond presque avec la coalition éphémère | |||
de la grève; c'est une ébauche d'association, groupe instable | |||
qui se gonne au moment de la lutte pour se réduire aussitôt après à | |||
un mince noyau d'adhérents fidèles, sans fonds de caisse alimenté | |||
par des cotisations sufnsantes et régulières. II est toujours possible | |||
de provoquer, par des paroles ardentes, un mouvement convulsif | |||
chez des hommes qui souffrent; un concert permanent, impliquant | |||
des sacrifices à longue portée, ne peut être que le fruit d'une éducation | |||
prolongée. | |||
Tant que les associations ouvrières sont aussi faibles, les relations | |||
entre employeurs et salariés restent nécessairement individuelles. | |||
Les patrons, dont l'éducation économique est aussi incomplète que | |||
celle de leurs ouvriers, sont imbus de l'idée que toute intervention | |||
du syndicat dans la discussion des salaires serait une usurpation sur | |||
leurs pouvoirs de direction et une atteinte intolérable à leur autorité. | |||
D'ailleurs, le syndicat n'est encore qu'une minorité de militants ou | |||
une agglomération passagère, menée par des hommes remuants et | |||
énergiques, mais souvent exaltés par les souffrances et les rancunes, | |||
ignorants des conditions industrielles, parfois même étrangers à la | |||
profession, à cause de l'ostracisme dont les chefs d'établissement | |||
frappent les ouvriers coupables d'une initiative syndicale. Les | |||
patrons refusent donc de reconnaître le syndicat et d'entrer en pourparlers | |||
avec ses délégués ils s'obstinent dans leur prétention de ne | |||
discuter qu'avec leurs ouvriers pris individuellement; ils luttent | |||
pour briser le syndicat, excluant les chefs de leurs ateliers, organisant | |||
contre eux le boycottage des listes noires, obligeant même | |||
LES UNIONSPROFESSIONNELLES 267 | |||
parfois leurs ouvriers à se démettre de l'association. Comme ils ne | |||
rencontrent pas de résistance sérieuse dans leur personnel, ils ne | |||
savent réduire les frais qu'aux dépens de la main-d'oeuvre. Nuleffort | |||
pour sortir de la routine et renouveler l'outillage; l'exploitation des | |||
forces de travail à bon marche permet de soutenir la concurrence | |||
sans s'imposer les frais d'un matériel perfectionné. | |||
A cette phase du mouvement ouvrier, la résistance à la pression | |||
patronale affecte volontiers la forme sournoise du «bousillâmes ou | |||
«sabotage » individuel; et lorsqu'elle se traduit par un soulèvement | |||
collectif, la grève, sans être nécessairement violente et insurrectionnelle, | |||
reste encore tumultueuse et chaotique. Au lieu d'être décidée | |||
après mûre réflexion par les syndicats, elle éclate d'une façon impulsive, | |||
et se propage par entraînement ou par crainte devant les | |||
injonctions de bandes anonymes. Les grévistes ne savent ni choisir | |||
le moment où les circonstances économiques sont favorables, ni présenter | |||
un programme de revendications précises. De leur côté, les | |||
patrons luttent isolément, et tentent d'obtenir la reprise du travail | |||
par des concessions individuelles. Satisfait d'un avantage souvent | |||
apparent, le personnel d'un établissement cesse la grève, sans songer | |||
à stipuler des garanties pour l'observation des conditions mal définies | |||
qui lui sont faites verbalement, tandis que les autres ouvriers de la | |||
même industrie, affaiblis par cette défection ou entrés plus tard dans | |||
la lutte, sont obligés de se soumettre sans conditions. Dans ces mouvements | |||
spontanés, nulle pensée directrice et nul plan d'ensemble | |||
des chefs improvisés, incapables d'imposer une ligne uniforme, un | |||
plan raisonné d'attaque et de défense, doivent céder aux mouvements | |||
irréfléchis de la foule. Aussi les quelques avantages qui ont pu être | |||
obtenus par surprise s'émiettent-ils au jour le jour sous l'action de | |||
la concurrence que les travailleurs se font a eux-mêmes, lorsque la | |||
période de fièvre est passée les grèves partielles se multiplient et se | |||
renouvellent à bref délai, perpétuant l'état d'instabilité dans lequel | |||
se débat l'industrie à cette phase d'associations rudimentaires. | |||
C'est l'histoire des rapports du capital et du travail dans la plupart | |||
des métiers de l'Europe continentale. Cette période chaotique a | |||
pu prendre fin dans les pays dont l'évolution industrielle est la plus | |||
avancée; elle est moins prolongée chez certains peuples que chez. | |||
d'autres, grâce à des qualités de race particulières et à diverses circonstances; | |||
mais aucun peuple ne peut la franchir sans s'y arrêter, parce | |||
que nulle population ouvrière ne peut passer brusquement de la | |||
misère et de l'abaissement a la maturité. Il faut que le syndicat sorte | |||
de la grève et se fortifie par de longues épreuves, avant de devenir | |||
368 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE | |||
l'union résistante qui représente réellement le travail vis-à-vis du | |||
capital. | |||
Lorsque les associations ouvrières sont puissantes par le nombre | |||
de leurs adhérents, la permanence de leur personnel et l'ampleur de | |||
leurs ressources, elles n'ont plus besoin de lutter pour l'existence, | |||
et savent se faire reconnaître comme une représentation sérieuse | |||
et durable des travailleurs. Sous la direction de chefs expérimentés, | |||
exactement renseignés sur l'état du marché et soucieux de leur responsabilité, | |||
hostiles à toute aventure dans laquelle les fonds sociaux | |||
seraient inutilement compromis, les associations n'engagent la lutte | |||
qu'à bon escient. Les statuts d'un syndicat national centralisé ne | |||
permettent une grève locale que si elle a été autorisée par le comité | |||
central, après épuisement des moyens ordinaires de conciliation. Les | |||
grèves sont donc plus rares et plus pacifiques; mais elles sont aussi | |||
plus étendues et plus prolongées, se propageant chez tous les ouvriers | |||
d'une môme industrie et des industries connexes, et se poursuivant | |||
pendant de longues périodes grâce aux ressources considérables des | |||
deux parties 1. | |||
Vis-à-vis des unions ouvrières, les patrons doivent à leur tour | |||
constituer des associations de même nature. Entre les deux groupes | |||
peuvent alors intervenir des accords, de véritables traités réglant | |||
pour l'avenir les conditions du travail. D'abord conclues par des | |||
négociateurs improvisés ou des arbitres de circonstance pour prévenir | |||
un conflit menaçant ou terminer une grève, ces conventions | |||
finissent par entrer dans la pratique courante de l'industrie. Des | |||
organes permanents, des comités mixtes ou séparés, composés de | |||
délégués des deux parties, sont établis pour débattre et arrêter, | |||
avant toute cessation de travail, les clauses du contrat; parfois même, | |||
un arbitre est désigné li l'avance pour le cas où les plénipotentiaires | |||
siégeant dans le comité ne parviendraient pas à s'entendre. Le contrat, | |||
valable pour tous les établissements d'une même industrie | |||
dans une région déterminée, porte non seulement sur les salaires, | |||
mais sur la durée du travail et les conditions accessoires de sa prestation. | |||
Il établit des tarifs minima de salaires au temps et aux pièces | |||
I. La grève des mécaniciens anglais en tS97-98a dure 7 mois; elle a fait chômer | |||
plus de )00000 ouvriers, et coûté II millions de francs aux caisses des unions. La | |||
~smMPr'eeliausnvttseesis-meUduêednrmss'iasdegn,oértcohètekvnrnaeetcdrsasiuttdeedteee&ianLmt4ofi2annd2iedte0urs0ercss0phoreôaounmnpvgoe)rtSirraet8iirHso8sn.ae7ostv0nasa0tiet0émdtcmuéborilnénaacebu4eulsrersmnssié;oceeiltosannvias/gi2irrddo.èéunvCrreaeé1br8dlt50eaesi0nm;0iec90ose0tigrls2la.revèdCvadaieelneslllse,eiu8alrdu9esesx3. | |||
WestphaUeen t903 a fait chômerpendant Ssemaines19a000mineurs sur2C8000 | |||
LES UNIONS PROFESSIONNELLES 269 | |||
communs à toute L'industrie, ou des tarifs types destinés à servir | |||
de base aux conventions particulières des groupes locaux. 11fixe la | |||
période de validité, prévoit les délais de dénonciation, et remet à des | |||
experts-arbitres le soin de trancher les difficultés d'application et | |||
d'interprétation qui pourraient provoquer des contestations individuelles | |||
ou collectives pendant la période d'exécution. Enfin il interdit, | |||
bien entendu, l'emploi de travailleurs quelconques, même non | |||
syndiqués, dans des conditions inférieures à celles de la convention, | |||
et il établit des garanties d'exécution particulières, telles que | |||
ledépôt d'une somme d'argent qui répond de l'observation des engagements | |||
réciproques. | |||
Tel est le contrat de travail collectif, par opposition au contrat | |||
individuel. C'est le seul mode de relations entre employeurs et salariés | |||
qui soit en harmonie avec les nouvelles formes de la production | |||
capitaliste, et qui résolve les contradictions inhérentes au contrat | |||
individuel dans un régime de grande production. Aux salariés, il | |||
permet de traiter sur le pied d'égalité avec les acheteurs de leur forc& | |||
de travail, comme pourraient le faire des vendeurs de matières premières. | |||
Au lieu que leur faculté intégrale de travail et leur personnalité | |||
tout entière soient livrées à la discrétion de l'employeur par | |||
l'imprécision d'un accord verbal et individuel, les prestations de | |||
services qu'ils s'engagent à fournir en échange d'un salaire déterminé | |||
sont limitées par les clauses précises du contrat collectif. | |||
Aux chefs d'entreprise, ce régime assure des conditions stables pendant | |||
la durée d'application du contrat, et confère les plus solides | |||
garanties contre les malfaçons volontaires et les grèves inopinées. | |||
Aux uns et aux autres, il fixe une règle commune qui s'applique à | |||
toute l'industrie, et donne un moyen de défense contre les rabais de | |||
la concurrence. | |||
Un régime contractuel aussi régulier suppose nécessairement une | |||
organisation corporative très forte, aussi bien du côté des patrons | |||
que des ouvriers. Car il faut que les unions soient assez riches pour | |||
répondre sur leur caisse de l'exécution du contrat; il faut surtout | |||
que les représentants des parties aient assez d'autorité, chacun dans | |||
leur groupe, pour imposer à tous les membres de la profession, | |||
syndiqués et même non syndiqués, l'observation des décisions prises | |||
et le respect des conventions arrêtées. | |||
A cet égard, l'arrangement direct entre les parties est bien supérieur | |||
à l'arbitrage. Les décisions d'un arbitre de circonstance ou | |||
d'une cour d'arbitrage officielle ne sauraient avoir qu'une autorité | |||
purement morale, à la merci du caprice des intéressés, sous la seule270 | |||
LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE | |||
.saarn_ction de l'opinion publique. La conciliation elle-même n'est réellement | |||
efficace que dans certaines conditions. Des comités officiels | |||
de conciliation qui se bornent à rapprocher les parties, et même des | |||
comités mixtes qui émanent d'elles, mais sont élus au cours d'un | |||
conflit par la foule inorganisée, ne sauraient jouer le même rôle ni | |||
edxesercaesrsoclaiatmioênms e apuattororintéalesqueetdeosuvcroimèrietsés ppueirsmsaamnemnetsn,t dcéolnégstuitéuséesp.ar | |||
Il faut que le syndicat patronal représente la majorité des intérêts | |||
dpaetsronoauuvxri.ers Il dfaeutla aupsrosifesqsuioen,l'unieotn quo'eulvlerièraeit caosmsepzrendneeforlcae,mpaajorristées | |||
lopefosfuicrpeastcroodnnetsrpôllaeectreomueevfnrftii,ecrascesme«secnsôtetcooylueersusrsemdeb»arorueucshtteeangteest csaepsinadbcilaveissidseudseelsd.perocpThoaôsnmetragqeou,ue | |||
.ttpdrièoosuAnarcuvcssuaesyevpinatdennirdcc''éeaadeslneetsc-s,eielclnlaeoanpnepdpaeirrtanittoetdirnnqaéasuteenet dddaeednutscàraecvsolalneairstloraugmtainrgoeafenécusrdorielselueccroeqtriispufnoedrueaàssctttihrcfeiseiezml.lepdsqoeussdLsi ie'bpAfloolneapn'g.utlcleaotdteniérovrsneeosn,r-- | |||
-cMmc'eoa.sEmitMsnituécsnhpAdeanzreptgieilelareemltleearednrneeeq,nu1stes8a6d3lca'o,idnnnesdsstatciintotulusnettisciooilnlanimabtiéootninaensroesptceeriraitsileoedù,unadceilesesosstnaNtnrolucaetetntiinopgcnaophyslaaslrmec.ptdlia'f'iétnrloiedtncieataitlotiervnsaevaidldeeets | |||
ouvrières sont fortes, nul ne peut exercer une profession s'il ne se | |||
soumet à la règle commune établie par contrat; il y a même des | |||
idnedsusoturiversiers,oùonlets aussneioznsd'emoupvirreièrepso,ur coexmcplurerenandtu ml'éimtiemrentoseut minadjiovriidtéu | |||
qui n'adhère pas à l'union ou n'acquitte pas régulièrement ses coti. | |||
ddscouatentiunocrensorsit.eodneCcmhehteéazculaednlsieèisqrteuusoellu,isvteretisela,drsepdnoaadtnveurisireef,eslr'ineledantufdsbeterrrai,els'scaehcriediezeur,lebsemâtmtéimcidna'eanenuuicttr,risee,snsd,laenisnsdcoouulnsvatsrrtiirceeuors-srencore, | |||
c'est le système du contrat collectif qui domine et régit les | |||
rapports du capital et du travail. Dans quelques-unes de ces professssoiaoinensnst, | |||
qiuvleeneuxlisesstel'cehneattrnagfvoeenmrcetinootnsunel'ailntrécéregesrusaalinètrsemenotpérésdepduainss vliengtm-caicnhqinismanes, | |||
~D21g..,SAuLr'trIoh~lnue.dr rcFeoson,ntLrtaaotiDnnceg~o,m~ILclaeyencssti,.f~e1Mn8!9PA7,pn2agrlvteliaoteel,ucrcromehn,eacvspioml.iianr-t8,ipTo'.rhnine,cCiDMpoaleielnetRh,moo1ued8ns9oit7efSr,cbsio,drolnLlceeehcyuteirvtee.BBeaatrrgiacieLES | |||
UNIONS PROFESSIONNELLES 371 i | |||
TL..ens ncll.na,sses -oluvrières so1-nt donc "p,na'nr-vWe'rnt.ues en AA ngle-t7e-rre, dans les | |||
métiers organisés, à conquérir leur indépendance et à faire reconnaitre | |||
leurs droits comme collectivités. Et loin que cette politique ait avivé | |||
la guerre du capital et du travail, elle a contribué au contraire à | |||
écarter bien des causes de conflit. La pratique habituelle du contrat | |||
collectif dans la grande industrie a fait pénétrer la conciliation dans | |||
les moeurs elle a fait naitre des organes qui, s'ils ne peuvent pas | |||
toujours prévenir les conflits, sont du moins à la disposition des | |||
parties pour les résoudre quand ils ont éclaté. Aussi les grèves | |||
décroissent-elles en nombre et en importance globale. Si l'on compare | |||
les moyennes annuelles des périodes 1891-9S et 1901-1904, on | |||
voit le nombre des conflits descendre de 813 à 417, celui des travailleurs | |||
atteints par la grève de 370 000 à 138 000, et celui des journées | |||
de chômage de 14 millions à 3 millions; à la fin de la seconde | |||
période, la dégression est encore plus sensible. Tout au contraire, en | |||
France, les grèves s'accroissent en nombre et en importance totale, | |||
suivant une progression particulièrement rapide dans ces dernières | |||
années. Il n'est pas déraisonnable d'attribuer en grande partie cette | |||
différence à celle des organisations professionnelles | |||
Ce n'est pas à dire qu'en Angleterre même, tout soit parfait dans | |||
les relations entre employeurs et salariés, ni que les unions ouvrières | |||
échappent aux accusations d'adversaires passionnés; il est inévitable | |||
qu'il se produise, a certaines époques de crise ou simplement de | |||
stagnation économique, des retours offensifs de l'ancien esprit | |||
patronal. Mais il faut rendre cette justice à l'unionisme anglais | |||
qu'il remplit virilement sa tâche, avec fermeté et modération, et qu'il | |||
a la gloire de montrer à tous les peuples la voie par laquelle des | |||
classes ouvrières parvenues à un niveau élevé de caractère et de | |||
moralité peuvent réaliser pacifiquement la démocratie industrielle2. | |||
nisme en Angleterre, ch. i et passim, Colin, 1S97,in-M. J. Bruce M"Pherson, | |||
~'o~M~n'yconciliation and a)-&<r<!<tOH:'nGnBMri~tain, Bull. of the Dep. of Lab., | |||
Washington, mai 1900. | |||
1. Voir AnnexeVU, 2°. | |||
2. Il parait difficilede considérer les ouvriers anglais comme des facteurs politiques | |||
sans importance, venant à cet égard bien après les ouvriers de Russie. Tel | |||
cesotmcmepeednedapnettiltes bpoouinrgtedoeisvsuaensdeidMéa.lK, faruatpspitéys,qdueidséecraedpernécseenmteorlaelse oeut vinriteerllseacntugelallies, | |||
employant sottement leurs heures de loisir au football et aux courses, et n'ayant | |||
d'autre objectif que les livres sterling (Kautsky, Be/'o;-me~sociales et révolution | |||
sociale,Mouvementsocialiste, iS octobre j902,p. 1890).Ondevine le motifde cette | |||
antipathie; les ouvriers anglais n'ont pas la consciencerévolutionnaire. La classe | |||
eotuvproièrtreerelna lAunttgelemteêrmreessauitr ploeutretrarnatindépfoelnitdiqreues;esodnroleitsvoqiutabniednialsujsoounrtdm'huéci;onmnauiss, | |||
elle le fait sans se convertir au socialisme révolutionnaire. | |||
873 LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET L'ÉVOLUTION ECONOMIQUE | |||
La méthode du contrat collectif, si largement pratiquée dans la | |||
grande industrie anglaise, reçoit également des applications fréquentes | |||
aux États-Unis depuis quelques années. On la signale notamment | |||
dans la construction des machines et la métallurgie, où le | |||
système d'une échelle mobile des salaires a été essayé dès 1865 dans | |||
les mines, dans l'industrie du b&timent depuis la grève de Chicago | |||
en 1900; dans l'industrie du coton, la verrerie, la cordonnerie mécanique, | |||
etc. En Australie et en Nouvelle Zélande, le régime du | |||
contrat collectif s'est généralisé, sous l'influence des grandes unions | |||
ouvrières et de la législation sur l'arbitrage obligatoire | |||
Mais, dans la plupart des autres pays, le contrat collectif n'a été | |||
pratiqué que d'une façon tout à fait exceptionnelle et incomplète. En | |||
France, on a quelques exemples de conventions établies par l'arbitrage | |||
d'un tiers à l'occasion d'un conflit. Les tullistes de Calais et | |||
les mineurs du Pas-de-Calais ont même, à diverses reprises, conclu | |||
directement des accords avec les représentants des patrons; mais il | |||
n'est pas sorti de ces accords l'institution de comités permanents de | |||
conciliation 3. A l'inverse, les conseils d'usine, que l'on rencontre | |||
dans certains établissements de France, de Belgique, d'Allemagne et | |||
d'Autriche, sont bien des organes fixes de conciliation, des « chambres | |||
d'explication Hcomposées de délégués du patron et des ouvriers | |||
ils ont bien pour fonction d'aplanir les différends individuels, et | |||
même de conclure des accords collectifs pour l'avenir; mais ils sont | |||
particuliers à un établissement, et ne peuvent que difficilement | |||
régler les questions de salaires, parce que les salaires sont liés aux | |||
conditions générales de la concurrence. Quant aux conseils syndicaux | |||
institués dans les syndicats mixtes du Nord et du Pas-de-Calais, ils | |||
ne semblent pas faits pour discuter et conclure des conventions collectives. | |||
En Allemagne, la méthode du contrat collectif s'est introduite | |||
dans quelques industries locales'. Il est môme remarquable que le | |||
1p. 1V0ig12o, 6u5reetusx.., IL.<a:ceoonncceen?t:r<aati<o:nonfd~eMs /Wb)t'Hceo~uogMhbLy'r,t~e'ya'rde&~oHMNf2a~'lMe e?<'t~Mc<e<~MAC'o:&)'<'a<:OK | |||
p. .Ë~cb-tfnM, Colin, 1899,septembreWilloughby,L'arbitrage et la conciliation | |||
aur Ztafs-Unis, Muséesocial, septembre 1!JOj;Lesassociationspatronales pour les | |||
relations avec le <)'aM: aux JE~a~-b'nMM, émoires,sept. 1905. Deux importantes | |||
conventions, conclues en 1S!)9et 1900dans l'industrie sidérurgique et la | |||
constructionmécanique, ont été dénoncéesdepuis lors par les syndicatspatronaux. | |||
2. Office du travail, Métin, Législation OMO)'!efeet sociale en ~[Msh'aKeet | |||
A'OMt'eHf-Ze~n~1f9, 0t, in-S". | |||
3. Officedu travail, Les associations professionnellesOMM':et'et~. ,I, p. 388, et | |||
t. 11,p. 43f et 445. Raynaud, Le contrat collectif de travail, p. 80, Rousseau, | |||
1901,iti-S°. | |||
4. Kulemann, Die Get<jer~cAa/'<x6e!ce~upn.y6,24et s. – Dupin, Du mouvement | |||
LES UNIONS PROFESSIONNELLES 373 | |||
LKSSYSTÈMESSOCïAUSTËS. 18. | |||
Congrès général des CeMe~c&a/'<eH socialistes réuni à Francfort en | |||
1899 a voté une résolution favorable aux conventions établissant des | |||
tarifs communs. | |||
En comparant ces résultats, on est tenté de croire que l'état | |||
d'équilibre et de paix industrielle réalisé par le contrat collectif est | |||
un régime propre aux pays anglo-saxons, et qu'il a peu de chances | |||
de s'acclimater ailleurs. Il est possible, en effet, que le succès des | |||
unions anglaises, américaines et australiennes s'explique en grande | |||
partie par le caractère particulier des ouvriers anglo-saxons. Toutefois, | |||
il faut noter que le pays du continent européen où les associations | |||
ouvrières sont les plus fortes, le Danemark, est celui, dit-on, où | |||
le contrat collectif s'est le mieux établi. Il est également remarquable | |||
que les typographes, dans tous les pays avancés, pratiquent le | |||
système des ententes; ils concluent avec les patrons des accords sur | |||
les tarifs de salaires et les délais de dénonciation, et établissent des | |||
organes permanents de conciliation. Ce n'est pas seulement en | |||
Angleterre et aux États-Unis que les imprimeurs recourent à ces | |||
procédés; c'est aussi en Allemagne, où le tarif commun s'appliquait, | |||
en 1901, dans 3372 maisons employant 34000 ouvriers; c'est encore | |||
en Autriche, en Belgique, et dans une certaine mesure en France'. | |||
Or, les typographes comptent certainement parmi les ouvriers les | |||
plus intelligents, les plus instruits et les mieux payés; presque partout, | |||
leur profession est celle où l'on relève la plus forte proportion | |||
de syndiqués, et leurs corporations sont les plus riches et les mieux | |||
organisées. Ils sont donc, en tout pays, les pionniers de l'idée nouvelle, | |||
et tout porte à croire que le régime qu'ils ont su établir dans | |||
leurs rapports avec le patronat s'étendra, sans distinction de race, | |||
aux diverses couches de la classe ouvrière à mesure qu'elles atteindront | |||
le même niveau de culture. |
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